La victoire du nouvel homme fort d’Abuja fait naitre un espoir chez les populations dans la guerre contre Boko Haram.
Jamais une élection présidentielle n’a autant intéressé les populations de la région de l’Extrême-Nord. Bien avant sa tenue, la majorité de personnes pronostiquaient sur la victoire du candidat Muhammudu Buhari, ce d’autant qu’il est non seulement un candidat du Nord-est du Nigéria où règne en maitre Boko Haram mais en raison de son statut d’homme en tenue. La confirmation de sa victoire a donné lieu à des scènes de liesse un peu partout sur l’ensemble de la région.
A commencer par Kousseri où les populations ont lancé des cris de joie et des youyous au terme de la lecture finale des résultats par la commission électorale nigériane. “Buhari est un chef de guerre au même titre que son homologue tchadien Idriss Deby. Ils sauront faire chorus ensemble pour mieux venir à bout de la secte Boko Haram et de manière efficace“, commente Mahamat, un commerçant de Kousseri.
Dans les rues de la ville, tout le monde était collé à son poste radio ou son téléviseur et après la proclamation du résultat final, c’est chacun qui exultait de joie. La même liesse a été observée un peu partout dans les chefs-lieux de départements de la région. “C’est comme si l’on sortait d’une victoire du Cameroun lors d’un mondial ou d’une coupe d’Afrique.”, indique-t-il.
Pour d’autres, “Goodluck Jonathan a brillé par un laxisme ambiant dans la guerre contre Boko Haram, surtout avec le dernier épisode où il a même congédié l’armée tchadienne de son territoire alors qu’elle a libéré plusieurs villes importantes tenues alors par Boko Haram mais en fin de compte, il a permis à cette secte de les réoccuper. Buhari est un général de guerre et ça nous fait l’affaire, ce d’autant que durant sa campagne il a promis de venir à bout de cette secte. Ce que n’a pas fait son prédécesseur“, ajoute-t-il.
Autre atout à mettre à l’actif du nouvel homme fort d’Abuja, c’est que Muhammudu Buhari a connu tous les soubresauts du Nigeria indépendant, a participé au premier coup d’Etat de 1966 et dirigé les troupes pendant la guerre de Biafra de 1967 à 1970.
Il a également fait partie du groupe qui a renversé le régime de Yakubu Gowon en 1975 et s’était alors vu confier l’Etat fédéré du nord-est du pays, la partie du Nigeria aujourd’hui menacée par Boko Haram. Il a été chef d’Etat de 1983 à 1985.
C’est encore à un coup d’Etat qu’il participe quand il renverse la deuxième république à la fin 1983, cette fois-ci, il devient chef d’Etat pendant presque deux ans avant de se faire renverser lui-même par Ibrahim Babangida, et de passer presque trois ans en prison. Il est devenu célèbre à la fois pour son caractère inflexible et son incorruptibilité.