En présence de son président national, le professeur Maurice Kamto, le MRC a organisé le samedi 06 mai, un meeting à Mendong.
A l'occasion de cet rassemblement les membres de ce parti politique d'opposition, étaient habillés en noire. L'on pouvait voir cette "marrée noire", déferler dans les rues de Mendong.
S'il s'agit pour le parti, d'exprimer son mécontentement par rapport aux actualités du pays qui ne sont pas du tout reluisantes, pour le député Roosevelt Alin Tidjio, ce meeting ressemble à un deuil.
"C'était le deuil de quoi vraiment. Jusqu'à broder les cuillères et les fourchettes devant les T-shirts".
Et pourtant, le port de ces t-shirts noirs, trouvait des explications dans cet extrait du discours de Kamto.
"Au moment où nous sommes réunis ici, notre pays poursuit sa descente aux enfers. Chaque fois nous croyons avoir touché le fond, mais chez nous il n’y a pas de fond ; c’est une chute inexorable vers le néant. Et je ne force pas les mots.
Sur le plan de la sécurité des citoyens et du pays en général, depuis notre meeting d’installation du Bureau régional élu du parti dans le Littoral 1 en décembre 2022, il y a eu l’assassinat odieux, dans des conditions particulièrement atroces de notre compatriote, le journaliste Martinez ZOGO, dont on nous dit qu’on a arrêté les complices de sa torture, mais pas les auteurs de son assassinat ; et je demande est-ce à dire que Martinez ZOGO n’est pas mort, et qu’il a seulement été torturé ? Sa mort choquante, puisqu’il est bien mort et qu’on nous a montré sa dépouille, a été suivie de celle non moins horrible du père Jean-Jacques OLA BEBE, dont on ignore tout de l’éventuelle enquête. Dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest des Camerounais, militaires et civils continuent de perdre la vie dans une guerre insensée qu’on aurait pu éviter et à laquelle on doit mettre un terme sans plus tarder. Dans la Région de l’Extrême-Nord, la reprise des attaques terroristes de Boko Haram sème à nouveau la mort et la désolation, en particulier parmi nos pauvres populations abandonnées à elles-mêmes. Je n’ai jamais pu m’accommoder de ces tragédies face auxquelles le pouvoir en place donne l’impression à la fois d’impuissance, d’indifférence ou de complaisance.
Sur le plan social, la vie écrase les Camerounais. J’avais prévenu qu’après l’euphorie de la CAN en 2022, nous reviendrions à la réalité brutale et ardue dans laquelle nous a plongé le régime en place. Depuis lors nous subissons les affres de la vie chère. Tenez par exemple, en un an:
- 3 bobolos qui coutaient 450 F coûtent maintenant 1000 F à Mbankomo ;
- Le litre d’huile de palme raffiné Mayor de 1100 F à 1600 F ;
- le litre d’huile de palme brut est passé de 800 F à 1100 F ;
- le litre d’huile de soja oilio de 1500 F à 3000 F ;
- le kg de riz basique de 350 F à 450 F ;
- le kg de riz parfumé de 1000 F à 1500 F ;
- le kg de viande de 2700 F à 3000 F
- le kg de maquereau de 1300 F à 1800 f voire 2000 F ;
- le litre d’essence de 620 F à 730 F ;
- le litre de gazole de 575 F à 720 F.
Ce n’est là qu’un échantillon. Chers époux, avant de gronder nos épouses au sujet de la qualité et même de la quantité des repas, faisons d’abord un tour au marché. Certes, il y a eu - enfin pourrait-on dire -, une augmentation du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG). Mais c’est à une augmentation générale des salaires que l’Etat doit procéder afin de permettre aux ménages camerounais de gagner un peu de pouvoir d’achat.
Dans les maisons, les robinets d’eau crachent quelques fois une boue rougeâtre, sinon la plupart du temps ils sont à sec, cependant que la Sanaga s’écoule gratuitement vers la mer. L’électricité fait plus que jamais le yoyo en dépit des promesses faites il y a environ 10 ans, que le calvaire sera fini avec la construction des barrages. Les barrages ont été construits et l’électricité reste pour beaucoup de Camerounais, jusqu’ici même au cœur de la capitale un rêve inaccessible pour sortir des lampes tempêtes.
Les agressions de la misère se propagent dans les villes et les villages. Et je ne vous parlerai même pas de la situation dans les structures de santé et dans les établissements scolaires où s’est installée la débauche de nos enfants, qui s’adonnent à la drogue et la pornographie. C’est le mirage de la vie facile véhiculé par ceux et celles qui se nomment influenceurs et influenceuses.
Sur le plan de la gestion des ressources publiques, il y a eu les détournements massifs des milliards de FCFA alloués à l’organisation de la CAN 2019-2022 qui s’est soldé par des stades inachevés et les projets initiaux de complexes sportifs abandonnés, le pillage des fonds affectés à la lutte contre la COVID-19 mis en lumière par la Chambre des Comptes de la Cour suprême, c’est-à-dire des moyens financiers et matériels devant servir à la protection de la santé publique et de la vie des Camerounais, engloutis par des criminels insatiables. Et alors qu’on était encore abasourdis devant autant d’inhumanité, la justice britannique nous a annoncé la corruption à coups de milliards de FCFA de responsables à la SNH et à la SONARA par la société suisse GLENCORE. Or dans ces affaires que la presse a baptisées CANGATE, COVIDGATE et GLENCOREGATE nul n’a été inquiété à ce jour. Dans le cas de GLENCORE, l’Etat du Cameroun par son inaction en tant que victime devient complice du pillage des ressources du peuple camerounais, contribuant ainsi à salir l’image de notre pays et à dissuader de potentiels investisseurs étrangers de venir au Cameroun.
Mais ceux qui prétendent diriger le pays n’en ont cure. Les scandales s’enchaînent et à des prolongements jusque dans les pays voisins. L’affaire SAVANNAH ENERGY montre le niveau d’effondrement de notre pays, où même la Présidence de la République, c’est-à-dire là où se trouve le cœur battant de l’Etat, est devenue le lieu des pratiques de type maffieuses et des comportements les plus sordides. Une génération de dirigeants impréparés et avides, dépourvus de conscience nationale et d’idéal patriotique a transformé la Cameroun, comme qui dirait, en une « République de copains et de coquins ».