Au Cameroun, presque toutes les chaînes de télévision ont leur émission dominicale de débat sur l'actualité politique, économique, sportive et les faits se société.

Ces émission sont suivies de très près par le pouvoir public qui veut que des paroles qui pourraient inciter les Camerounais à la révolte ne soient prononcés par les "intellectuels" invités pour les débats autours de thèmes.

Mais est-ce que ces débats apportent quelque chose aux Camerounais?

Voici que qu'en pense le journaliste d'expérience Haman Mana:



"Je suis étonné par la fascination exercée sur les foules par ces palabres où, inlassablement, les mêmes personnes reviennent tous les dimanches reparler des mêmes sujets… Je me dis que ramené à nos villages africains, c'est un peu la place du marché, où les villageois viennent régler leurs comptes en public. Donc c'est un espace de catharsis qui permet aux téléspectateurs d'expurger leurs passions…

À travers l'expression souvent véhémente des débatteurs, l'homme qui n'a pas pu exprimer son point de vue (par le bulletin de vote) se sent représenté et pense que son avis, sa réclamation a été enregistrée. Aboutira t-elle ? Là est la question de la limite entre la liberté de bavardage et la liberté d'expression, avec son corollaire la liberté de manifester, qui sont essentiels pour une société d'ouverture et de démocratie.

Le pouvoir politique du Cameroun, lui, ne s'y trompe guère, en y postant de manière systématique et caporalisée ses snipers qui ont pour mission, non pas d'argumenter, mais de ridiculiser, faire du bruit bruit au sens de perturbation afin de rendre inaudibles les voix pertinentes de l'altérité… Tout le monde y gagne, sauf le vrai débat, la télévision de qualité et, hélas, la démocratie…"