Le président du Gecam, à travers une correspondance adressée au ministre des Travaux publics, déplore et accuse l’état catastrophique des axes routiers actuels du Cameroun et notamment la nationale N°3 et N°5.
Célestin Tawanba a l’habitude des coups d’éclat. Serait-ce sa nature ? On ne peut pas le dire d’emblée. L’on pencherait plutôt qu’il sait prendre ses responsabilités lorsque le moment l’impose. Voilà, pendant que sa lettre adressée au ministre des Travaux publics, au nom du patronat, sur l’état des routes camerounaises est encore abondamment commentée, aussi bien par la presse nationale que dans les réseaux sociaux, survient un incident tragique sur la route Bonepoupa – Yabassi dans la région du Littoral.
En effet, à peine sa construction entamée, une partie de la chaussée s'est effondrée aux premières heures de mercredi 14 août 2024 dernier, vers 4h30 à Babouté, un quartier du village Bonepoupa 2. Selon certains riverains, un pickup de la mairie de Yabassi qui passait par là a été littéralement emporté, suite à cet effondrement susmentionné. Pourtant, il est de notoriété publique que cette route Bonepoupa - Yabassi est un maillon de la route régionale sur un linéaire de 51,3 kilomètres. Et selon le ministère des Travaux publics, les travaux de construction ont été exécutés à hauteur d'environ 39 milliards de Fcfa par l’entreprise Buns, une entreprise camerounaise de construction de bâtiments et de travaux publics dont le siège est à Yaoundé. Surtout qu’on ne viendra pas pérorer que Célestin Tawamba est un porteur de malheur. Au contraire ! Il n’a fait que tirer sur la sonnette d’alerte en dénonçant, sans filtre, l’état funeste des routes du Cameroun. Davantage la Nationale N°3 et N°5.
« Nous avons l'honneur de venir par la présente, exprimer notre vive préoccupation concernant la dé- gradation continue de notre réseau routier, et notamment, mais sans s'y limiter, l'état désastreux de la chaussée des routes nationales n°3, précisément sur le tronçon Edéa-Douala et n°5 reliant les villes de Douala à Bafoussam » écrit Célestin Tawamba à Nganou Djoumessi, ministre des Travaux publics. Il poursuit : « Il s’agit des 2 axes les plus importants du réseau routier du Cameroun, au regard de leur contribution à l’économie nationale et de l’importance des bassins de production et des zones de consommation qui en dépendent. »
Davantage, le président du Gecam indique que les conséquences graves que cette situation déplorable et asphyxiante engendre pour la compétitivité des entreprises.
Coûts supplémentaires
D’ailleurs, ce constat est partagé par tous les usagers de la route. L’infrastructure routière au Cameroun est aujourd’hui le lit des nids-de-poule, parfois des nids d’éléphants, des fissures et même des portions de routes totalement abîmées qui, non seulement mettent en péril la sécurité des usagers, mais également, impactent négativement le fonctionnement de l'économie nationale.
Du coup, « l'évacuation de certains produits en provenance ou à destination des ports et des grandes villes s'en trouve profondément affectée, tout comme l'approvisionnement des chefs-lieux de nos régions, à partir des principaux bassins de production », s'agace Célestin Tawamba. L'enfer du transport terrestre de manière générale, écrit le président Célestin Tawamba, « les entreprises, et en particulier celles qui dépendent des transports pour la distribution de leurs produits, subissent à la fois des retards significatifs dans leurs transactions, et une augmentation des coûts opérationnels dus entre autres, à l'usure prématurée de leurs véhicules et à une consommation accrue de carburants et de pièces de rechange. »
Toujours selon la correspondance du président du Gecam au Mintp, « les coûts supplémentaires induits par ces contraintes, sont répercutés sur les prix des produits et des services, ce qui contribue à l'alimentation des tensions inflationnistes, au moment où le gouvernement et le secteur privé doivent conjuguer leurs efforts en matière de lutte contre la vie chère. »
Le patronat qui voit le problème s'aggraver avec grande intensité explique comment l'urgence de la situation appelle à très court terme, la mise en œuvre d'un programme idoine de réhabilitation rapide de nos infrastructures routières, permettant à la fois d'améliorer la sécurité et la fluidité de la circulation sur les axes dont s'agit, à l'effet de restaurer la compétitivité des entreprises, d'optimiser les circuits de distribution et de contenir l'inflation. « Aussi le patronat qui vous prie de bien vouloir faire de la réhabilitation de nos routes nationales, la priorité des priorités de votre département ministériel, vous serait-il obligé de la particulière attention que vous porterez à cette question cruciale » désire Célestin Tawamba. On ne le dira jamais assez : dans cette correspondance, le président du Gecam, ne s’est jamais départi de sa coutumière courtoisie, de son esprit de dialogue, de sa traditionnelle franchise. Il semble donc tout simplement réveiller le ministre des Travaux publics qui semble être perdu dans ce département ministériel où il a fait des effets d’annonce son mode de gouvernance. Espérons que cette fois, au lieu de descendre sur le terrain pour apprécier l’avancement des travaux d’une route dont il est devenu l’ingénieur en chef et porteparole des pourcentages d’exécution des travaux, il se mettra résolument au travail pour s’assurer que les entreprises à qui les marchés sont attribués sont compétentes pour offrir au pays des routes en quantité, en qualité et surtout durables à la hauteur des investissements consentis.
Seulement, on peut tout de suite affirmer que le ministre Emmanuel Nganou Djoumessi est un autiste. En effet, ce n’est pas la première fois que Célestin Tawamba exprimait déjà son ras-le-bol au sujet des infrastructures routières au ministre des Travaux publics. On se souvient encore qu’en novembre 2020 déjà, lors d’une concertation et à l’invitation du ministre des Travaux publics, les chefs d’entreprise du secteur privé avaient questionné la conduite de la construction des infrastructures routières au Cameroun. L’alors président du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) de l’époque, Célestin Tawamba, le même, n’était pas passé par 4 chemins pour relever le risque qui guette les usagers du triangle Douala – Yaoundé – Bafoussam.
«Vous avez demandé à nous rencontrer pour la première fois, Monsieur le ministre, nous allons vous dire ce que nous pensons. Le triangle Douala – Yaoundé – Bafoussam est célèbre pour son caractère accidentogène. Vous avez peut-être la chance en votre qualité de ministre, de le parcourir en escorte, mais sachez, Monsieur le ministre, que le Camerounais lambda qui s’apprête à prendre cette route, se lance dans un exercice difficile dont personne ne connaît la fin. On risque la mort, lorsqu’on prend la route appelée axelourd Douala – Yaoundé », avait déclaré Célestin Tawamba.
Des années après, il revient à la charge. Sera-t-il entendu cette-fois ? C’est ce que souhaite le petit peuple pour un changement radical de paradigme sur la question de la construction des infrastructures routières au Cameroun.