Actualités of Friday, 18 August 2023

Source: www.camerounweb.com

C’est bouclé : voici ce qui va clouer Eko Eko dans l’affaire Martinez Zogo

De nouveaux éléments surgissent De nouveaux éléments surgissent

Huit mois après l’enlèvement suivi de l'assassinat du journaliste Martinez Zogo, l'affaire n'est toujours pas encore tirée au clair. Pendant que la justice poursuit son enquête, nous continuons avec nos investigations journalistiques, loin des conjectures et de la manipulation, pour démêler l'écheveau dans l'intérêt de l'opinion publique.

A l’issue de nos investigations, il s'avère que certains éléments dans cette affaire ont cloué le suspect Eko Eko, le patron de la Dgre aujourd'hui en détention à la prison principale de Yaoundé. En effet, de sources très proches du dossier, nous apprenons qu'il y aurait eu deux rapports de l'enquête préliminaire soumis à la justice. Dans le premier rapport, Eko Eko semble avoir été dédouané au regard de ses déclarations dans lesquelles il a fait savoir qu'il n'avait rien à voir ni de loin ni de près dans l'assassinat de Martinez Zogo. Alors que Justin Danwe dit le contraire. À son interpellation, lorsqu'on lui a posé la question au sujet de l'affaire Martinez Zogo, le patron de la Dgre a dit aux enquêteurs d'aller demander à Danwe et son ami Amougou Belinga. Il leur a également avoué que Amougou Belinga cherchait à tout prix à copiner avec lui mais il a refusé tout en lui précisant qu'il ne veut pas se mettre au travers de son chemin.

Il ressort dans le second rapport qu’après l’enquête supplémentaire, on a vu dans les parapheurs de la Dgre une lettre autorisant l'opération contre Martinez Zogo. Ladite lettre portait la signature de Eko Eko. Pour le défendre, on fait d'abord savoir que la lettre a apparu par miracle dans le dossier. Et par la suite que c’est l’assistante d’Eko Eko qui aurait signé sans qu’il ne sache. Mais la lettre atteste qu'il a bien validé l’opération.

Les motifs qui étaient pourtant retenus dans le premier rapport étaient "assassinat et atteinte à la sécurité de l’Etat" pour Amougou Belinga et "complicité" pour tous les autres y compris Bruno Bidjang. C'est bien après que ces motifs ont été changés par "torture" et "complicité de torture par aide". Bruno Bidjang qui est en liberté pour le moment n'est pas du tout épargné dans cette affaire. Pendant que Martinez Zogo faisait les émissions pour dénoncer les largesses financières de Amougou Belinga dans les lignes 94, 65 et 57, il a envoyé un message à Paul Daizy Biya pour lui dire : " Le moment venu quand on va agir ça sera sans pitié pour lui". C'est d'ailleurs ce message qui justifie l'audition de Paul Daizy Biya à qui on reproche de n'avoir pas dénoncé Bruno Bidjang après avoir reçu ce message.

C'est à l'appréciation de ces deux rapports que le juge d'instruction militaire Sikati II Kamwo décide de reprendre l'enquête. C'est pour cette raison que tous les suspects en prison, les personnes concernées ou impliquées dans cette affaire sont tour à tour à nouveau convoqués par le juge d'instruction. Ça été le cas pour l'épouse de Martinez Zogo, des témoins ayant vécu l'enlèvement, du journaliste, et bien entendu l'audition de Amougou Belinga pendant plus de 7h la semaine dernière suivie de celle de Eko Eko pendant plus de 8h hier etc.

Toujours pendant son enquête, le juge d'instruction Sikati II a mis aux arrêts deux commissaires qui avaient géolocalisé Martinez Zogo. Ces deux commissaires n'avaient pourtant pas été inquiétés ni par la commission mixte d'enquête ni par le premier juge d'instruction Prosper Oyono Ebessa qui a été par la suite déchargé du dossier au profit de l'actuel juge. Tout ce qui pousse à se demander s'il y a des personnes qui influencent cette enquête.

Comme nous le disions dans une précédente tribune, il est difficile de faire croire à l'opinion que dans un service de contre espionnage, une dizaine de personnes et deux divisions se sont mises en mouvement pour tuer Martinez Zogo sans que le patron des lieux ne soit au courant ni responsable. Si tel est le cas alors c'est même très grave car n'importe qui pouvait se servir de ce service pour déstabiliser l'État. À ce rythme, Paul Biya lui-même dira qu'il n'est garant de rien de ce qui arrive au Cameroun et aux Camerounais parce qu'il ne serait pas au courant.