Le 20 mars dernier, un groupe d’individus a été mis hors d’état de nuire à Edea par un équipe mixte de policiers et de gendarmes. Ces personnes interpellées sont soupçonnées d’être impliquées dans la récente vague d’attaques contre des bus de transport le long de la route nationale Yaoundé-Douala.
Ces nouvelles interpellations font suite à la promesse du ministre de l’administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji qui a annoncé la semaine dernière un traque contre les auteurs des attaques à la pierre sur des véhicules sur l’axe Yaoundé-Douala dans la nuit du 12 au 13 mars 2023. “(…) aucune complaisance ne sera faite à leur égard. Ils vont répondre de leurs actes devant les instances judiciaires compétentes », assurait le Minat. Mais le mal est toujours présent.
« La situation n'est véritablement pas au contrôle sur l'axe Douala-Yaoundé malgré les grandes annonces et ramdam. Hier encore aux environs de 20h, certains de nos compatriotes ont été victimes des attaques des coupeurs de route au niveau de Édéa.On se demande bien d'où sortent encore ces personnes sans foi ni loi alors que tout récemment on nous a présenté des individus mis aux arrêts comme étant ceux qui opèrent dans cette zone », témoigne une source.
Il s’agit d’un défi lancé au ministre Paul Atanga Nji
Sanaga-Maritime : Comment l'insécurité sévit sur "l'axe lourd"
Dans ces localités situées le long de la nationale n°3 qui relie Douala et Yaoundé, les vols, agressions et tueries sont décriés.
S.M Bell Bell Louis, le chef d'Ekite 4 dans l'arrondissement d'Edéa 2, a la voix grave lorsqu'il évoque le problème d'insecurité dans sa localité. Une zone, dit-il, qui accueille nombre d'usagers qui vont et viennent sans destination fixe. Au niveau du péage par exemple, le chef traditionnel décrie la présence au quotidien de ces personnes qui vadrouillent, le sac accroché au dos. « Lorsque vous voulez les interroger, ils disparaissent. Vous les retrouvez plus tard avec une bouteille de bière qu'ils sirotent lentement. Ils sortent d'où ? Ils font quoi là ? On ne peut imaginer. Une situation que j'ai plusieurs fois déplorée en réunion de sécurité » , indique S.M Bell Bell Louis.
Dans ce village où les vols de moto sont légion, le chef d'Ekite 4 indique qu'il a lui-même deja été victime à trois reprises. La moto actuelle sur laquelle il se déplace est un don des populations de son village. Elles ont été affectées de voir leur chef en pleurs après le vol de sa troisième moto.
L'insécurité dans les villages établis le long de la nationale n°3 est aussi bien présente à Sikoum. Dans ce village de l'arrondissement de la Dibamba, on déplore des infiltrations au quotidien.
Le chef du village signale des conflits à la machette qui éclatent souvent entre les populations de Disangue et Sikoum. Il évoque la difficile opération d'identification des habitants avec la venue de nombreux déplacés internes et des populations d'autres contrés. Bien qu'avant initié un recensement en 2018 et 2019, il se dit incapable d'affirmer à ce jour connaitre sa population. «On ne peut faire des identifications tous les jours. Il y a des maisons où il y a 25 personnes à l'intérieur, pourtant on connait un seul propriétaire. Souvent lors des identifications, il y a des personnes qui n'ont ni carte nationale d'identité, ni
récépisse» .
Agressions, vols, tueries...
Les autorités traditionnelles des villages situés dans l'arrondissement de Ngwei, toujours le long de l'axe Douala-Yaoundé, déplorent aussi des agressions régulières dans les plantations. Le maire de Ngwei annonce la mort tragique il y a peu d'un habitant égorgé dans sa plantation. Le chef du village Logbele fait savoir qu'il a lui aussi été appelé à détacher une personne attachée sur un arbre dans son territoire. A Mbenwe comme ailleurs, on fustige le trafic de carburant et l'absence d'éclairage le long de l'axe routier où quelques zones réputées dangereuses sont déjà identifiées. On cite entre autres, Makondo, carrefour carrière, carrefour gasoil.
Les responsables du secteur des Transports dans le département de la Sanaga Maritime justifient cette insécurité par l'absence d'éclairage sur la route et à la gare routière d'Edéa. Toute chose qui limite les enregistrements recommandés des passagers à 18h30 à la gare au lieu de 22h. Le phénomène de racolage des passagers dans la nuit, selon le président du syndicat des transporteurs de la Sanaga Maritime, est un facteur aggravant de l'insécurité des véhicules. Le déplacement du péage et la complicité de certains riverains sont également pointés du doigt.
Lors d'une réunion de sécurité à Edéa avec le préfet du département de la Sanaga Maritime mercredi 15 mars 2023, les autorités traditionnelles et les responsables du secteur des transports ont proposé quelques solutions pour juguler le phénomène. Le chef de Sikoum sollicite des rafles dans sa localité et la multiplication des postes de contrôle sur l'axe Douala-Yaoundé. «
Il y a un espace dans Sikoum qui peut abriter un campement pour la brigade.
Lorsque nous avons eu le Bataillon d'intervention rapide (Bir) en campement là-bas, même un rat ne passait pas » , fait-il savoir.
Les acteurs du secteur des transports qui ont tenu une réunion la veille recommandent l'éclairage de la gare routière et la présence d'hommes armés en civils dans les véhicules « comme cela avait été initié à l'époque pour tordre le cou aux coupeurs de route dans le septentrion ». Un groupe Whatsapp a été créé pour permettre aux transporteurs de lancer des alertes et demander de l'aide lorsque le besoin s'impose, apprend-on. Cyrille Yvan Abondo, le préfet de la Sanaga maritime a pris quelques recommandations à l'issue de la réunion de sécurité pour endiguer le phénomène.