En colère contre le ministre d’Etat/Secrétaire général de la présidence de la République au sujet des scandales ayant émaillé les marchés de construction des infrastructures sportives avec en prime le stade d’Olembé, le premier sportif camerounais qui a récemment annoncé des poursuites contre les détourneurs des fonds publics, a provoqué un branle-bas au sein du sérail.
La scène est passée presque inaperçue. Les plus de 35 000 spectateurs présents à la cérémonie d’ouverture de cette Coupe d’Afrique des nations (Can) étant certainement frappés par l’euphorie de la parade suivie du show conçus pour la circonstance et la découverte de ce joyau architectural qu’est le stade d’Olembé brillant de mille feux. Noyés dans cette saga sportive que le Cameroun a l’honneur et le privilège de vivre 50 ans après la première édition à domicile, ils ont manqué ce que beaucoup appellent le clou de cet événement historique. Un geste chargé de sens et de symbole qui continue de faire les gorges chaudes dans les salons feutrés et sous les lambris dorés de la présidence de la République, une dizaine de jours plus tard. Que s’est-il concrètement passé ? Paul et Chantal Biya débarquent dans l’antre du stade Olembé, célébrés par les youyous et les vivats de camerounais qui ne l’ont plus vu à une manifestation publique depuis plus de trois ans. Alors qu’il va être installé à la tribune présidentielle par le protocole, Ferdinand Ngoh Ngoh tente de jouer les serviteurs loyaux en lui orientant le chemin à suivre.
Mais le ministre d’Etat/Secrétaire d’Etat à la présidence de la République sera royalement séché par son patron, impatient de retrouver son siège. Son petit numéro de fidèle collaborateur du Chef de l’Etat n’a visiblement pas marché. La mine serrée et l’air presque agacé, l’homme du 6 novembre 1982 cache mal sa colère et son embarras. Interrogées sur les raisons de ce courroux à peine déguisée, des sources dignes de foi à Etoudi révèlent que le « premier sportif camerounais » en a plein sur le cœur au sujet de la série de scandales qui a émaillé la construction de cette infrastructure de 60 000 places qu’on a baptisé jusqu’à très récemment « Stade Paul Biya d’Olembé ». Les milliards de Fcfa du contribuable que ce stade a englouti n’ont peut-être servis à rien. A preuve, « la loge présidentielle qui a coûté 7 milliard de Fcfa n’a aucune sécurité. Elle est réduite et ne présente pas un espace pouvant accueillir de nombreux chefs d’Etat. Pire, elle n’a pas de baies vitrées sécurisées comme on le voit ailleurs. Pourtant de l’argent a été dépensé pour cela », rapporte notre informateur qui révèle dans la foulée que même le directeur de la sécurité présidentielle, le Général de division Ivo, a été interpellé sur la question.
Loge présidentielle insécurisée
Le plus grave, c’est que pendant la cérémonie d’ouverture on s’est rendu compte que le ministre Directeur du cabinet civil, le chef du protocole d’Etat ont passé toute la cérémonie debout, tous inquiets, apprend-on, de la sécurité de leur patron. Comment expliquer une telle chose ? Pendant ce temps les mauvaises langues disent que les proches du vice-Dieu présents en grand nombre à cette même cérémonie, roulaient confortablement et majestueusement dans des voitures blindées. Suffisant pour que la cérémonie de clôture de la Can TotalEnergies 2021 prévue le 6 prochain à 20h laisse planer des inquiétudes quant à la sécurité de l’homme qui cumule 39 ans de pouvoir. « Qui va donc assurer la sécurité du président ce jour-là ? », s’interroge-t-on dans le sérail. Le vice Dieu cherche-t-il la mort du président ? La question peut paraître osée certes. Mais de plus en plus, des voix s’élèvent pour demander au ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense de prendre ses responsabilités pour la sécurité du chef de l’Etat. Dans l’entourage de Biya, tout le monde est étonné que le général Ivo ait accepté de laisser sortir le Chef des Armées alors que sa sécurité à la loge présidentielle n’était pas garantie. Lui qui y était « assis comme dans une boîte de sardine », pour reprendre fidèlement nos sources.
Sale temps pour le Sgpr ?
De quoi confirmer de plus en plus la rumeur qui laisse croire que le N’nomgui, très en colère par ce qui s’apparente à un détournement de fonds, n’a pas attendu que la Can s’achève pour diligenter le dossier relatif aux infrastructures sportives, au tribunal criminel spécial (Tcs) où des braqueurs de la fortune publique vont inéluctablement rendre gorge. N’annonçait-il pas déjà les couleurs lors de son adresse à la Nation le 31 octobre dernier ? « Nous devons renforcer la gouvernance dans la gestion de nos finances publiques, en luttant contre la corruption et le détournement des deniers publics », avait-il indiqué. « Tous ceux qui se rendent coupables de malversations financières ou d’enrichissement illicite en assumeront les conséquences devant les juridictions compétentes », a ajouté l’homme qui vient d’entamer la quatrième année de son septennat.
L’avenir pourrait s’annoncer infernal pour Ngoh Ngoh et tous ceux-là dont l’obsession pour le trône n’est plus un secret pour personne. Récemment en mission pour « s’assurer que les infrastructures construites et en cours de construction répondent au cahier de charge défini par la Confédération africaine de football (Caf) ; rassurer les autorités de la Caf, de la Fédération internationale de football association (Fifa), la communauté nationale et internationale, de la disponibilité effective de toutes les infrastructures retenues pour la Can 2021, de la capacité du Cameroun à organiser des compétitions internationales d’envergure», le Vice-dieu, vénéré tel un Emir, n’a pas boudé le plaisir de sauter sur l’occasion pour conforter ceux qui l’ont toujours présenté comme le véritable patron de la République. Lui qui, à travers les fameuses Task force qu’il multiplie à la pelle, est par exemple à l’origine du bricolage, des replâtrages et d l’enfumage qu’on a présenté en mondovision concernant la Can. Le Sgpr et ses suppôts tapis au sein du gouvernement ne sont-ils pas les artisans du retrait de la Can au Cameroun en 2019 sous la très policée appellation « glissement » ?