Alors que les plus grands clubs de football du monde s'apprêtent à perdre des joueurs clés lors de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2023, l'éternelle question du club contre le pays est-elle toujours d'actualité ?

Des joueurs de premier plan comme Mohamed Salah, Victor Osimhen et Achraf Hakimi seront en Côte d'Ivoire pour l'événement phare du continent, qui débutera le 13 janvier et se terminera le 11 février - le tournoi étant officiellement baptisé "2023", même si la phase finale aura lieu en 2024.

Bien qu'elle coïncide avec la trêve hivernale de certains championnats européens, les clubs devront faire face à un certain nombre de semaines sans leurs titulaires.

BBC Sport Africa s'est penché sur l'impact d'une nouvelle CAN de mi-saison sur les joueurs, les clubs, les managers et les supporters.

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Les joueurs sont-ils confrontés à un dilemme ?

Frank Onyeka, le milieu de terrain de Brentford, se prépare pour sa deuxième Coupe d'Afrique avec le Nigeria, après avoir joué au Cameroun début 2022.

"Je voudrai toujours représenter mon pays sur la grande scène. C'est un honneur de porter le maillot vert et blanc, donc c'est quelque chose que je dois faire", a-t-il déclaré à BBC Sport Africa.

"J'étais un garçon qui jouait dans les rues du Nigeria et maintenant je représente les Super Eagles à la CAN.

"C'est un rêve qui devient réalité, parce qu'après avoir regardé les légendes de la CAN ces dernières années, je vais désormais faire partie de l'équipe. J'ai hâte d'y être".

Onyeka a été un titulaire régulier du onze de départ de Brentford cette saison, tout comme ses compatriotes africains Bryan Mbeumo (Cameroun) et Yoane Wissa (RD Congo).

L'attaquant Mbeumo a été écarté de la CAN pour cause de blessure, et les trois joueurs manqueront énormément au club de Premier League le mois prochain.

Onyeka affirme que les trois joueurs ont discuté de la situation.

"Ce ne sera pas facile. Mais je connais l'équipe, elle est forte", ajoute le joueur de 25 ans.

"Quand quelqu'un part, quelqu'un d'autre est là pour le remplacer".

L'entraîneur de Liverpool, Jurgen Klopp, a déjà critiqué le fait que le tournoi ait lieu au milieu de la saison, mais Onyeka affirme que l'entraîneur des Bees, Thomas Frank, s'est montré encourageant et rassurant.

"Il est heureux que je représente mon pays sur cette grande scène. Je suis très heureux qu'il me soutienne et qu'il laisse ses joueurs partir à la CAN", a-t-il déclaré.

Pourtant, la réadaptation à la Premier League a été "assez difficile" pour Onyeka après la dernière Coupe du Monde de la FIFA, où le Nigeria a été éliminé en huitièmes de finale.

"Quand vous revenez, l'équipe est bien installée, elle joue bien", a-t-il déclaré. "Il faut beaucoup de temps pour se réintégrer dans l'équipe.

"Le joueur doit être fort mentalement, car il n'est pas facile de quitter son équipe pendant quatre semaines et de revenir".

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Quand la CAN doit-elle avoir lieu ?

En 2017, la Confédération africaine de football (Caf) a décidé de décaler la phase finale de janvier-février à juin-juillet, l'édition 2019 en Égypte étant la première à se dérouler pendant l'été européen.

Pourtant, la phase finale de 2021 a été repoussée à janvier et février 2022, en partie pour éviter des conditions météorologiques défavorables dans le pays hôte, le Cameroun, et en raison des perturbations causées par la pandémie du Covid-19.

Ce changement a suscité des critiques dans certains milieux, ce qui a incité l'ancien attaquant anglais Ian Wright à défendre le tournoi.

Jay-Jay Okocha a remporté la Coupe d'Afrique des Nations avec le Nigeria en 1994 et affirme que la date de la CAN peut avoir un impact important sur les joueurs dans un contexte de calendriers surchargés.

"Ils ont rendu les choses tellement difficiles pour les joueurs africains en jouant en janvier ou en commençant la saison et la pause hivernale très, très tôt", a déclaré Okocha à la BBC World Service.

"S'ils peuvent déplacer la Coupe du monde en décembre à cause de la chaleur pour satisfaire les nations qui y participent, pourquoi ne peuvent-ils pas faire quelque chose pour la Coupe d'Afrique des nations et travailler ensemble pour que cela n'affecte personne ?"

"Je connais beaucoup d'entraîneurs qui refusent de recruter des joueurs africains à cause de la fenêtre de janvier (CAN), mais ils recrutent des Brésiliens qui vont jouer la Copa América en été. Ce n'est pas juste".

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Des supporters en conflit

Le Ghana, comme la plupart des équipes qui participeront à la Coupe d'Afrique des nations, compte un grand nombre de vedettes évoluant dans les plus grands clubs européens.

Le milieu de terrain d'Arsenal Thomas Partey, Mohammed Kudus de West Ham et l'attaquant de Crystal Palace Jordan Ayew sont parmi ceux qui quitteront leurs clubs respectifs de Premier League pour jouer en Côte d'Ivoire.

Issahaku Abdul-Mumen, président des Ghanaian Hammers, un club de supporters de West Ham, se sent "accablé et triste" par le conflit d'émotions qui entoure le départ de son compatriote Kudus de l'est de Londres à la mi-saison.

"Sans Kudus, le Ghana n'ira peut-être pas loin. Mais Kudus joue dans tous les matches de West Ham maintenant", a déclaré Abdul à BBC Sport Africa depuis le Ghana.

"L'arrivée de Kudus à West Ham a été l'un des plus beaux jours de ma vie. C'est l'une des meilleures exportations africaines".

"Je suis un grand fan de la CAN - la CAN est en moi. Je suis un Africain et c'est pour nous. Elle a été créée par nos pères fondateurs".

"Le départ de Kudus [West Ham] sera un très, très, très mauvais moment pour nous. Mais j'essaie de faire en sorte que nous puissions nous en sortir et nous essaierons autant que possible d'envisager la vie sans Kudus".

"C'est un moment triste pour moi en tant que supporter de West Ham, mais je serai heureux en tant que supporter du Ghana".

La situation des dirigeants de club

Si les supporters des Hammers s'inquiètent de la perte de Kudus, ils ne sont pas les seuls.

L'entraîneur de West Ham, David Moyes, affirme que l'attaquant de 23 ans, qui a impressionné par son jeu polyvalent, va "énormément manquer" à son équipe.

"C'est un garçon avec lequel il est très agréable de travailler et, évidemment, ses buts et ses passes décisives sont les éléments qui ressortent le plus", a déclaré Moyes.

"C'est un coup dur [de le perdre] parce qu'il marque des buts et fait des passes décisives. Nous allons devoir trouver d'autres solutions".

Le sélectionneur national de Kudus, Chris Hughton, estime que la rivalité entre les clubs et les pays appartient au passé.

Selon lui, les entraîneurs européens sont désormais mieux préparés lorsque leurs joueurs partent pour le tournoi, et la CAN n'est plus une raison pour ne pas recruter des stars africaines.

"La plupart des clubs et des entraîneurs principaux acceptent désormais que lorsqu'ils prennent un joueur africain, il y a une chance qu'ils le perdent pendant la Coupe d'Afrique des Nations", a déclaré l'homme de 65 ans.

"C'est pourquoi [la querelle entre le club et le pays] appartient au passé. Je pense que les clubs modernes et les équipes techniques modernes acceptent que cela se produise".

L'édition 2025 de la CAN, qui se tiendra au Maroc, devait revenir à des dates en juin et juillet - mais cela va également entrer en conflit avec la Coupe du monde des clubs élargie à 32 équipes de la Fifa.

En l'absence de solution évidente, les meilleurs joueurs du continent pourraient faire l'objet d'un nouveau bras de fer dans 18 mois.