A la tête de la Conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) depuis le 24 mars 2019, Paul Biya laisse les présidents des autres pays membres de l’organisation dans une situation inconfortable. En effet les textes de la CEMAC indiquent que la présidence de la conférence des chefs d’Etat « est assurée par chaque Etat membre, successivement et selon l’ordre alphabétique des Etats, pour une année civile ». Or le président camerounais vient de passer deux ans à la tête de l’institution. Selon les sources, les présidents des pays membres de la communauté attendent impatiemment la convocation du prochain sommet au cours duquel Paul Biya devrait passer le témoin.
Dans l’entourage du chef de l’Etat, personne ne veut commenter cette situation peu ordinaire. Une source diplomatique indique toutefois que le nouvellement des instances de cet organe de la CEMAC a été perturbé par la pandémie du Covid-19. D’autres sources évoquent la crise sécuritaire en République centrafricaine. C’est en effet le pays qui devrait prendre la présidence tournante de cet important organe de la CEMAC après le Cameroun. Le République de la Centrafrique est sous le feu des critiques de la France depuis que le pays a été sollicité l’intervention des forces russes pour sécuriser ses institutions et les entreprises publiques.
Les forces françaises ont été contraintes de plier bagage après plusieurs années de présence soldées par un résultat très moyen.
Au pouvoir depuis 40 ans, Paul Biya pourrait donc profiter de la situation géopolitique de la sous-région pour se maintenir le plus longtemps possible à la tête de la CEMAC. L’homme n’affiche pas trop son amitié avec le président Faustin-Archange Touadéra. Le président centrafricain n’a jamais été reçu au Palais de l’Unité par son voisin. Lors de ses passages au Cameroun, il n’a droit qu’ à un service minimum assuré par le premier ministre Joseph Dion Ngute. D’autres sources indiquent que Faustin-Archange Touadéra débarque parfois au Cameroun en catimini. Il entretient de solides relations avec le controversé homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga.
Avant Paul Biya, le dernier président à diriger à la Conférence des chefs d’Etat de la CEMAC était l’ancien président Tchadien Idriss Deby Itno.