Actualités of Tuesday, 24 January 2017

Source: cameroon-info.net

CNC: Peter Essoka mélange tout, selon Xavier Messe

Xavier Messe dénonce le fait que les politiques se sont positionnés sur le centralisme jacobin Xavier Messe dénonce le fait que les politiques se sont positionnés sur le centralisme jacobin

«Un communiqué, signé du président du Conseil national de la communication, a été abondamment diffusé vendredi dernier sur les ondes de la radio nationale. Peter Essoka a, par ce canal, adressé une vigoureuse mise en garde aux médias. Il "porte à la connaissance des professionnels (...) et de l’opinion publique nationale et internationale que, dans la mouvance des revendications anti-démocratiques orchestrées depuis un certain temps dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, par des activistes socio-politiques au sujet du retour à la forme fédérale de l’État et des appels à la sécession, certains supports médiatiques offrent leurs espaces à la diffusion d’informations et de propos séditieux sur le problème anglophone".

Le patron du Cnc a ainsi averti "les médias contre toute publication ou diffusion des propos tendant à faire l’apologie de la sécession et du fédéralisme, sous peine des sanctions prévues par la réglementation en vigueur, allant de la suspension temporaire à l’interdiction définitive d’activité".

Cette sortie du Cnc ne saurait être jugée d'inopportune en ce moment. La guerre contre Boko Haram, les menaces de sécession des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest du pays, obligent les médias à avoir des traitements vigilants de l'information, à une conduite hautement professionnelle des émissions interactives organisées dans l'audiovisuel. Le Cnc est dans ses missions de veille et de rappels, afin que nul n'en n'ignore. Dans certaines rédactions, on n'a pas attendu cette mise en garde du gendarme de la communication pour faire ce qu'il y avait à faire. Cependant, le Cnc a mis dans le même panier les appels à la sécession et du retour au fédéralisme comme des dérapages professionnels. Pour le premier, la Constitution souligne, en son article 1er alinéa 2, que la "Re?publique du Cameroun est un État unitaire de?centralise?. Elle est une et indivisible, lai?que, de?mocratique et sociale". Il est hors de question de revenir dessus.

Par contre, le fédéralisme est une option politique d'un gouvernement. Il faut que cette option soit expliquée de manière convaincante aux populations, par les dirigeants qui l'ont choisie. Expliquer cette option est synonyme de débat ouvert et contradictoire. Les intellectuels, les journalistes et les politiques doivent prendre part activement à celui-ci. Le Cnc devrait-il donc l'interdire, dans une société dont les options démocratiques sont clairement proclamées dans la Loi fondamentale ? La réponse ne peut-être que négative.

Les politiques camerounais se sont positionnés sur le centralisme jacobin comme mode de gouvernance. Ce fut un quasi-dictat en parti unique de cette époque-là. Aucun débat démocratique n'avait précédé cette option. Les résultats auraient été surprenants, car, à scruter les horizons où le fédéralisme constitue une option pour le fonctionnement de l'État, par leur proximité avec l'appareil gouvernemental, les populations se sont toujours senties impliquées dans la gestion publique et les résultats ont aussi suivi cette implication, instaurant ainsi une transparence insoupçonnée.

Il convient donc d'éviter de brandir l'option fédéraliste comme s'il s'agissait d'un fauve ou d'un risque de péril démocratique. Il faut surtout éviter la surenchère contre ceux qui en parlent. En politique comme en gestion, rien n'est jamais acquis à vie. Tout change tout le temps. Les choix d'hier peuvent être revus aujourd'hui, toujours dans le souci de rechercher l'excellence et le bien-être de la communauté. Il faudrait bien que les politiques descendent dans l'arène pour expliquer et convaincre. Il n'y a point de place à la menace en démocratie. Il faut débattre, persuader et convaincre. Ce rôle-là incombe aussi au Cnc, surtout lorsqu'il veut arborer les habits du porte-parole des pouvoirs publics. Il s'expose, en le faisant, à la critique la plus acerbe et impitoyable venant surtout des médias».