Les médias à capitaux publics présentent la part de vérité de l’opérateur économique dans le litige qui l’oppose aux Sud-Africains. Le différend qui met aux prises, Baba Danpullo, opérateur économique camerounais aux entreprises de droits sud-africains, prend les contours d’une affaire d’Etat. Et pour cause, lundi 18 juin, le poste national de la Cameroon Radio and television (Crtv) a ouvert son journal parlé par les déboires de l’homme d’affaire camerounais au pays de Mandela.
Pour enfoncer le clou, François Marc Modzom, éditorialiste, au style léché et au timbre vocal purement radiophonique, monte au créneau. Un éditorial est servi aux millions d’auditeurs à un moment de grande écoute. Cet éditorial fait des gorges chaudes, en montrant que dans l’affaire qui oppose l’entrepreneur économique à ses partenaires sud-africains, la fibre patriotique camerounaise doit prévaloir. Ce d’autant qu’il s’agit des avoirs d’un compatriote en mauvaise posture à l’étranger, victime expiatoire d’une xénophobie.
Or, lorsqu’on gratte le vernis sur les déclarations, sous serment, des parties en Justice et des arrêts rendus, disponibles en ligne, il en ressort que les entreprises immobilières du sieur Baba Danpullo, ont été placées sous redressement judiciaire, et plus tard en liquidation. Motif, défaut de remboursement de ses multiples dettes. Ensuite, une déclaration sous serment de Danpullo himself, relate sans équivoque, tous les faits de ses prêts auprès des banques. Sans occulter les difficultés à rembourser. Toutes choses qui laissent penser que des contre-vérités se sont glissées dans le traitement rédactionnel et éditorial de cette affaire par le poste national.
Liquidation
Selon ce média pro-gouvernemental, les déboires de Danpullo ont commencé pendant la pandémie du Covid avec le ralentissement des affaires et la non-flexibilité de ses banquiers autour des remboursements non effectués. La réalité est toute autre. Bon à rappeler, le Covid commence en Afrique du Sud en 2020. Hors, Danpullo dans sa propre déclaration sous serment devant la Justice sud-africaine, atteste que ses défauts de paiement à ses banquiers ont débuté en 2018. Dans la même veine, l’homme d’affaire contracte des multiples dettes auprès de banques sudafricaines, à partir de 2015. Des chiffes sont éloquents. 16,8 milliards Fcfa, 8,5 milliards Fcfa, 6,9 milliards Fcfa, 4,6 milliards Fcfa L’homme d’affaire le plus riche du Cameroun ne parvient pas à rembourser ses dettes depuis 2018. Des sommations lui sont servies pendant deux ans avant qu’en mi-2020, ses entreprises immobilières soient placées sous redressement judiciaire avant l’ultime étape de liquidation. Fait curieux pour un multimilliardaire !
Caution
D’après les sources du journal Le Messager, «les prêts étaient presque tous remboursables, en 10 ans. Et ce, a travers des paiements mensuels comprenant des intérêts. Les accords de prêt prévoyaient qu'en cas de défaut de paiement, la totalité de la somme empruntée serait immédiatement due ».
Une disposition, somme toute classique dans le traitement des prêts bancaires. Pis encore, Baba Danpullo a lui-même, signé comme caution pour ces prêts, la totalité de son parc immobilier en Afrique du Sud. Ses avoirs sont une gratte ciel de 32 étages à Johannesburg, plusieurs autres centres commerciaux dans différentes villes, comme le Cap. En créant plusieurs entreprises pour gérer ses différents immeubles, il a instruit à chacune de se porter garant des dettes contractées. Résultats des courses, il se retrouve insolvable.
Toutes ses entreprises sont aussi, solidairement, devenues responsables, à défaut d’être saisies. En un mot comme en mille, l'implication des médias à capitaux publics dans cette affaire, insinue que le Cameroun en a fait une affaire d'État. Ajouter à cela les comportements teintés de partialité de certains juges qui empêchent la manifestation de la vérité.