Dans une nouvelle missive ce lundi 03 juillet au matin, Boris Bertolt dévoile comment Ferdinand Ngoh Ngoh aurait trafiqué le communiqué du Conseil d'administration de la SNH et suscité le courroux d'Adolphe Moudiki.

Tout le Cameroun s'accorde pour dire que c’est une bataille inédite au sommet de l’Etat camerounais qui oppose officiellement depuis plusieurs semaines, le président du Conseil d’Administration de la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH), Ferdinand Ngoh Ngoh au directeur général, Adolphe Moudiki.

Selon le texte de Boris Bertolt, le dernier épisode de cette grosse bataille concerne en date, la première session de l’année 2023 qui s’est tenu le 13 juin 2023. Le communiqué final lu sur les antennes de la CRTV, la chaîne de télévision nationale comporte à sa fin une phrase : « Le Conseil a enfin décidé du gel de la transaction conclue le 19 avril 2023 entre SNH et Savannah Energy ». Pour le lanceur d'alerte, cette phrase a provoqué beaucoup de remouds, lecture.

« Une dernière phrase qui provoque le courroux et la consternation chez les Moudiki (y compris chez la femme, Nathalie Moudiki, directrice des affaires juridiques de la SNH et considérée par certains comme la véritable patronne de la boîte). Car dans la version du communiqué final préparé par la SNH que nous avons pu consulter, cette phrase n’existe pas. Le communiqué de la SNH fait mention du fait que la SNH a payé à l’Etat 16,259 milliards Fcfa d’impôts et taxe et se termine par ces termes : « Le conseil a salué ces bons résultats et a approuvé les comptes de la SNH pour l’exercice 2022 ».

Ferdinand Ngoh Ngoh est accusé d’avoir récupéré la version du communiqué final préparé par la SNH et d’y avoir ajouté l’élément sur l’affaire Savannah avant de le rendre public. Ce que les Moudiki ont perçu comme un coup de poignard dans leurs dos.
Car, Savannah Energy qui a déclenché récemment une crise diplomatique entre le Cameroun et le Tchad est au centre de la bataille entre Ferdinand Ngoh Ngoh et les Moudiki depuis plusieurs semaines. Mais, les différents entre les deux tourtereaux remontaient à plusieurs mois. Ferdinand Ngoh Ngoh accusant Adolphe Moudiki de ne pas respecter sa position de président du Conseil d’Administration de la SNH. Des proches de l’actuel secrétaire général de la présidence de la République ont d’ailleurs été remplacés sans qu’il ne soit consulté.

En effet, Ferdinand Ngoh Ngoh n’était pas informé de la décision de la SNH du rachat le 19 avril 2023 des actifs de Savannah Energy dans Cotco pour un montant de 44,9 millions de dollars. Lorsque cette opération déclenche le courroux de la partie Tchadienne, un conseil d’administration de Cotco qui doit définitivement valider l’accord doit se tenir à Paris le 25 avril 2023.

En date du 22 avril 2023, Paul Biya qui se trouve en Mvomeka’a, son village natal a un entretien téléphonique avec Adolphe Moudiki en fin de matinée. Ce dernier lui réitère qu’il s’agit d’une opération visant à augmenter le capital du Cameroun dans le Pipeline Tchad – Cameroun. Le chef de l’Etat camerounais l’autorise à se rendre à Paris. Ferdinand Ngoh Ngoh n’est pas d’accord avec la démarche d’Adolphe Moudiki et tente de le joindre sans succès tout le week-end. Les Moudiki avaient quitté le Cameroun quelques heures après leur entretien avec Paul Biya.

C’est alors que Ferdinand Ngoh Ngoh envoie à travers l’ambassadeur du Cameroun à Paris, une correspondance pour demander à Adolphe Moudiki d’attendre les instructions du chef de l’Etat. Le directeur général de la SNH n’en tient pas compte. Car, il sait qu’il a eu l’autorisation du chef de l’Etat. Les deux administrateurs camerounais au sein de Cotco, parmi lesquels Judith Menguele, représentante du ministère des Finances, votent en faveur de Savannah et l’accord autour de 44,9 millions de dollars est scellé.

Ferdinand Ngoh Ngoh y voit un nouvel affront. Un autre Conseil d’Administration de Cotco est prévu à Paris pour le 24 mai 2023. Le secrétaire général de la présidence de la République, adresse un courrier au ministre des Finances lui faisant savoir que le chef de l’Etat demande le retrait du soutien des représentants du ministère des Finances au sein de Cotco à Savannah Energy au prochain Conseil d’Administration et d’approuver la position Tchadienne.

Louis Paul Motaze répercute ces instructions à Judith Menguele. Ce qui sera fait.
Judith Menguele, en dépit des pressions d’Adolphe Moudiki refuse d’approuver les résolutions proposées par Savannah Energy sur les activités bancaires de Cotco, le remplacement du président directeur général de Cotco et le rapport d’activité de la société. Par contre, la représentante du ministère des Finances prend part aux assemblées générales ordinaires organisées par le Tchad en l’absence de la SNH et de Savannah Energy. Adolphe Moudiki perçoit cela comme un affront. Mais y voit plutôt Ferdinand Ngoh Ngoh à la manœuvre.

Le 30 mai 2023, le directeur général de la SNH adresse deux correspondances dans lesquelles il demande le remplacement de Judith Menguele au sein du Conseil d’Administration de Cotco. L’une à Louis Paul Motaze et l’autre au président de la République. En date du 8 juin 2023, Ferdinand Ngoh Ngoh fait savoir au directeur général de la SNH que Paul Biya « instruit le maintien de Menguele Judith dans ses fonctions de représentante du ministère des Finances au Conseil d’Administration de la société Cotco ». Le même courrier est transmis à Louis Paul Motaze. Un autre camouflet pour Adolphe Moudiki.

L’épisode du communiqué du dernier Conseil d’Administration de la SNH du 13 juin 2023 est donc perçu comme une déclaration de guerre chez les Moudiki qui se sont toujours considérés comme des proches et fidèles du couple présidentiel. Il est un secret de polichinelle à Yaoundé que Nathalie Moudiki est une intime de Chantal Biya. Mais Ferdinand Ngoh Ngoh qui est le secrétaire général de la présidence de la République avec le plus long séjour à ce poste considère la femme du chef de l’Etat comme sa « mère » et cette dernière le décrit souvent comme son « fils ». Mais Adolphe Moudiki peut compter sur une amitié de près de 50 ans avec Paul Biya. N’empêche que l’actuel secrétaire général de la présidence de la République a proposé le remplacement de l’actuel directeur général de la SNH et les prétendants se bousculent » écrit Boris Bertolt.