Alors que la presse camerounaise est dans le brouillard concernant la convocation de Roger Chantal Tuile et certains de ses paires, Boris Bertolt donne des indices concernant le fond du problème dans un récit où sont cités Oswald Baboké et la Première Dame Chantal Biya.

« En Tunisie, quelques années avant la chute du président Ben Ali, la tension monte dans le pays. Pas seulement parce que la vie est chère, mais également parce que la femme du président, une certaine Leila Trabelsi, est accusée de semer le chaos et le désordre dans l’administration. Ben Ali avait épousé Leila en seconde noces en 1992. Une femme issue des milieux populaires qui va au fil des temps étendre son emprise sur l’Etat avec un président vieillissant et fatigué. Leila Trabelsi sera accusée d’être à l'origine d'une généralisation de la corruption dans son pays, dont les principaux bénéficiaires sont les membres de sa propre famille, les Trabelsi, qualifiés selon les observateurs et les diplomates en Tunisie de « clan quasi-mafieux ».

Le cas Tunisien semble parler aux camerounais où la première dame Chantal Biya, qui a également épousé Paul Biya en seconde noces en 1994, issue également des milieux populaires, est aujourd’hui présentée comme étant au cœur d’un système mafieux qu’elle entretient en maintenant coûte que vaille ses proches au plus hautes fonctions de l’Etat et en n’hésitant pas de s’impliquer dans les affaires « juteuses ». Désormais, son nom revient à toutes les sauces : Savannah Energy, Can 2019, COVID, Port de Douala, Port de Kribi, CICAM, elle est partout. Ses intérêts et ceux de sa famille sont protégés par deux hommes : le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh allias l’homme à la punk et le directeur adjoint du cabinet civil de la présidence de la République, Oswalde Baboke.

OSWALDE BABOKE

Sauf que ces derniers utilisent désormais leurs positions pour faire avancer leur propre agenda. Ainsi, le 7 mai 2023 en fin d’après – midi, sur instruction de la présidence de la République, trois gendarmes ont procédé à l’interpellation du journaliste Patrick Sapack aux alentours de 11h. Sapack a été sauvagement bastonné. C’est comme cela que Sapack appelle Tuile et lui dit: « si tu ne viens pas ils vont me tuer». C’est ainsi que Tuile débarque et est également arrêté. Ils seront détenus pendant plusieurs heures à la brigade de gendarmerie de Mvan à Yaoundé avant d’être libéré vers 2h du matin.

Dans la même lancée, d’ autres personnes sont également recherchées. 6 personnes sont de nouveau attendues le mercredi 10 mai 2023 à la gendarmerie pour être auditionnées pour les faits de : « OUTRAGE AU CHEF DE L’ETAT ET INJURE ENVERS LA FAMILLE PRESIDENTIELLE ».

Au cœur de cette nouvelle affaire, un programme dont j’en ai régulièrement fait échos « L’Eveil de l’Est ». Des messages politiques principalement adressés aux populations de l’Est Cameroun dont Chantal Roger Tuile et Patrick Sapack en sont les initiateurs. Sauf que dans leur dernière livraison, les auteurs de l’Eveil de l’Est parlent de l’affaire Savannah en mettant en cause Franck Biya mais surtout le fils de Chantal Biya, Franck Hertz. Ils retracent dans un premier temps l’enfance de Chantal Biya à Moundi. Ils précisent à cet effet : « Les pasteurs de l’église du diable, Oswalde et Crécence n’existent pas ». Une référence au pasteur également directeur adjoint du cabinet civil, Oswalde Baboke et sa femme Crécence.

GARCON DE COURSE

L’Eveil de l’Est enfonce encore plus le clou en soulignant : « Thierry Eba, Metcham Me Nzie, Kamba Hortense, Ishouam Paul, Ndanga Nguarba, Yaro Ernest, Boulama Pascal, ce sont les représentants de l’Eveil de l’Est dans les quatre départements de la région de l’Est. C’est eux qui répandent le message de l’Eveil de l’Est auprès des 3500 membres. Est-ce que la première dame sait que ces personnes se sont rendues à la résidence de Baboke Oswalde et que ces personnes ont été sauvagement bastonnées avant d’être invitées à se rendre à l’église du diable à Mvog - Ada ».

Le directeur adjoint du cabinet civil, par ailleurs directeur de protocole et conseiller de Chantal Biya, considéré dans le sérail comme « son garçon de course depuis des années » n’a pas digéré cela. Profitant de son lien avec la première dame, prétextant que c’est la famille présidentielle qui était attaquée alors qu’il s’agit de lui, a décidé d’utiliser la gendarmerie pour jeter en prison des journalistes originaires de sa région natale qui dénoncent l’oubli, l’abandon et le pillage de l’Est également par les ressortissants de l’Est.

Cerise sur le gâteau, aucune plainte n’a été déposée. Lorsque les personnes arrêtées et convoquées demandent aux gendarmes l’objet de leurs convocations, ils répondent : « Allez-vous entendre avec votre frère de l’Est ». Le commanditaire est donc connu. D’ailleurs Oswalde Baboke a donné des instructions aux gendarmes qu’ils soient arrêtées et fouettés. »