Actualités of Wednesday, 14 September 2022

Source: Réalités Plus du 13-9-2022

CRTV : une bombe à retardement

La tension monte à la CRTV La tension monte à la CRTV

Malgré les records battus dans la retransmission des évènements sportifs internationaux et des évènements de Souveraineté au Cameroun, malgré l’acquisition d’un matériel moderne et sophistiqué décidé par le Président Paul Biya, le déploiement salutaire de ses personnels; la Cameroon Radio TeleVision souffre dans son ventre. Pas suffisamment d’argent pour subvenir à tous les besoins. La Redevance audiovisuelle qui jadis servait uniquement à la CRTV, resoud d’autres affaires de la République. Trop d’intrigues dans les démembrements de la CRTV. Les Anglophones revendiquent l’équité lors des nominations des personnels, les Stations Régionales fonctionnent au rabais faute de moyens suffisants et réclament la décentralisation. Le Conseil d’administration est bloqué par les problèmes anglophones.

Les personnels se regardent en chat et souris. Frais de congés et mission difficilement payés. Les retraités de la CRTV préparent un sitting au parking du dg à Mballa II pour réclamer le paiement de leurs dus qui remontent à l’ère Mendo ZE et Vamoulké et interrompre le journal de 20h30 un soir. Il faut vite faire pour débloquer la CRTV et permettre au DG Charles Ndongo de travailler dans la sérénité et avec efficacité. Les performances fortement applaudies ces dernières années de la CRTV ne sauraient voiler le malaise qui persiste, et qui risque de tirer la Maison vers le bas si rien de bon n’est fait.

Vu de l’extérieur la CRTV affiche une physionomie éclatante. Un immeuble abritant le Poste national toute pimpante au quartier Nlongkak. Un immeuble siège Tour d’ivoire à Mballa II à Yaoundé. La maison a 10 démembrements appelés Station régionales implantées dans chaque chef-lieu de Région appuyée pour la plupart par des Chaînes FM de proximité. Yaoundé FM 94, Douala Suelaba FM, FM Kribi.

FM Yagoua, FM Kousseri, Mount Cameroon FM. Depuis juin 2016, la CRTV est dirigée par Charles Ndongo assisté par Emmanuel Wongibe. Elle compte environ 2000 personnels. Le Président Paul Biya a pris des mesures historiques pour doter la CRTV d’un matériel de travail de pointe et des équipements pour une Radio et une Télévision modernes et futuristes. L’acte du Chef de l’État a permis à Charles Ndongo et son équipe de se hisser au sommet de la montagne dans la couverture des évènements majeurs. Couverture réussie : de la CAN football féminin en 2016, de l’élection présidentielle et de la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, la CAN 2021, tous les évènements de Souveraineté au Cameroun. Ici et là CRTV a reçu la mention Très Honorable. Mais ces résultats cachent le malaise que traverse la CRTV depuis plus d’une décennie.

Les charges et obligations ont triplé. La Redevance audiovisuelle qui aidait la maison à résoudre ses problèmes sert d’autres chapitres. A l’intérieur, ça ne va pas à la CRTV on travaille avec une mine grise. Voici les problèmes de la «Fille aîné de Paul Biya».

La redevance audiovisuelle remise à la CRTV en miettes

Sous le Pr. Gervais Mendo Ze et un peu sous Amadou Vamoulke, les fonds issus de la Redevance audiovisuelle revenaient entièrement à la CRTV qui les produit. Les DG étaient libres d’utiliser ces milliards de FCFA pour résoudre les problèmes qui s’affichaient sans demander les secours. Production des programmes Radio TV, paiement des frais de production, paiement des frais de mission, paiement des frais des congés, paiement des primes spéciales annuelles appelées C40, dotations financières aux Stations régionales CRTV, règlement rapide des différentes factures... Depuis 2010, la Redevance audiovisuelle ( argent que produit la CRTV qu’on retient des salaires des fonctionnaires) est logée à la Trésorerie générale de Yaoundé et ne sert plus entièrement à la CRTV comme avant. Et tout joue contre le fonctionnement de la Maison. Exemple : Selon ses besoins, la CRTV demande au TPG de Yaoundé 100 millions de FCFA. Elle va attendre des jours, voire des semaines, avant de se voir servir 20 millions de FCFA. Motif : « Il y a d’autres chats à fouetter au Cameroun cet argent sert à d’autres chapitres ». A écouter les uns et les autres, c’est d’ici que part la misère que vit la CRTV.

On ne paie plus comme avant a la CRTV

Les frais de congés ne sont plus payés comme avant. On va en mission mais le paiement des frais est rendu difficile. Tous les documents sont parqués dans les services compétents. «Aller en mission fait peur à la CRTV parce qu’on est pas sûr d’être payé... On a perdu le goût d’aller en congés annuel sachant qu’on n’aura pas les frais y afférents prévus par la loi. Tout ceci démotive le personnel qui se demande s’il travaille vraiment pour un organe étatique». A-t-on appris.

Les revendications des personnels originaires du Sud-Ouest et du Nord-Ouest

A la CRTV on parle des revendications des Anglophones qui sont convaincus d’être marginalisés et ont décidé de crier partout dans la République. Leurs plaintes : « tous les postes de Directeur sont occupés par les Francophones même ceux qui sont moins gradés, trop de discriminations dans les recrutements où 2% d’Anglophones figurent sur les listes, le mépris à l’endroit des personnels anglophones, le gros des Anglophones est adjoint, l’abandon des Anglophones...». Le climat de travail étouffe à cause de ces revendications. Les Anglophones de la CRTV soutiennent qu’ils sont à l’étroit, malmenés par certains proches du Top management.

Travailler dans un climat de chat et souris

A la CRTV, toute enquête menée, les gens se soupçonnent à tous vents. Il y un air de méfiance et de vengeance. D’aucuns dénoncent ce qu’ils appellent « clans». Des clans qui bagarrent. Dans un environnement où le commérage passe avant tout. Certains Directeurs seraient accusés d’animer des clans de « Congossa » pour contrôler la CRTV, sous la barbe du DG Charles Ndongo, qui n’a la tête qu’au travail.

Les misères des stations régionales et chaînes FM de la CRTV

Les personnels des Stations régionales se plaignent beaucoup et pensent qu’ils sont les oubliés de la CRTV. On attend tout de Yaoundé. Tant pis pour le temps que ça mettra. Les Stations régionales CRTV réclament la Décentralisation en interne. Le fait d’attendre tout de Yaoundé affecte le fonctionnement de ces structures incontournables pour la CRTV. « Depuis le DG Amadou Vamoulke, pour avoir, une rame de papier, un stylo, un CD, ou n’importe quel matériel, il faut attendre que Yaoundé l’envoie. Le matériel roulant est délabré obligeant les Reporters de travailler assis dans les véhicules des autorités régionales. Il n’y a pas moyen. Est le mot de passe. Les locaux des Stations régionales ne sont pas entretenus comme il se doit. Ceci pousse au découragement ». Indiquent plusieurs sources

Conseil d’administration troublé par les questions anglophones

Pour la énième fois, les textes devant nommer les nouveaux responsables de la CRTV ont été reportés au terme du récent Conseil. Le Conseil d’administration que dirige le ministre de la Communication René Sadi est buté aux revendications des Anglophones. Il s’agit d’un vieux problème. A défaut de faire fifty fifty, les personnels Anglophones de la CRTV exigent que ces nominations revoient à la hausse le taux des cadres de langue anglaise. Ils veulent également voir plus d’Anglophones chefs pleins et non adjoints. La conséquence négative de ce blocage est le fonctionnement au ralenti des structures. Certains cadres ont pris leur retraite et les postes sont vides. Beaucoup ont demandé de changer d’air mais ils sont sur place. Dans les services centraux à Yaoundé, comme dans les Stations régionales CRTV, l’ambiance est morose. Et cela joue sur les rendements attendus par le Top management.

La menace des retraités de venir faire un Sitting au parking du DG à Mballa ii et de stopper un journal de 20h30

S’il y a une autre épine aussi violente sous les pieds du DG de la CRTV, c’est le dossier brûlant des personnels retraités. Plusieurs centaines, ils ont créé tout un Forum WhatsApp pour pleurer tous les jours, que Charles Ndongo puisse résoudre leurs problèmes, dont la plupart date de l’ère Amadou Vamoulke, et tous liés à l’argent. Sur le Forum des retraités de la CRTV ces problèmes défilent en boucle : l’argent des retraités jamais payés depuis des années sous le prétexte qu’il n’y a pas d’argent, cotisation de la CNPS (1987-2004) jamais remboursées comme l’avait instruit le PM en novembre 2017, pour éviter à la CRTV des procès, le non-paiement des frais des obsèques aux familles endeuillées lorsqu’un retraité de la CRTV meurt... Selon certains retraités, «tous ces problèmes sont connus par le Conseil d’administration, mais on dit toujours qu’il n’y a pas d’argent, on gère les urgences par le peu dont dispose la CRTV ».

Plusieurs fois annoncées plusieurs fois reportées, la marche des retraités sur la CRTV serait toujours en préparation. «Nous avons prévu aller nous asseoir au parking du DG à Mballa déjà deux fois, mais il n’était pas là... Nous irons au studio un soir arrêter le journal de 20h30 pour exprimer notre colère à toute la nation...Si Charles Ndongo n’a pas l’argent notre père Paul Biya débloquera l’argent pour nous payer... Nous mourrons comme des mouches faute d’argent de notre retraite pourtant nous avons bien servi la CRTV pendant trente ans et plus...», déclare un groupe de retraités. Ainsi se porte la CRTV, 18/20 à la retransmission des grands événements. Mais à l’intérieur, le malaise est perceptible dans tous les compartiments. Il faut doter la CRTV des moyens qui riment avec sa dimension, son envergure, son volume de travail Radio et TV.

Il faut réconcilier les personnels Anglophones et Francophones en appuyant sur équité. Il faut tenir compte de toutes les composantes lors de la répartition des postes. Il faut plus d’argent pour régler les problèmes de tous les personnels. Il faut équilibrer les recrutements , doter les structures opérationnelles des moyens de production et surtout décentraliser la gestion. Les Stations régionales continuent d’aller à Yaoundé chercher le matériel de bureau, le carburant et autres consommables de production. Porte-voix des Pouvoirs publics, la CRTV n’a pas besoin des bruits des bottes.