L’entreprise est en pleine restructuration afin de mieux rationnaliser ses dépenses.
«Ça va mal », a fini par lâcher le directeur général de Camair Co, Jean Paul Nana Sandjo, en avril dernier, dans une interview avec nos confrères de Cameroon Tribune. Avec une dette de 30 milliards F.Cfa accumulés en 4 ans d’existence, c’en est trop pour la compagnie de transport aérienne publique.
Des sources internes à l’entreprise indique en plus que l’Etat, le seul actionnaire, y met une subvention mensuelle de 8 milliards F.Cfa.
Le problème n’est pas tant l’endettement, car Camair Co a fait des investissements qui seront rentabilisés à coup sûr. Allusion est ici faite aux avions de type MA60 acquis auprès du constructeur chinois Avic International.
C’est la qualité de la dépense qui a toujours fait problème, semble-t-il, au sein de cette jeune entreprise qui avait tant besoin de rigueur pour un décollage réussi dès le vol inaugural du 28 mars 2011.
Le niveau d’endettement de Camair Co a une bonne part de mauvaises dépenses effectuées. La restructuration s’imposait donc, a reconnu le Dg de la compagnie nationale. « Camair Co a démarré dans des conditions qui ont créé beaucoup de dettes. Aujourd’hui, nous sommes en redressement.
Si on fait la photographie de Camair Co aujourd’hui, on verra une image qui n’est pas bonne parce que nous avons 700 employés et trois avions. Les ratios ne sont pas bons, ils sont supérieurs à la moyenne (…) Nous devons ramener le ratio flotte-employés à moins de 150. Nous sommes à 250 », a expliqué Jean Paul Nana Sandjo.
En d’autres termes, pour une petite société comme Camair Co, le personnel doit être réduit au moins au tiers pour que la masse salariale soit tenable. Le Dg n’a évoqué qu’un exemple. Il y a la location d’une partie de l’immeuble La Rotonde à Douala qui abrite encore aujourd’hui les services de Camair Co.
Des sources indiquent que le loyer annuel est d’environ 200 millions F.Cfa. Et voilà 2 ans que le départ est annoncé. Par ailleurs, l’entreprise a pendant un moment payé au prix fort l’entretien de ses 3 aéronefs par Lufthansa, au nom de la qualité, expliquait-on.
Finalement, elle s’est rabattue sur Ethiopian Airlines pour des coûts plus raisonnables, sans dire si le service est désormais de moindre qualité. La facture de carburant a baissé elle aussi depuis que la compagnie Tradex est le nouveau fournisseur.
Factures impayées
Entre temps, Camair Co n’a pas toujours réglé ses factures. Au terme de l’exercice budgétaire 2012, une partie de la dette était constituée d’au moins 4 milliards F.Cfa due à l’Autorité aéronautique, plus de 3 milliards non payés aux Aéroports du Cameroun (Adc) ; alors que l’Asecna attendait près d’un milliard, sans compter la dette de carburant que réclame Tradex.
La note Camair Co est bien lourde pour l’Etat alors qu’en avril dernier, le ministre des Transports, Robert Nkili, a reconnu qu’il est « de plus en plus rare » de voir « une société à capitaux exclusivement étatiques ».
Pourtant, ce n’est pas un actionnaire privé qui finance actuellement le plan de restructuration de la compagnie. C’est un consortium de banques locales menées par Ecobank Cameroun.