Dans un contexte camerounais où les déguerpissements ou évictions ont frappé environ 250 000 personnes entre 1997 et 2016, avec un taux d’accessibilité des victimes d’évictions à l’aide publique au logement nul, auquel il faut ajouter le déficit en matière de logement qui s’élève à près de 1 200 000 unités soit un peu plus de 100 000 logements à construire par an pendant 10 ans pour venir à bout de cette crise, l’Ong ASSOAL a initié en 2015 le projet pilote ONDAL.
Il s’agit de l’Observatoire national du droit au logement (ONDAL), qui a pour objectif global d’appuyer la réalisation du droit au logement des ménages menacés ou victimes d’expulsion en débattant, avec des interlocuteurs gouvernementaux, sur des solutions alternatives de logement social».
La restitution de cette étude a permis de présenter aux éventuelles collectivités bénéficiaires, ministères chargés des questions de l’habitat et administrations publiques concernées trois modèles traditionnels de logements adaptés aux différentes zones écologiques.
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Des maisons construites en planches, en briques de terre et en béton sur une superficie de 70 m2 ou 80 m2 pour un coût respectivement de 5,5 millions FCFA, 6,5 millions FCFA et 7,5 millions FCFA.
Destinés aux couches vulnérables et défavorisées, il est question pour l’organisation de la société civile, ASSOAL de faire adopter ces modèles intégrés de logement social alternatif au gouvernement, aux autorités locales et aux citoyens.
«Nous essayons à travers ce projet de montrer au gouvernement qu’on peut avoir des maisons à des coûts largement plus accessibles et construites avec des matériaux locaux afin de faire adopter ou valider ces modèles dans une éventuelle politique de l’habitat pour permettre aux couches défavorisées ou qui n’ont pas assez de moyens d’accéder à un logement décent», affirme Dominique Essono, responsable des programmes à l’ONG ASSOAL.
Surtout que depuis 2007, le gouvernement a lancé le programme 10 000 logements et 50 000 parcelles dans les villes de Yaoundé (Olembé), de Douala (Mbanga Bakoko), mais aussi Bafoussam, Bamenda, Sangmélima et Limbé.
Au final, malgré des milliards de FCFA dépensés, 3 500 logements seulement sont jusqu’ici construits et curieusement ont du mal à être occupés faute aux limites de ciblage, de fixation du coût (35 000 000 FCFAl’unité) et au système de paiement (cash).
On comprend pourquoi les collectivités bénéficiaires, présentes à l’atelier de restitution de cette étude, ont apprécié à leur juste valeur ces modèles. «Le gouvernement doit financer ces modèles, ce d’autant plus que tels qu’ils sont conçus, ces logements sont vraiment à notre porté. Contrairement aux coûts des logements sociaux proposés jusqu’ici par le gouvernement qui sont proposés à des montants allant de 25 à 50 millions FCFA», soutient Jean Baptiste Bontsebe, Porte-parole de la plateforme de lutte contre les évictions forcés au Cameroun et président du collectif des victimes des déguerpissements de PK14 - PK17 pour la construction par l’Université de Douala du campus de Logbessou.
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Dans le même élan, les familles vivant dans les habitations précaires, sous équipés et non structurés, mieux dans l’anarchie et le désordre urbain disent porter toute leur espoir sur la réalisation de ce projet afin d’aspirer à des habitations décentes. «Nous sommes intéressés par ces logements sociaux que nous pouvons acquérir à vil prix, mieux à la hauteur de nos revenus», souligne Jean Martin Tchakounté, président du comité de développement des habitants de la zone de recasement de Ndogpassi 3 à Douala.