Amsterdam, 1 février 2023 | Le 22 janvier 2023, la dépouille du journaliste Martinez Zogo a été retrouvée sur un terrain nu à Ebogo 3, une banlieue de Yaoundé, la capitale du Cameroun. Selon les témoignages de la famille de la victime et de ses confrères, le corps de Martinez Zogo porte d’importantes traces de tortures. 5 jours plus tôt (le 17 janvier 2023), l’animateur de l’émission « Embouteillages » sur la radio « Amplitude FM » a été enlevé près d’une brigade de gendarmerie alors qu’il se rendait à son domicile.

Avant son enlèvement puis son assassinat, Martinez Zogo menait des investigations avec Paul Chouta, lanceur d’alerte et journalise à CamerounWeb sur des cas de détournement au ministère des Finances et au ministère de l’Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire. Les ennuis des deux journalistes ont commencé lorsqu’ils déclarent être en possession de documents compromettants impliquant certaines personnalités et homme d’affaires de l’État. Depuis, ils reçoivent des messages d’intimidation et de menaces.

« Le 9 janvier 2023 à 13h55, le regretté Martinez Zogo m’appelle sur mon téléphone pour me dire qu’il a appris auprès des sources dignes de foi que nous qui travaillons sur ces dossiers sommes en danger et que des gens qui y seraient impliqués ont juré de nous ôter la vie », a écrit Paul Chouta dans une lettre ouverte adressée au président de la République Paul Biya.

Le 19 janvier 2023 alors que Martinez Zogo était porté disparu, le journaliste et lanceur d’alerte camerounais Remy Ngono déclarait être en possession d’une liste de personnes à abattre sur laquelle figurent Paul Chouta et Haman Mana, le directeur de publication du journal Le jour. Paul Chouta déclare être suivi depuis plusieurs jours par des individus suspects. « Dimanche dernier à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé lorsque nous y accompagnons la dépouille de Martinez Zogo, j’ai été filé par des individus à bord d’un véhicule de marque Hyundai de couleur noire aux vitres fumées », relate Paul Chouta.

AW Free Foundation dénonce l’assassinat du journaliste Martinez Zogo et interpelle les autorités du Cameroun afin que les auteurs de ce crime crapuleux soient identifiés et traduits en justice pour qu’ils répondent de leur acte. L’assassinat de Martinez Zogo constitue un crime contre la liberté d’expression.
« La liste des victimes des violences contre la presse au Cameroun s’allonge inexorablement. Pourtant, aucune décision courageuse n’a été prise par le gouvernement pour enrayer cette spirale mortifère et renforcer la protection des journalistes dans le pays”, déplore Emmanuel AGBENONWOSSI, Directeur Exécutif de AW Free Foundation.

“Les autorités doivent de toute urgence identifier et traduire en justice les responsables de la lâche exécution de Martinez Zogo et prendre les mesures appropriées pour assurer la protection du journaliste Paul Chouta, sa famille et tous les professionnels de média en danger.”

AW Free Foundation rappelle que le journaliste Paul Chouta dont la sécurité est menacée a échappé le 09 mars 2022 à une tentative d’assassinat. Il fut enlevé par des hommes non identifiés en plein cœur de la capitale Yaoundé, torturé et laissé pour morts dans des circonstances similaires à celles de Martinez Zogo. Le résultat de l’enquête n’a jamais été rendu public un an après l’attaque.

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