Actualités of Monday, 14 August 2023

Source: Investir au Cameroun

Cameroun - BM : Nalova et Tchiroma renforcent leur emprise sur la gestion d’un projet de plus 73 milliards FCFA

Le projet affiche un taux de décaissement de 14%, près de 3 ans après son approbation Le projet affiche un taux de décaissement de 14%, près de 3 ans après son approbation

Déjà maîtres d’ouvrage et coprésidents du comité de pilotage, les ministres des Enseignements secondaires (Minesec) et de l’Emploi et de la Formation professionnelle (Minefop), ont réussi, après plus d’un an de manœuvres, à obtenir que leur soient transférées les compétences du ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) en matière de recrutement du coordonnateur général (CG) du Projet d’appui au développement de l’enseignement secondaire et des compétences pour la croissance et l’emploi (Padesce). Ce projet, financé par la Banque mondiale à hauteur de 73,8 milliards de FCFA et par l’État du Cameroun (286 millions de FCFA déjà alloués), « est censé améliorer l’accès équitable à un enseignement secondaire de qualité et à une formation technique et professionnelle adaptée au marché ».

L’information est donnée par Alamine Ousmane Mey lui-même. « Pour permettre aux maîtres d’ouvrage de pouvoir conduire en toute sérénité le processus de recrutement d’un nouveau coordonnateur général (…), dans un délai de trois mois, il est apparu nécessaire d’amender le manuel de procédures en transférant les compétences en matière de signature du contrat du coordonnateur général au Minesec et au Minefop. D’ores et déjà, ces derniers vous transmettront dans les prochains jours, pour avis de non-objection, les termes de référence pour le recrutement d’un nouveau coordonnateur général pour le Padesce », écrit le Minepat, dans un courrier adressé, le 25 juillet, au directeur des opérations (DO) de la Banque mondiale pour le Cameroun, Cheick Kanté.

La lettre du Minepat, dont Investir au Cameroun a obtenu copie, est, en fait, une réponse à une correspondance du DO à lui adressée le 13 juin dernier. Cheick Kanté y sollicite « la confirmation et les dispositions appropriées pour la mise en œuvre du Padesce », après avoir reçu deux courriers et une décision, consignés par les deux maîtres d’ouvrage. Dans ces documents, Pauline Nalova Lyonga et Issa Tchiroma Bakary se plaignent de leur non-implication dans le processus de recrutement du CG du Padesce, et informent la Banque mondiale du limogeage du titulaire du poste en la personne de Paulette Ngo Bayiha, de la nomination d’un intérimaire au nom de Sophie Mbenoun et du souhait de recruter un nouveau CG. Cheick Kanté requiert l’avis d’Alamine Ousmane Mey parce que certaines décisions prises par le Minesec et le Minefop sont de la compétence du Minepat, au regard des textes régissant alors le projet.

Dédommagement de Paulette Ngo Bayiha

Après plusieurs tractations, qui ont impliqué les services du Premier ministre et la présidence de la République, le Minepat, principal interlocuteur des partenaires au développement du Cameroun, a donné la réponse du gouvernement dans son courrier du 25 juillet. Et le moins qu’on puisse dire est que Nalova et Tchiroma ont obtenu gain de cause sur toute la ligne. En plus de leur avoir concédé le contrôle du processus de recrutement du CG, revendiqué depuis l’arrivée de Paulette Ngo Bayiha en décembre 2021, toutes leurs autres décisions ont été validées, malgré les contestations de l’ancien coordonnateur général.

« La désignation du coordonnateur général par intérim du projet par ses maîtres d’ouvrage n’appelle aucune objection de ma part », a écrit Alamine Ousmane Mey. « S’agissant du sort réservé à l’ancien coordonnateur général du projet, il est envisagé le règlement pour solde tout compte de sept (7) mois de salaire à madame Ngo Bayiha Paulette, soit environ TTC 20 millions de FCFA, correspondant à la période restant à couvrir de son contrat », ajoute le Minepat. Sur ce dernier point, Alamine Ousmane Mey demande l’avis de non-objection de Cheick Kanté pour effectuer le « paiement en urgence ». Selon nos informations, le DO n’a pas encore donné suite à cette requête.

De l’avis même de la Banque mondiale, le niveau de mise en œuvre du Padesce est « très critique ». Le projet affiche un taux de décaissement de 14%, près de 3 ans après son approbation et à 2 ans et demi de sa clôture. Mais ces évolutions dans son management ne sont pas forcément une bonne nouvelle. Il faut dire que l’un des reproches faits à l’ancien CG était de ne pas satisfaire « les intérêts des ministres »…