Le président français Emmanuel Macron foulera pour la première fois de son histoire, le sol camerounais en tant que chef d’Etat. Au Cameroun, l’arrivée du dirigeant français considéré comme un soutien du régime quarantenaire de Paul Biya divise l’opinion. L’avocat Christian Bomo Ntimbane qui réside en France tente de calmer le jeu dans cette lettre ouverte.

LETTRE OUVERTE A SON EXECELLENCE MONSIEUR EMMANUEL MACRON , PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE A L’OCCASION DE SA VISITE OFFICIELLE DU 25 AU 27 JUILLET 2022, AU CAMEROUN.

VOICI CE QUE LE PEUPLE CAMEROUNAIS ATTEND DE VOTRE VISITE AU CAMEROUN.

Monsieur le Président de la République,

Vous êtes le bienvenu au Cameroun. Vous serez bien accueilli dans cette terre d’hospitalité. Le peuple camerounais dans sa large majorité a toujours aimé la France et les français malgré nos contrariétés historiques dues à la colonisation et aux relents persistants du post ou du néo colonialisme, qui ont la peau dure. Des dizaines de milliers de Camerounais vivent en France et Y travaillent. Des milliers de français vivent au Cameroun et y travaillent. De nombreux camerounais et de français sont mariés et ont des progénitures qui vont transcender les races et les couleurs. En tant que homme politique, vous avez de nombreux soutiens au Cameroun et dans sa diaspora, parce que vous êtes très courageux.

En réalité , vous êtes le premier président français qui aura entrepris de créer de manière concrète une coopération équilibrée , d’égal à égal avec les anciennes colonies et territoires autrefois sous administration francaise comme le Cameroun.

Monsieur le Président de la République , c’est dans le cadre de cette coopération que vous voulez équilibrée , juste et honnête, que je vous appelle à l’application et au respect des clauses de la Convention de coopération monétaire signée le 23 novembre 1973 entre les États membres de la banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et la République Française.
En effet , au moment où vous arriverez au Cameroun, il y a une pénurie sans précédent des produits pétroliers .

L’économie est au ralenti.

Les entreprises ont diminué ou cessé leurs activités de production.
Ce qui a pour conséquence une forte inflation, le désarroi et la misère.
La cause de toute cette ambiance chaotique,vous la connaissez certainement : le Cameroun ne dispose pas suffisamment de dévises pour importer les produits pétroliers.

Cette rareté de devises n’a pour seule cause que le refus par votre pays la France de respecter la convention de coopération monétaire sus évoquée.
Car en vertu du principe de la garantie de libre convertibilité disposée par les articles 2 et 9 de cette convention , la France doit donner au Cameroun autant de devises correspondant au montant de Franc CFA en circulation dans le pays.

Article 2 : « Cette coopération est fondée sur la garantie illimitée donnée par la France à la monnaie émise par la Banque et sur le dépôt auprès du Trésor français de tout ou partie des réserves de change des États membres qui prendront les mesures nécessaires à cet effet, compte tenu des dispositions de l’art. 11, – par. 3 – des statuts de la Banque. »

Article 9 :

« La monnaie émise par la Banque est le franc de la Coopération financière en Afrique centrale (franc CFA) dont la convertibilité avec le franc français est illimitée »
Or, les populations camerounaises , leur Etat et les entreprises ont des milliers de milliards de CFA fabriqués par le France et injectés dans leur économie, qu’ils sont incapables de convertir en euros, dollars… pour importer à l’étranger notamment les produits pétroliers.
Vous conviendrez donc Monsieur le Président de la République, qu’on ne saurait parler de coopération équilibrée et juste, si la France viole allègrement une convention qu’elle a signée et qu’elle n’a jamais voulue remettre en cause malgré d’incessantes réclamations des sociétés civiles africaines.

Ainsi le peuple camerounais attendra, au cours de votre visite que vous annoncez que la France fournira autant de devises qu’il ya de francs CFA en circulation au Cameroun, et ce ,afin de lui permettre d’importer les produits pétroliers et d’autres produits de première nécessité qui lui manquent.
Ce sera le plus grand gage de votre bonne foi dans votre quête de rééquilibrage des rapports entre la France et L’Afrique, et particulièrement avec le Cameroun.

Hautes considération et estime.
Maître Christian Ntimbane Bomo
Avocat au Barreau de Paris
Membre de la diaspora Camerounaise en France
Société Civile des RECONCILIATEURS