La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, est à nouveau sous les projecteurs de l’actualité. Elle a, en effet, officiellement annoncé vendredi dernier sa candidature à un deuxième mandat à la tête de l’institution. Récoltant au passage de nombreux soutiens de pays qui comptent sur l’échiquier mondial. Sa candidature se présente déjà sous d’heureux auspices et devrait lui permettre de poursuivre les réformes initiées pendant son premier mandat qui s’achève le 5 juillet prochain. Elle intervient également après la récente tournée ayant conduit Christine Lagarde dans deux pays-phares sur le continent africain. A savoir le Nigeria, première économie d’Afrique, et le Cameroun, locomotive de la CEMAC.
Pendant sa visite officielle au Cameroun, du 7 au 10 janvier 2016, la patronne du FMI a rencontré les plus hautes autorités du pays ainsi que les représentants du secteur privé et de la société civile. Elle a aussi eu des échanges avec le gouverneur de la BEAC, les ministres des Finances des Etats-membres de la CEMAC et le président de la Commission de la CEMAC. Sur la conjoncture économique régionale morose, il y a eu convergence de vues sur le diagnostic et la patronne du FMI a livré sa vision sur les mesures à prendre pour relancer la machine économique. Dans un communiqué publié le 10 janvier 2016, Christine Lagarde a qualifié de « riches et constructifs » les échanges avec les autorités camerounaises.
Bien que n’étant plus sous programme avec le FMI depuis 2009, le Cameroun, qui pilote désormais en toute indépendance sa politique économique, continue tout de même de bénéficier de l’assistance technique et des conseils du Fonds, comme d’ailleurs les autres pays membres de l’institution.
Dans ces conditions, une certaine opinion a animé un débat oiseux sur les prétendues des injonctions du FMI au Cameroun. L’ère des programmes d’ajustement structurel est pourtant révolue. Et cette polémique mal placée traduit soit une ignorance manifeste du fonctionnement du FMI, soit de la mauvaise foi pure et simple des réalités. Au palais de l’Unité, le 7 janvier, Christine Lagarde, tenant d’ailleurs compte de la nouvelle donne, a réitéré non seulement la disponibilité du FMI, mais aussi sa détermination de continuer à soutenir, à apporter l’assistance technique, la surveillance, le diagnostic économique, et tout autre support que le Cameroun jugera utile, afin de promouvoir l’essor économique pour le bien-être des populations.
Conseils
On retiendra que pendant son séjour, Christine Lagarde, dans la posture du conseiller et non du donneur de leçons, s’est exprimée sur trois problématiques majeures: l’intégration régionale, le choix judicieux des infrastructures et le climat des affaires. C’est ainsi qu’elle a affirmé, s’agissant de l’intégration régionale, que celle-ci « a besoin d’un nouvel essor » et que le Cameroun doit jouer un rôle leader à cet égard. « Sans cette dimension régionale, les investisseurs étrangers privés dont les projets nécessitent l’accès à un grand marché régional tarderont à venir », a-t-elle prévenu. C’est pourquoi elle a encouragé les ministres des Finances de la CEMAC à travailler en étroite collaboration pour doper la croissance sous-régionale.
A propos du choix à faire pour combler les besoins impérieux en « infrastructure de première nécessité » dans un contexte marqué par la rareté des ressources financières, Christine Lagarde a déclaré qu’« il faut se résoudre à admettre que malgré les besoins, on ne peut pas tout faire tout de suite et c’est la raison pour laquelle…il nous semble du point de vue du FMI que ces projets doivent être structurés, doivent être sélectionnés en fonction de la valeur ajoutée qu’ils apporteront, et qu’il vaut mieux en poursuivre quelques-uns jusqu’à leur terme, plutôt que de trop nombreux sans qu’ils soient terminés et sans qu’ils apportent véritablement la valeur ajoutée nécessaire au développement de l’économie camerounaise ».
Sur le climat des affaires à améliorer, l’hôte du Cameroun a prôné « un changement de philosophie, d’attitude, d’approche, consistant à accueillir l’investisseur, qu’il soit domestique, ou qu’il soit étranger, pas par la multiplication de guichets uniques, mais par une simplification délibérée qui corresponde véritablement à ce que souhaitent les investisseurs ».