Le bateau Cameroun tangue au-dessus des pics de nos errements ! Le pays est dès lors entré dans une zone de turbulence où chacun n’en fait qu’à sa guise. Morceaux choisis.
L’Ecole normale supérieure de Maroua (Ens), institution académique où on recrute sur concours et donc sur le mérite, les jeunes Camerounais qui veulent se consacrer à l’enseignement de la jeunesse du secondaire est en situation. Une main intelligente et peut-être innocente, a balancé sur les réseaux la lettre de recommandation du ministre délégué à la présidence de la République chargé des Marchés publics. Même si la date de signature n’est pas lisible, et là d’ailleurs n’est pas le principal, la lettre de recommandation adressée au directeur de l’Ens avec copie au recteur de l’université de Maroua, remet au goût du jour dans toute sa cruauté et sa bestialité, les contorsions indécentes par lesquelles les Camerounais d’en haut vendangent l’esprit de la saine compétitivité dans notre pays. Ce n’est pas à dire que ce ministre soit seul dans cette pratique de favoritisme des siens. S’il en est arrivé à solliciter qu’à ce concours, le patron de l’école s’arrange pour que ses huit protégés soient admis, et surtout par écrit, ceci témoigne à n’en point douter qu’il s’agit d’une pratique courante au sein du sérail. Les termes de cette lettre sont déjà en soi un gros scandale. « Monsieur le directeur, en vous transmettant pour un examen bienveillant la liste des jeunes compatriotes originaires de ma localité, candidats au concours d’entrée à l’Ens de Maroua, j’ai l’honneur de vous recommander tout particulièrement ces candidatures (elles sont huit), en vue de leur admission audit concours, au regard de leurs performances et selon les marges des places disponibles », a précisé le ministre Talba dans sa lettre qu’il termine en signifiant son attente d’une suite favorable. Sommes-nous encore en République ? Si de telles pratiques comme on le soupçonne d’ailleurs a cours dans tous les concours nationaux, on se demande à la fin quelle est le quota réservé à ceux qui sont admis par mérite. Si tous les gros bonnets déposent chacun sa liste, il va de soi qu’on peut oser penser que le concours au Cameroun est une formalité où les pauvres accompagnent les riches au succès, qu’importe leurs limites intellectuelles. Où est donc la décence dans ce pays ? La deuxième problématique que soulève cette lettre de recommandation, la politique de l’équilibre régionale est de la poudre aux yeux, car on voit bien que c’est un tremplin pour les caciques d’imposer les leurs au nom de la région. C’est une imposture dont il faut s’en défaire au plus tôt. Mayday mayday ! On étouffe ! Comment se fait-il que l’unique critère de compétence pour être admis à un concours national peut-être les accointances avec un ministre ? De quelle République exemplaire parle-t-on à la fin ? Quand bien même ces 8 protégés du ministre seront admis, qu’est-ce qu’ils enseigneront aux jeunes Camerounais à la sortie ? Comment peut-on blaguer jusqu’à ce niveau avec l’avenir d’un pays ?
Même l’hôpital public fait déjà la discrimination
Cette réalité a pris un tour de sérieux avec les nouvelles qui viennent ces jours de l’hôpital régional de Bafoussam. Le directeur général de cet établissement hospitalier, par une lettre circulaire relative au paiement des cautions et bons d’urgences, a signé ce 26 octobre 2022, une note où on apprend qu’à compter de cette date, tout patient entrant à l’hôpital doit déposer une caution de 50.000 Fcfa pour sa prise en charge. A défaut de cela, apprend-on, le malade ne sera pas admis à l’hôpital. Enow Orock George, le patron de cette institution va plus loin en menaçant le personnel soignant. « Je tiens à préciser que tout personnel qui prend en charge un patient sans que celui-ci ne dépose sa caution au préalable, se verra dans l’obligation de payer les factures de ce dernier », prescrit-il. Combien de Camerounais sont à mesure de déposer 50.000 Fcfa à l’entrée de l’hôpital ? Le directeur de l’hôpital régional de Bafoussam ne vit-il pas au Cameroun ? C’est à dire que les corps vont joncher l’entrée de cet hôpital, faute de soins. C’est une préoccupation essentielle où on a cette désagréable sensation que ceux qui ont réussi estiment que les pauvres n’ont pas droit à la vie ! L’autre scandale est venu du Mbam et Kim, où le maire de la commune de Deuk a servi une mise en demeure au curé de la paroisse de la localité pour détruire par ses soins une bâtisse a sein de la paroisse au motif que des réunions politiques s’y tiennent contre le Maire. A croire qu’on ne peut et qu’on ne doit s’opposer à l’exécutif municipal en dépit des errements constatés ! On verra bien comment s’achèvera cette histoire où l’élu fait cette irruption incompréhensible dans les activités de l’église. C’est encore là un acte inadmissible car seul le respect de la loi peut arrêter tous ces errements. Mais en avant d’en arriver là, qu’est-ce qu’on fait ? C’est ici le lieu de lancer un appel d’urgence vers les autorités du pays de voler au secours de la population en appliquant la loi et en partant justice.