Ceux qui évoquent l’hypothèse de Franck BIYA à ce jour comme potentiel successeur de Paul Biya ne connaissent pas le Cameroun, ne comprennent pas Paul Biya et ont une méconnaissance criarde des jeux et enjeux en cours.
1- Paul Biya n’a jamais envisagé sa vie en dehors d’Etoudi. Il rêve d’une fin à la Houphouët - Boigny. Dès lors, tant qu’il est en vie, il ne pourra rien entreprendre pour ouvrir les pistes de son remplacement. Raison pour laquelle il a neutralisé tous ceux qui, à une époque, ont été soupçonnés de prétendre à son remplacement. Son fils Franck Biya ne pourrait donc prétendre à diriger le Cameroun que le jour où son père sera effectivement décédé. Hélas, une fois son père mort, il ne serait plus que le « fils » de l’ancien chef de l’Etat sans pouvoir. Et après les obsèques de ce dernier, un ancien fils appelé à s’occuper des biens laissés par son père dans de petites disputes avec sa belle-mère, Chantal Biya, elle-même devenue « veuve » de l’ancien président.
2- Tous les chefs d’Etat qui ont positionné leurs fils ou voulu positionner leurs fils ont toujours commencé par les placer officiellement aux affaires afin qu’ils s'imprègnent des codes de l’appareil d’Etat, et constituer un réseau d’obligés. Ce fut le cas avec Eyadema au Togo; Ali Bongo au Gabon; Mahamat Deby au Tchad. C’est actuellement le cas avec Theodoro Obiang en Guinée Equatoriale ou Denis Sassou au Congo Brazaville. Or Paul Biya n’a jamais permis à son fils de se constituer le moindre réseau au cœur de l’Etat. La seule fonction qu’on lui connaît est la discrète fonction de conseiller spécial de son père qui ne lui permet même pas d’interagir avec les acteurs politiques.
3- Ensuite, il y a le RDPC. Ce panier à crabes. C’est le parti-Etat. Ses caciques sont ceux qui contrôlent l’appareil d’Etat. Or même si Franck Biya a récemment adhéré au RDPC et en France qui plus est comme pour narguer les militants locaux, il n’est pas membre du comité central et encore moins du bureau politique, la principale instance du parti qui servira en cas de décès du Président national, de paravent pour « introniser » le candidat officiel sous l’œil bienveillant de l’armée. Il ne dispose donc pas au sein de l’organisation, de solides appuis qui, en l’absence de son père, pourrait agir pour lui d’autant plus qu’ils sont un certain nombre au sein de cette famille politique à lorgner le fauteuil présidentiel. Et, il faut le dire : quand le Président -fondateur n’est plus, qui s’intéresserait encore au sort politique du fils si celui-ci, de son vivant, ne lui a pas raboter la planche ?
4- Frank Biya, en dehors de quelques copains d’enfance, connus de tous, n’a aucune proximité politique avec les acteurs de sa génération. Certes des jeunes s’agitent pour lui, rassemblés dans des mouvements et associations portant son nom ou se revendiquant de lui, mais la vérité est qu’il s’agit davantage de groupuscules d’opportunistes qui cherchent un positionnement circonstanciel que de réseaux structurés qui travaillent à des actions concrètes visant à le faire parvenir au pouvoir. On ne lui connaît pas comme proches, des acteurs politiques de sa génération ici et là dans le pays, capable de federer autour de lui les manœuvres nécessaires pour franchir l’étape qui le conduirait au pouvoir en cas de décès de son père.
Au vu seulement de ces 4 petits indicateurs, en cas de décès du président de la République, les chances de Franck Biya de remplacer son père et consacrer la dévolution dynastique du pouvoir sont presque égales à ZÉRO. Et même si certains envisageaient ce projet aujourd’hui au-delà des éléments susmentionnés, il y a deux variables qui ne sont pas prises en compte : LA RUE ET SURTOUT ET SURTOUT L'ARMÉE.