D’après des informations exclusives de Jeune Afrique, l’absence prolongée du ministre de la Justice, Laurent Esso, hospitalisé en Europe depuis près de trois mois, a non seulement désorganisé le fonctionnement de son ministère, mais a également exacerbé les tensions internes au sein du gouvernement camerounais. Son éloignement a laissé un vide qui a été partiellement comblé par son ministre délégué, Jean de Dieu Momo, mais les rivalités entre les différentes factions du pouvoir sont plus visibles que jamais.

Laurent Esso, figure historique du régime de Paul Biya, est absent des radars depuis plusieurs mois, et son absence a été particulièrement remarquée lors de l’audience solennelle de rentrée de la Cour suprême du Cameroun, le 21 février dernier. Selon Jeune Afrique, cette situation a mis en lumière les luttes d’influence entre le ministre de la Justice et Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République. Ces tensions ont notamment bloqué des dossiers sensibles, comme l’affectation des auditeurs de justice, qui a finalement été résolue sans l’aval du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), provoquant des contestations parmi les magistrats.

L’absence de Laurent Esso a également relancé les spéculations sur un possible remaniement gouvernemental. Cependant, selon des sources proches du ministre, celui-ci aurait exprimé à plusieurs reprises son désir de se retirer de la vie publique, mais il hésite à officialiser sa démission, craignant les conséquences politiques. Cette situation crée une incertitude supplémentaire dans un contexte où le président Paul Biya envisagerait de procéder à un remaniement avant l’élection présidentielle d’octobre 2025.

Alors que les tensions montent au sein du gouvernement, l’absence de Laurent Esso pourrait bien être le catalyseur d’un réajustement politique majeur, mais aussi d’une redistribution des cartes du pouvoir à Yaoundé.