Le ministère des Enseignements secondaires, sous la direction de la ministre Pauline Nalova Lyonga, intensifie sa lutte contre les enseignants déserteurs. Dans une note d’information datée du 12 septembre 2024, la ministre dénonce l’attitude de certains chefs d’établissements scolaires publics qui continuent de couvrir les absences irrégulières des enseignants, malgré plusieurs avertissements.
Ces enseignants, souvent partis à l’étranger, posent un sérieux problème à la bonne exécution des programmes scolaires et mettent à mal les finances publiques. Ainsi, la ministre Pauline Nalova Lyonga tance ces chefs d’établissement « sans scrupules » qui couvrent leurs enseignants déserteurs « pour leurs intérêts personnels » et annonce qu’ils seront désormais « sévèrement sanctionnés ». Elle annonce également des « descentes inopinées (…) pour des investigations approfondies » afin de « débusquer » ces chefs d’établissement. Cette situation montre à quel niveau la fuite de cerveaux au Cameroun est une réalité. Et le Cameroun n’est pas une exception.
À l’heure actuelle, les pays africains en général semblent être dans l’impossibilité d’enrayer la fuite des cerveaux. Les stratégies de rapatriement à tout prix s’avéreront inefficaces tant que les gouvernements ne s’attaqueront pas aux causes profondes de l’émigration et que la priorité ne sera pas donnée à la captation des cerveaux actuellement en fuite. Une alternative – pour ne pas dire une solution – serait d’intégrer les cerveaux de la diaspora dans les cursus universitaires des pays africains. Une telle circulation des compétences ouvrirait de nouvelles perspectives à l'heure de la mondialisation, de laquelle les pays africains ne peuvent s’abstraire. Depuis plusieurs années, des réseaux universitaires et scientifiques sont établis entre les pays d’origine et les pays d’accueil de la diaspora africaine.
C’est notamment le cas de l’université des Montagnes (Udm) au Cameroun, qui a noué des relations avec le centre hospitalier universitaire (Chu) de Dijon et l’université ParisXIII, en France, ainsi qu’avec l’université d’Udine et le centre de Cardiologie de Milan en Italie. Le Maroc, par exemple, mobilise sa diaspora grâce à des programmes nationaux comme le Forum international des compétences marocaines à l’étranger (Fincome), qui soutiennent l’effort national de recherche scientifique et technologique. En 2009, le Centre national pour l recherche scientifique et technique (Cnrst) à Rabat a signé des accords avec différentes structures à l’étranger, notamment avec l’Association des informaticiens marocains en France (Aimaf) et le Réseau des compétences marocaines en Allemagne (Dmk).
La santé est un domaine qui bénéficie également de ce genre de coopération. Ainsi, des pharmaciens camerounais établis en Belgique ont noué des relations avec l’université de Douala pour dispenser des cours de préparation en pharmacie. Depuis 2010, l’Association des médecins camerounais en Belgique (MedCamBel) organise des symposiums professionnels, ainsi que des campagnes d'information, de prévention et de sensibilisation des populations au Cameroun. De telles pratiques de bénéfice mutuel entre les pays d’accueil et d’origine sont à l’œuvre dans le monde universitaire, particulièrement quand il s’agit des ÉtatsUnis, et du Canada, et dans une moindre mesure du Royaume-Uni et de la France.
En effet, les universitaires africains insérés dans les institutions d’enseignement supérieur et de recherche de ces pays pilotent, avec l’appui de ces institutions, des programmes de coopération dans leurs pays d’origine. Après avoir dirigé l’Institut d’études africaines à l’université Columbia (NewYork, États-Unis), Mahmood Mamdani a créé en 2010 L’Institut for Social Research à l’université de Makerere en Ouganda.
Ousmane Kane, titulaire de la chaire « Islam et sociétés musulmanes contemporaines » à l’université de Harvard (Boston, États-Unis) a lancé en 2016 un programme d’échange universitaire dont bénéficient les étudiants du Sénégal, son pays natal. La liste est longue des chercheurs et universitaires africains qui contribuent à la régénération de l’enseignement supérieur et de la recherche dans leurs pays d’origine à travers les programmes d’enseignement, de recherche, et des projets de co-publications.