« Un paysage routier loufoque. La nationale n°5 (N.5) reliant Douala à Bangangté, dans un état de délabrement apocalyptique, n’a de « route » que le nom. Roulant dans un dédale de décombres, l’automobiliste qui arrive dans la localité de Mbanga est surpris par la présence d’un impressionnant ouvrage flambant neuf, majestueusement érigé pour les besoins du péage. L’insolite de ce contraste est accentué par la rencontre inopinée de la parade des motards de gendarmerie flambants neufs, équipés de sirène lumineuse et sonore. Tout autant que la malséance du contraste de ce paysage bucolique, l’insolite du double péage dans la localité de Mbanga, installé à quelques centaines de mètres l’un de l’autre suscite des questionnements.
En effet, le nouvel ouvrage de péage, nécessairement substitué à l’ancien péage, indique expressément qu’il est à l’essai, et que le péage est gratuit durant cette période expérimentale. Pourtant à l’endroit de l’ancien péage supposé ne plus exister, les agents du ministère des transports continuent de faire payer le péage aux automobilistes. Le caractère factice et abusif des contrôles de police routière. La Nationale n°5 (N.5) reliant Douala à Bangangté s’étend sur moins de quatre cents kilomètres ; mais l’on y compte, dans le week-end, pas moins de dix points de contrôle routier, opérant dans un bazar hétéroclite d’agents dont font partie les agents du ministère des transports, présentés comme étant des officiers de police judiciaire. Tous prétendent sans rire veiller au respect de la police routière.
Comment conduit-on une opération de police routière sur une route en état de décombres et dépourvue de signalisation routière ? Une quelconque opération de police routière suppose une route en bon état de circulation, dotée d’une signalétique cohérente. A défaut, elle relèverait du bluff. En fait de contrôle de police routière, ce qui est donné à chaque usager interpellé de constater révèle une toute autre chose. La contravention pour laquelle vous êtes interpellé n’est qu’un prétexte pour vous extorquer de l’argent. Si vous refusez de marchander, c’est alors et à corps défendant qu’on se résigne à vous verbaliser, mais en guise de représailles. La signalisation routière, bien que déclinée dans une forme calligraphiée, n’en est pas moins l’expression juridique de la réglementation de la circulation routière.
Il s’ensuit qu’elle doit en respecter les caractéristiques. La caractéristique fondamentale d’une règle de droit, surtout lorsque la règle en cause est assortie de sanction pénale, est d’être sans équivoque afin que, confronté à elle, tout sujet sache exactement ce qui lui est interdit de faire. La signalétique sur la Nationale n°5 est loin de cette exigence. L’incohérence de la signalétique routière. L’insolite est tout autant dans le paysage loufoque de la Nationale n°5 que dans sa signalétique routière. Un simulacre de signalisation routière entretient l’illusion d’une route structurée. Il faut observer cette signalétique en conduisant sur la Nationale n°5 pour s’en rendre compte. Son incohérence est effarante. D’abord, l’on constate avec amertume, particulièrement la nuit, l’absence de toute signalisation horizontale. Or, c’est la signalisation horizontale qui délimite l’espace de circulation sur une route et le rend visible.
S’agissant de la signalisation verticale, les panneaux limitatifs de vitesse, articulés dans une incohérence sidérante, tiennent le haut du pavé. Quelques cas pour illustrer. Le premier cas qui frappe le conducteur est lorsqu’il cherche en vain durant des kilomètres le panneau indiquant la fin d’une limitation de vitesse précédemment prescrite. On ne peut pas limiter ponctuellement la vitesse sur une route sans indiquer la fin de cette limitation. Et pendant que le conducteur, las d’attendre de voir la fin de cette limitation, se demande s’il doit, en dépit de la raison, maintenir la vitesse précédemment indiquée, c’est alors qu’apparaît soudain devant lui un panneau prescrivant une autre limitation de vitesse différente de la précédente. Il se rend compte que la précédente limitation de vitesse avait pris fin.
Mais à quel endroit ? Mystère ! Cas de figure, en voici encore. Des panneaux limitant la vitesse à 50 km/h sont surmontés d’un panonceau annonçant l’imminence d’un ralentisseur (appelé ‘’dos d’âne’’ dans le jargon populaire) situé à environ cent mètres de là, des fois, plus. Le problème est de savoir si la limitation de vitesse prescrite prend fin au-delà du ralentisseur annoncé malgré l’absence de panneau mettant fin à cette limitation. Dans le code de la route il est d’usage qu’un panneau indique la fin des injonctions précédemment prescrites. Quid du cas des panneaux limitatifs de vitesse à 50 km/h qui, bien que dépourvus de panonceau sus indiqué, sont néanmoins suivis de la présence d’un ralentisseur non annoncé ? Où prend fin la limitation de vitesse prescrite ? L’incertitude vire à l’imbroglio lorsque le conducteur, roulant à 50 km suivant la directive d’un précédent panneau, se trouve subitement en face d’un panneau indiquant la fin de la limitation de vitesse à 60 km »