Les célébrations du quarantième anniversaire du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) ont déclenché une vive controverse politique, mettant en lumière les tensions persistantes autour des libertés publiques et du traitement différencié des partis politiques au Cameroun.

Alors que les militants du parti au pouvoir investissaient les rues et les places publiques dans les 360 communes du pays, Anne Féconde Noah, porte-parole de Cabral Libii, président du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), a dénoncé ce qu'elle considère comme un deux poids, deux mesures flagrant en matière de droit de manifestation.

Dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux, l'opposante a pointé du doigt l'absence d'interdiction des manifestations du RDPC, en contraste avec les nombreuses restrictions imposées aux partis d'opposition. Elle a notamment rappelé l'interdiction, en février dernier, des cérémonies de dédicace de l'ouvrage de Cabral Libii dans la région de l'Adamaoua, décidée par le Ministère de l'Administration Territoriale.

Les célébrations, qui se déroulent à sept mois de l'élection présidentielle, ont pris l'allure d'une campagne électorale anticipée. Elles interviennent dans un contexte politique tendu, où le président Paul Biya, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 43 ans, n'a pas encore officiellement annoncé sa candidature.
Anne Féconde Noah a notamment interpellé les autorités sur le respect de la réglementation, questionnant la conformité des manifestations du RDPC aux procédures administratives. Elle a souligné l'apparente disparité dans l'application des règles, parlant d'un « parti-État » qui semblerait au-dessus des lois.

Cette sortie médiatique soulève des questions cruciales sur l'équité démocratique et le droit de manifester au Cameroun. Elle illustre les tensions profondes entre le parti au pouvoir et l'opposition, à quelques mois d'une échéance électorale hautement sensible.