Le Grand Nord camerounais, longtemps considéré comme un bastion inébranlable de Paul Biya et du RDPC, pourrait-il basculer lors de la présidentielle d’octobre 2025 ? Les promesses non tenues et le manque de développement dans cette région stratégique alimentent un ressentiment croissant parmi les populations locales.

Depuis son accession au pouvoir en 1982, Paul Biya a multiplié les promesses dans le Grand Nord, mais peu ont été concrétisées. Le projet de barrage de Bini-Warak, la digue-route promise après les inondations de 2012, ou encore la réhabilitation des routes Ngaoundéré-Garoua et Maroua-Garoua sont restés dans les tiroirs. Pendant ce temps, les inondations meurtrières et l’insécurité liée à Boko Haram et au banditisme transfrontalier continuent de ravager la région.

Pour Guibaï Gatama, fondateur du mouvement « 10 millions de Nordistes », cette marginalisation est une « punition non méritée ». Célestin Yandal, maire de Touboro, dénonce quant à lui une élite nordiste « otage du système », qui tire profit de sa proximité avec le pouvoir sans répondre aux besoins de la population.

Malgré ces frustrations, l’opposition peine à s’imposer comme une alternative crédible. Les divisions internes et la peur des représailles freinent toute velléité de contestation. Pourtant, certains observateurs estiment que le mécontentement populaire pourrait ouvrir une brèche inédite.

La question reste de savoir si Paul Biya se représentera pour un huitième mandat. Si tel est le cas, le Grand Nord restera-t-il fidèle à celui qui l’a si souvent déçu ? Ou bien ces élections marqueront-elles un tournant dans l’histoire politique du Cameroun ?