Alors que des forces de maintien de l’ordre, le Comité local d’organisation de la 33ème Can cherchent désespérément des moyens de transport, des 4x4 et autres voitures de gros calibres sont garées aux parkings du ministère des Postes et télé- communications depuis quatre ans. De quoi provoquer l’ire des usagers qui crient à une gabegie à ciel ouvert.
Mercredi 05 janvier 2022 à l’esplanade du ministère des Postes et télécommunications. Comme dans la plupart des départements ministériels visités par le reporter du Messager en ces lendemains de fête de fin d’année, c’est à pas de tortue que le personnel regagne le lieu de service. Normal ! On a encore la tête aux réjouissances et autres agapes du réveillon de la Saint-Sylvestre et le jour de l’An. A un jet de pierre de la guérite, des véhicules flambants neufs garés attirent l’attention du visiteur. De loin, on peut croire qu’il s’agit des véhicules de service du personnel du Minpostel. Mais à y regarder de plus près, l’épaisse couche de poussière qui recouvre les parebrises suffit à comprendre qu’ils ont passé beaucoup de temps sur place sans être utilisés. On en dénombre une quinzaine pour la plupart immatriculés CA au parking avant de l’institution que dirige Minette Libom Li Likeng. Au parking arrière, c’est pratiquement le même décor : des voitures neuves dont les sièges sont encore recouverts de plastique. Tous ces bolides, apprend-on, sont parqués ici depuis quatre ans et ne semblent gêner outre mesure le personnel qui passe et repasse des jours durant.
Largesses injustifiées
A côté de ces voitures de même calibre, on retrouve quelques cylindrées, un cargo, et une autre voiture immatriculée CA dont la partie avant est légèrement endommagée. Tout ce parc automobile est en souffrance au moment même où le chef de l’Etat appelle les fonctionnaires à plus de responsabilité. Interrogés sur l’origine de ces voitures et le pourquoi de cet abandon qui n’émeut guère le Minpostel, quelques personnels refusent de se lancer sur un terrain aussi glissant. C’est finalement une source interne qui décide d’ouvrir la boite de Pandore. « Ces voitures sont ici depuis plus quatre ans ; on les a acheté à l’usine tout neufs comme vous le constatez de vous-même. Au départ, c’était destiné à un projet piloté par le ministère. Mais depuis, plus rien. Personne n’en a plus parlé. On ne les a ni ramener à l’usine, ni trouver une solution pour les utiliser autrement. On se demande si le projet en question a été abandonné ou s’il a avorté… Personne ne sait plus ce qui se passe depuis jusqu’à ce jour », confie l’air déçu notre interlocuteur.
La situation est d’autant plus intrigante que dans le même temps, le parc automobile de l'Etat a grossi progressivement au profit d'un grand nombre de cadres de la fonction publique qui ne devraient pas y avoir accès. La preuve : la majorité de ces véhicules roule moins de 15 000 kilomètres par an et se voit utilisée pour les trajets domicile-travail de leurs titulaires. Le coût de ces largesses injustifiées tourne autour de dizaines de milliards par an supportés par le budget de l'Etat.
Détournement du patrimoine immobilier de l’Etat
Plus impressionnant, au moment où certaines structures peinent à garnir leur parc automobile, certains départements ministériels continuent de mener un train de vie dispendieux, grossissant les crédits du ministère dans le cadre de la loi de finances. Une mauvaise opération financière dont le coût des pénalités est très souvent largement supérieur aux prévisions. Des experts financiers contactés par nos soins, soutiennent qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’un cas de détournement du patrimoine immobilier de l’Etat. Au moment où le Cameroun se prépare à accueillir la 33èmeédition de la Coupe d’Afrique des nations (Can) Total Energie Cameroun 2021, des sommes colossales sont déboursées pour assurer le transport des délégations, des officiels et de nombreuses hôtes de marque attendus à cette grand’messe du football africain. « C’est inadmissible que des véhicules en bon état soient parqués dans des garages des administrations publiques alors même que nos forces de maintien de l’ordre et de défense rencontrent de nombreuses difficultés dans le déploiement des troupes pour la lutte contre l’insécurité », fulmine un entrepreneur exerçant dans le secteur privé. C’est la preuve par 10 que les mauvaises pratiques continuent de prospérer dans nos administrations pendant que l’Etat régulateur est attendu pour jouer pleinement son rôle et restaurer l’ordre. Pour l’heure, la réaction du ministre des Domaines, du cadastre et des affaires foncières, garant du patrimoine de l’Etat, reste attendue, pour mettre fin à cette gabegie