On connaissait les coups d’Etat militaires. Au Cameroun, certains analystes ont même théorisé le coup d’Etat scientifique. Et voici donc le coup d’Etat économique.
Dans son dossier de la semaine, votre journal vous replonge donc dans cette scabreuse histoire de coup d’Etat économique que vit le Cameroun depuis plusieurs années à travers ces transferts illicites de fonds à l’étranger dont la conséquence est de délester notre compte des opérations d’importantes devises, mettant ainsi à mal l’équilibre économique du pays. Il faut donc remonter dans les années 2015-2017, lorsque l’Agence nationale d’investigation financière (Anif) découvre le pot aux roses. La mission de contrôle des services de la Douane qui est dépêchée au Port autonome de Douala (Pad) et auprès de certaines banques confirme la supercherie. Elle est animée par des commerçants chinois, d’indélicats importateurs locaux, des fonctionnaires véreux du ministère du Commerce qui délivrent des Déclarations d’importation (Di). Toute cette chaine a fait frauduleusement transférer à l’étranger plus de 4 000 milliards de Fcfa. Ce qui oblige le ministère des Finances à ouvrir le dossier pour essayer de voir clair. Alamine Ousmane Mey va se débiner en violant allègrement la loi afin de protéger ses intérêts dans les banques, mais Louis Paul Motaze va hériter du fameux dossier brûlant. Malgré les hautes instructions présidentielles, instructions répercutées par le ministre Directeur du cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo, l’actuel grand argentier ne lève le moindre pouce. Une défiance vis-à-vis du chef de l’Etat qui prend plus que jamais des allures non seulement d’un coup d’Etat scientifique, mais davantage un coup de force économique. Pourtant, si le ministre Motaze s’était au moins soucié de la conjoncture économique actuelle du pays, il aurait utilisé tous les instruments de droit pour recouvrer au moins la moitié des 4 000 milliards de Fcfa au lieu d’aller quémander de l’argent dans le marché financier sous-régional dans ce qu’il appelle le « road show » afin de lever une modique somme de 200 milliards de Fcfa sur le marché financier sous- régional. Pauvre Paul Biya ! Lisez plutôt.
Transfert illicite des capitaux
Un complice nommé Motaze
Alors que de nombreux observateurs s’étaient attendus à ce que ce dossier connaisse enfin une issue favorable avec l’arrivée, le 2 mars 2018, de Louis Paul Motaze à la tête du ministère des Finances. Mais que nenni ! On a plutôt l’impression aujourd’hui que l’actuel ministre des Finances qui affiche un attentisme de mauvais aloi, serait en train de tout faire pour étouffer ce dossier si cher au président de la République. Au point où Louis Paul Motaze fait de l’esbroufe à travers un « road show » pour lever 200 milliards d’emprunt obligataire dans la sous-région. Du vrai n’importe quoi.
De nombreux observateurs et autres analystes sont tous unanimes : moins anecdotique qu’elle n’y parait, l’affaire dite de transfert illicite des capitaux qui secoue aujourd’hui le sérail depuis plus de 5 ans, a tous les traits d’un coup d’Etat économique. A tout le moins, si cela n’en est pas déjà un, ça y ressemble. En effet, on se rappelle qu’une fois achevée, la mission de contrôle douanier effectuée, sur instructions du Dg des Douanes, au- près de certaines banques et du Port autonome de Douala (Pad), après les dénonciations de l’Agence nationale d’investigations financières (Anif), l’épais brouillard de toutes les collusions maffieuses entre certaines banques et de nombreux importateurs avait été levé, avec à la solde, plus de 4 000 milliards de Fcfa transférés à l’étranger vers les paradis fiscaux sous le fallacieux prétexte des importations des marchandises, par des réseaux de transferts illicites qui auraient des points d’ancrage dans certaines banques. Une fois informé des résultats à mi-parcours de cette mission, nos sources généralement bien introduites, vont nous apprendre qu’Alamine Ousmane Mey, Minfi à l’époque des faits, va tout de suite mettre en place un comité adhoc ayant en son sein les représentants de ces banques et le président de l'Association professionnelle des établissements de crédit du Cameroun(Apeccam), Alphonse Nafack, qui n’est autre que le Dg d’Afriland First Bank, une des banques aujourd’hui au centre de la controverse sur ces transferts illicites de fonds à l’étranger.
Si pour de nos observateurs ce comité ad hoc va voir le jour en violation flagrante de la loi des finances, des voix qui avaient même commencé à s’élever dans les couloirs de la Direc- tion générale des Douanes (Dgd) n’hésitaient pas à accuser l’ancien Minfi à tort ou à raison, en tant qu’ancien Dg d’Afriland First Bank, de vouloir étouffer ce scandale des transferts illicites sous le poids d’un consensus vaporeux. Soit. Seulement ce qui va le plus écœurer les uns et les autres, c’est qu’en arrivant à la tête du Minfi le 2 mars 2018, Louis Paul Motaze, jusqu’ici connu comme un homme d’action, va plutôt briller par un immobilisme de mauvais aloi dans cette affaire. Il sera même interpellé sur la question par le prési- dent de la République, à travers une correspondance que le ministre Directeur du cabinet civil (Dcc) va lui adresser le 15 mai 2019 à l’effet de prendre dans l’urgence des dispositions nécessaires visant à procéder à l’implémentation de quelques mesures optimales dans le but de tirer toute cette affaire au clair.
HAUTES INSTRUCTIONS
Entre autres mesures, il est clairement demandé à Louis Paul Motaze de «relancer le contrôle engagé par la direction générale des douanes auprès des banques commerciales concernées, en veillant au maintien de la même équipe de contrôle dont le chef de mission Monsieur Mbarga Bekono