Face aux plaintes des populations de la non-délivrance de ce document et des désagréments qui en découlent, la
Délégation générale à la Sureté nationale s'exprime.
Avril 2019. Cest la date de delivrance qui igure sur le récépissé de Joséphine A. Trois ans déjà qu'elle est en attente de sa carte nationale d'identité (Cni). Les dates de validité du récépissé ont été prorogées à plusieurs reprises. A sa dernière visite au commissariat au mois de mai 2022, il a été prorogé jusqu'à obtention de la carte nationale d'identité. « Je suis vraiment dépassée par cette histoire de carte d'identité. La première a expiré, il fallait juste refaire une autre. Je ne sais pas ce qui cloche. Je suis fatiguée de faire des allers-re-tours à tout moment au commissariat » , se lamente la jeune femme. « Nous n'avons même pas d'explication sur ce retard dans la délivrance de nos Cni. Je suis allée dans le site de la Dgsn, on me dit en cours de traite-ment. Avoir cette pièce, est un véritable combat » , ajoute-t-elle. Comme cette enseignante, d'autres citoyens camerounais vivent la même situation. Il est 9h passées d'une dizaine de minutes au commissariat du 6ème à Etoudi le 18 novembre 2022. Sur la façade donnant sur la voie, des listes des pièces disponibles sont affichées. Certaines sont déjà illisibles, sur d'autres on aperçoit encore quelques noms. Des gens entrent et sortent. Certains viennent se faire établir une carte d'identité, d'autres viennent pour retirer. Le visage serré, Olivier Ndongo est mécontent. « Qu'est-ce que ça veut dire ? Tous les jours la carte n'est pas encore sortie mais c'est vous qui arrêtez les gens tous les jours au contrôle routier ! Et vous voulez le développement. C'est vraiment déplorable. Vous pouvez la garder » , crie t-il en sortant.
Transactions bancaires difficiles
Obtenir la carte d'identité, pièce permettant à toute personne d'être identifiée comme citoven camerounais est un véritable parcours du combattant. L'attente se fait de plus en plus longue. « Je n'ai plus l'âge de faire les concours. Je ne me gêne plus à faire le défilé au commissariat. Cela fait deux ans et la réponse est toujours la même. Votre carte n'est pas encore sortie. Repassez dans trois mois. Je suis fatiguée » s'indigne Virginie Menye. Pour Sylvie Nka, les écritures sont presque illisibles. Son récépissé a été proroge quatre fois, mais elle n'a touiours pas de succès avec sa carte d'identité. « Je pensais que changer la carte ne mettrait pas assez de temps. La première a atteint la date d'expiration il y'a deux ans. Le comble c'est que certaines personnes ont fait des cartes après moi et celles-ci sont sorties. Je ne comprends pas ce système » , s'irrite la jeune femme. « Je suis venue regarder si ma carte est déjà disponible Malheureusement. je rentre une fois de plus bredouille. J'ai fait la carte depuis septembre 2020. C'est la cinquième fois que l'on proroge la date de validité de mon récépissé. Cette fois-ci, ils ont écrit jusqu'à obtention de la carte » , indique Monique.
Une situation qui embarrasse les citoyens camerounais et les met également en difficulté. « Il est très compliqué aujourd'hui de faire des transactions bancaires sans l'original de la Cni. Surtout en ce qui concerne les retraits et d'autres types de transactions » , explique un usager. « Dans le compte, seuls les dépôts d'espèces ne subissent pas trop de tracasseries.
Qu'on soit simple usager ou agent de l'état, le défaut de Cni est un véritable cauchemar » , ajoute-il tout furieux. Il en est de même avec l'identification avec les opérateurs de téléphones mobiles. « II faut aller se faire identifier à chaque fois que la date de validité du récépissé est prorogée de peur de voir sa ligne être suspendue. C'est une situation pénible et difficile à vivre » , confie Jean Martin. « J'ai rédigé une requête pour savoir quel était le problème avec ma Cni, malheureusement elle n'a pas abouti. J'ai décidé de faire une autre carte et la situation est toujours sans changement. J'ai appelé le numéro vert sans succès. Je ne sais plus réellement quel est le problème » , déplore Symphorien.
Double identité
Rendu dans des commissariats, les différents responsables n'ont pas souhaité s'exprimer à ce sujet. « Les gens viennent retirer leurs cartes. Je n'ai rien d'autre à vous dire. Consultez les
listes et les affiches sur le mur » , a renseigné un officier de police au commissariat du 6ème à Etoudi. Dans le couloir principal du commissariat, quelques affiches sont visibles sur le mur. Les motifs et les procédures à suivre selon chaque cas. On peut lire sur celles-ci « double identité », « triple identité » « date de naissance mal saisie », « noms des parents différents».
« Les Camerounais doivent passer dans les commissariats pour voir si leurs cartes ne sont pas en souffrance. Ils doivent s'informer à partir du numéro vert 1550 et des numéros whatsapp mis à leur disposition pour avoir des informations sur leurs cartes nationales d'identité au-delà de six mois. Les Camerounais ne s'informent pas », explique une responsable à la Dgsn. « En cas d'erreurs, il faut rédiger une requête en correction adressée au délégué et produire des documents pour justifier l'erreur afin que celle-ci soit corrigée. Il est aussi important de communiquer un numéro de téléphone valable avec lequel on peut vous joindre. De façon générale, il faut éviter les modifications d'identité» , ajoute-t-elle.
Dans leur magazine trimestriel d'informations paru en mai 2021, la double identité ressort comme le nœud du problème dans la production des titres identitaires notamment la carte nationale d'identité. « La police fait toujours des efforts pour que son offre de service satisfasse les populations » , a mentionné cette responsable