Chevillère aux pieds, perles autour des reins, c'est un phénomène de mode observé dans les grandes villes camerounaises et qui tend à se généraliser. Il ne se passe pas une journée sans que dans les rues de Yaoundé, l'on observe bien de femmes s'intéresser à cette pratique. Si pour certaines d'entre elles, c'est une arme de séduction qui tient les hommes en haleine, d'autres en gardent un piètre souvenir tant elles ont été, contre toute attente, draguées par des dames, qui accordent un culte aux pratiques contre nature.
Le bracelet de cheville, communément appelé chevillère, a le vent en poupe aussi bien chez les jeunes filles que chez des femmes ayant un âge avancé. Il en est de même des perles autour de la taille. Entre séduction et phénomène de mode, Aurélie fait de ces bijoux qu'elle arbore, fièrement, autour de ses reins son arme de séduction pour son partenaire. "J'avais suivi une anecdote sur les réseaux sociaux selon laquelle les chaînes aux reins attirent la gente masculine, c'est-à-dire quand tu portes les chaînes aux reins, ça séduit quoi. Quand tu tournes un peu les reins un genre, c'est une attraction sexuelle en fait. Puis, les chaînes aux pieds, moi je ne sais pas trop. Je ne sais pas ce que ça signifie, mais puisque je trouve ça beau, je porte. Bon je ne connais pas trop la signification ", avoue Aurélie, une jeune dame la trentaine sonnée, dont l'appréhension de ces ustensiles du corps varie en fonction des idées reçues et des représentations collectives diffusées dans l'espace public.
Pour les femmes mariées, au contraire, le port de ces bijoux se justifie par les exigences de son conjoint. "C'est mon "nyanga" que je fais, je n'ai pas d'autres choses que ça. Et mon mari aime ça. Comme mon mari aime déjà ça, c'est bon; il ne m'a jamais dit d'enlever puisque quand il ne voit pas ça, il me demande que ta boucle est où ?", indique Barbara, femme mariée et mère de trois enfants.
Au-delà d'une simple parure, ces objets revêtent un sens caché tant ils exposent certaines dames à des situations délicates. Le récit de Jeannine, étudiante à l'Université de Yaoundé 1 au département de Lettres modernes françaises (Lmf) à la Faculté des arts, lettres et sciences humaines (Falsh), est fort évocateur : "Je suis sortie avec plusieurs amies. Et là je vois une femme me faire un clin d'œil. Je suis, plutôt, intriguée. Rien de pareil ne m'était jamais arrivé. Mais je n'ai pas prêté attention. Quand je me suis levée pour aller aux toilettes, cette femme m'a suivi et elle m'a dit tu m'intéresses ; tu es bien. Et moi de lui demander : "comment ça je ne comprends pas". Et cette dernière d'insister : "tu me plais bien et j'aimerais bien que quelque chose se passe entre nous". Je lui ai dit: "non je ne suis pas du même bord que toi". Elle dit: "comment ça tu portes une chaîne aux pieds".
Par ailleurs, si certaines filles ou femmes ne savent pas pourquoi elles arborent ces parures, la perception de ces accessoires est relative d'une femme à une autre, d'une société à une autre, d'une classe sociale à une autre.