Actualités of Friday, 21 February 2025

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : Paul Biya, les Toupouri et le parc Mbed Mbed, un dilemme à huit mois de la présidentielle

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La communauté toupouri, opposée à la création du parc naturel Mbed Mbed sur ses terres, pose un sérieux dilemme au gouvernement camerounais à moins d’un an de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Alors que le Premier ministre Joseph Dion Ngute a appliqué le décret de création du parc, signé en 2020, les tensions montent dans la région, révèle Jeune Afrique.

Le 29 janvier 2025, des manifestations ont éclaté près de Kourbi, dans le département de la Bénoué (Nord), où les Toupouri dénoncent la perte de leurs terres, les conflits homme-faune et l’absence de consultation préalable. La colère est telle que les autorités locales dépêchées sur place ont été séquestrées par des manifestants, forçant Yaoundé à réagir en urgence.

Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, et Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, ont été envoyés pour apaiser les esprits. Ce dernier a relayé un « message d’apaisement du chef de l’État », mais les revendications des Toupouri restent intactes. Pierre Hélé, ministre de l’Environnement et moundang, est particulièrement visé. Les Toupouri l’accusent d’avoir imposé le projet sans tenir compte de leurs difficultés.

Lors d’une réunion à Yaoundé le 12 février, Pierre Hélé a aggravé la situation en assimilant l’opposition au parc à une contestation politique de la candidature de Paul Biya. Une déclaration perçue comme une tentative de détourner l’attention des revendications légitimes des Toupouri.


Pour les Toupouri, le parc Mbed Mbed représente une menace pour leur mode de vie. Domga Goundaye, chef traditionnel, affirme : « Nous refusons tout simplement ce parc ». Albert Nguedam, président du Mouvement démocratique pour le développement du Cameroun (MDC), souligne que la région compte déjà trois parcs nationaux sous-exploités.

La situation prend une tournure ethnique, certains accusant Pierre Hélé de promouvoir un « apartheid physique » entre Toupouri et Moundang. Une partie de l’élite moundang, regroupée dans l’association Gbe-Zah, a d’ailleurs pris ses distances avec le ministre, rejetant toute initiative visant à semer la discorde entre les deux communautés.


À huit mois de la présidentielle, le gouvernement peut-il se permettre de mécontenter une communauté aussi stratégique que les Toupouri ? La question reste ouverte. Paul Biya et Joseph Dion Ngute devront trancher entre persister dans le projet ou apaiser les tensions dans une région clé.

Jeune Afrique révèle que ce dossier, loin d’être clos, pourrait influencer le climat politique à l’approche des élections. Restez connectés pour suivre les développements de cette affaire sensible.