Actualités of Monday, 25 April 2016

Source: camer.be

Cameroun-RCA: L'espoir renaît à la frontière de Gari-Gombo

Garaou-Boulaï, une ville à la frontière camerounaise Garaou-Boulaï, une ville à la frontière camerounaise

De part et d’autre, les populations entrevoient une redynamisation des échanges commerciaux transfrontaliers après sept ans de marasme économique.

Tweeter #Frontière» Tous les secteurs d’activité étaient grippés à Gari­Gombo, chef­lieu de l’arrondissement éponyme, situé à une soixantaine de kilomètres de Yokadouma, la capitale du département de la Boumbaet­Ngoko.

En novembre 2012, David Mgbakobo, de regrettée mémoire, alors maire de la commune, affirmait que « la fermeture [de cette frontière] nous fait perdre environ 30 millions de francs Cfa par an ».

Le spectacle qu’offrait la ville montrait le niveau de crispation économique locale. De part et d’autre de l’axe principal, la majorité des boutiques et des bars avaient fermé. Au marché central, la poussière avait remplacé les marchandises sur les étals dont les propriétaires, pour la plupart des ressortissants centrafricains, ne pouvaient plus vendre.

On avait plus que les larmes aux yeux pour se rappeler que « le jeudi, jour de grand marché périodique et de grande affluence, les Centrafricains venaient s’approvisionner pour les employés de la société forestière de la Kadey (Sofokada) implantée à Dédé Mokouba, située à 9 km de Gari­gombo et ceux du groupe Thanry Centrafrique (Tca) de la zone de Bamba située à 45 km ».

Dans les quartiers, les nombreux élèves centrafricains du lycée qui faisaient le bonheur des propriétaires des mini­cités et des commerçants se faisaient rares. Une désertion due au fait que « ces élèves étaient obligés de faire le détour par Bangui, Garoua­Boulaï ou Bertoua pour rejoindre leurs établissements scolaires à Gari­Gombo à seulement 8 km de chez eux ».

Jadis escale obligée des camionneurs qui en profitaient pour consommer les charmes des filles centrafricaines, Gari­Gombo était devenue incapable d’attirer tout ce beau qui s’était rabattu sur Yokadouma. Au point que Mme Marie­Claude D, braiseuse de poisson, avouait « ne venir sur la route que pour combattre l’oisiveté car je ne réalise plus de bénéfices ».

Même son de cloche du côté de Souley, l’un des rares vendeurs de viande de « soya » ayant résisté à ce marasme économique ambiant. Faute de clientèle, les auberges ne sont plus aménagées.

Pour tout dire, à Gari­Gombo, « c’est la mort lente par asphyxie. Et si rien n’est fait, nous serons incapables de faire face à nos responsabilités », soulignait le maire qui lançait un cri de cœur « pour la réouverture de la frontière ».

C’est outre tombe que David Mgbakobo a vécu la cérémonie de levée des scellés par Leonard Bello, préfet du département de la Boumba et Ngoko, en présence de Grégoire Mvongo, gouverneur de l’Est. le climat sécurité en République Centrafricaine et au Cameroun est à nouveau propice aux échanges commerciaux.

En déclarant le 29 mars 2016 « ouverte cette frontière », Léonard Bello ouvrait une nouvelle ère économique entre le Cameroun et la RCA à Gari­Gombo.

A peine deux semaines après cet acte symbolique, l’espoir renait au sein des populations locales. Depuis ce temps, l’on perçoit quelques frémissements annonciateurs d’une reprise de l’activité économique.

Les propriétaires des bars qui avaient la clé sous le paillasson refont surface. Le soir, les rues s’animent. Les camionneurs se souviennent du bon vieux temps et les retrouvailles entre anciens amants, malgré quelques rides et rondeurs en plus, sont des plus chaleureuses.

Au marché central, même si la reprise est timide, les signaux sont à l’orange. Du coup, à la commune, l’on s’attend à « un excédent de recettes dû cette reprise d’activité ».

Ici, on compte sur ces recettes pour panser les blessures de sept années d’hibernation des échanges commerciaux entre les riverains de cette frontière située seulement à un kilomètre de Gari­Gombo. Sous le prétexte de la fermeture de cette frontière, certains services financiers de l’Etat ne reversaient plus les recettes en même temps qu’ils entretenaient la contrebande entre les deux pays.