Rebecca Enonchong est soulagée. Sur les réseaux sociaux, la femme d'affaire a annoncé l'incarcération à la prison de New Bell (Douala) d'un homme qui l'avait violentée en 2021. Elle raconte comment pendant plusieurs années le nommé Chatue Nitcheu Josué a fait trainé le procès.
"Mon agresseur est finalement derrière les barreaux, incarcéré depuis hier nuit à la prison centrale de Douala à New Bell suite à une condamnation de prison ferme de six mois rendue par le Tribunal de Première Instance de Douala Bonanjo en décembre 2023.
C'était le 7 janvier 2021. Chatue Nitcheu Josué, sorti de nulle part et sans aucune provocation, m'a agressée en plein jour et devant multiples témoins, y compris des gendarmes arrivés juste quand il terminait son agression. Il a été pris sur le champ. J'ai eu l'épaule déboîtée et des blessures sur les mains et les genoux. J'ai passé plus d'un mois avec le bras immobilisé.
Malgré le fait qu'il soit pris en flagrant délit, cela m'a pris 1152 jours pour qu'il soit derrière les barreaux. J'ai fait un tweet ici pendant #StopBopda que la justice est difficile pour les victimes de violence. 1152 jours il était en liberté, me narguant régulièrement, et s'attaquant en toute impunité à d'autres personnes.
C'est au moins la 5ème fois qu'il avait été arrêté et il a été arrêté encore plusieurs fois après mon agression, pendant que le long procès était en cours. Relâché à chaque fois grâce aux interventions de hauts magistrats de cette ville. Pas parceque c'est une personnalité, c'est un vulgaire gros bras qui sort de Ngangue. Mais parceque c'est moi la victime et que je suis la personne à abattre à tout prix.
Pour ceux qui demandent d'où je le connais: je ne le connais pas en dehors des violences qu'il a infligé sur moi, sur des membres de ma famille, sur des collaborateurs et sur des locataires. Il a débarqué vers 2018 avec toute une bande d'autres membres de sa famille et des "joueurs de foot" envahir des biens familiaux. Ils sont au moins une vingtaine.
Il est l'un des frères d'une des épouses d'un de nos demi-frères qui a d'ailleurs épousé cette sœur lors de sa dernière incarcération à New Bell. Depuis lors, tout le quartier où notre famille à des biens vers Energy Club, et plus récemment à Akwa, vit un calvaire. Ils cassent chez les gens, mettent leurs choses dehors, s'installent à l'intérieur. Les voisins ont tellement peur de porter plainte. Imaginez que vous témoignez juste et le même soir, vous vous retrouvez au quartier. C'est un grand soulagement pour tous qu'il soit derrière les barreaux.
Ici, quelques mois plus tôt, il venait d'empêcher un locataire de remettre des effets chez lui après des petits travaux. Arrivée sur les lieux, il me menace. pic.twitter.com/DfPsGSI0x4
— Rebecca Enonchong (@africatechie) March 5, 2024
Et si vous saviez le nombre d'autorités qui ont intervenu tout au long du procès pour lui venir en aide!! Je n'ai jamais vu une justice accordé autant de flexibilité à un prévenu!
L'affaire avait été mise en délibéré pour le 9 juin 2021. Coût de tonnerre, avec l'assistance d'autorités, il a sollicité et obtenu du juge un rabattement du délibéré et un jugement avant dire droit ordonnant une expertise médicale de mon épaule. J'étais à l'étranger, j'ai pris un vol pour rentrer au Cameroun pour me conformer à la décision et me soumettre à des nouveaux examens médicaux. Le bonhomme a fait appel de la décision prise en sa faveur! On a passé 2 ans à la Cour d'appel. A chaque fois que le collège des magistrats mettait l'affaire en délibéré, il allait se plaindre chez le président de la Cour d'appel qui changeait donc les juges et on recommençait à zéro. L'affaire a été mise en délibéré 6 fois différentes à la Cour d'appel devant 3 collégialités différentes. Tout ça pour que l'appel soit déclaré irrecevable.
Toutes ses faveurs là à un criminel. C'était dégoûtant, déshumanisant, affligeant. Mon statut de victime ne comptait pour rien.
Je remercie et je félicite le magistrat et les substituts du procureur au TPI Douala Bonanjo qui avaient ce dossier. Je peux imaginer les pressions qui venaient pour le laisser en liberté. Dans notre contexte, cela a pris beaucoup de courage et j'en suis reconnaissante.
Je dois aussi dire merci aux vaillants mbere qui l'ont arrêté, mené l'enquête et ceux qui ont exécuté le mandat."