Dans une pétition citoyenne signée par plus de 5000 personnalités et soutenue par des lobbies divers à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, plusieurs organisations de la société civile saisissent le chef de l’Etat afin de permettre que ce système électoral soit toiletté pour répondre aux aspirations du peuple sans générer des contestations et des conflits.
Le 14 févier 2024, plusieurs organisations de la société civile, sous l’impulsion de l’Ong Un Monde Avenir, ont lancé une pétition intitulée : « Sauvons le Cameroun !!! Sécurisons les prochaines élections… Exigeons une réforme avant les élections » . Ces organisations fondent leur initiative de ce que depuis la réouverture du Cameroun au multipartisme avec les premières élections de 1992, toutes les élections jusqu’ici se sont soldées par les violences graves ayant entrainé des morts d’hommes et des emprisonnements. Même la réforme ayant conduit au vote du code électoral à l’Assemblée nationale en 2012 s’est soldée par la désapprobation des députés de l’opposition lors de la plénière d’adoption.
Le parti au pouvoir qui était majoritaire à l’Assemblée l’a adoptée sans coup férir. De ce fait, la société civile estime que le code électoral actuel y compris les aspects contenus dans la Constitution comporte plusieurs éléments conflictogènes et/ou qui violent certains principes démocratiques. Il s’agit la répartition inéquitable des sièges qui affecte le vote égalitaire encore appelé découpage électoral ; la désignation non consensuelle des membres de l’organe électoral y compris du juge ; l’achat des voix par le marchandage des bulletins de vote ; la non maîtrise du fichier électoral par l’ensemble des concurrents politiques ; la primauté d’un procès-verbal sur les autres ; la déresponsabilisation de l’autorité électorale qui perd le contrôle du processus après l’étape communale ; la duplication du mode de désignation des vainqueurs aux élections locales (proportionnelle et majoritaire) ; l’interdiction faite à l’organe électoral de publier les résultats provisoires ; la quasiimpossibilité d’un contentieux électoral effectif aux législatives et à la présidentielle faute d’existence de résultats officiels provisoires, entre autres. Eviter les troubles post-électoraux Ces organisations de la société civile qui essaiment le territoire national relèvent que, la nécessité de revoir la loi électorale fait partie des recommandations fortes du Groupe de Travail des Droits de l’Homme des Nations Unies.
Déjà il est à noter que les imperfections du cadre juridique électoral ont été mises en évidence lors de la dernière élection présidentielle de 2018 dont la proclamation des résultats a été suivie de vives contestations et des violences ayant conduit à des morts et à des emprisonnements dont certains sont encore détenus jusqu’à ce jour. L’initiative coordonnée par « Un Monde Avenir » a réuni une quinzaine d’organisations de la société civile avec un point focal dans chaque région du Cameroun. Le déploiement s’est fait au niveau national et international en numérique, via l’application « Change.org » et en physique à travers des animateurs de proximité mobilisés sur l’ensemble du territoire afin de recueillir les signatures des personnes qui ne pouvaient pas signer en ligne.
Une campagne de communication a d’ailleurs soutenu l’opération à travers des tableaux numériques et des vidéos. Les organisations porteuses de l’initiative voulue citoyenne et non partisane, se sont également félicitées de la participation de plusieurs leaders d’opinion, des universitaires ainsi que des artistes comédiens. Le dépôt de la pétition à la présidence de la République a été effectué le 07 mars 2024 avec décharge par courrier DHL, laquelle décharge a été montrée aux hommes et femmes de médias présents au cours du point de presse donné vendredi 15 mars 2024 au siège de « Un Monde Avenir à Douala-Akwa. Quant à savoir si le délai n’est pas court pour engager une véritable réforme du système électoral, et même quant à la volonté du pouvoir de Yaoundé de céder à la pression de la société civile et des partis politiques, Dr Hilaire Kamga répond sans ambages : cela fait depuis deux ans que le processus a commencé entre les membres de la société civile associés à certains leaders de partis politiques, et le dépôt de la pétition à la présidence de la République n’est que l’aboutissement normal de ce processus.
Selon le président de la plateforme des Osc pour la démocratie et les droits de l’homme, « même en deux mois les réformes peuvent se faire s’il y une volonté. Et pour qu’il y ait une volonté politique, l’expérience empirique au Cameroun démontre que pour que cela se fasse, il faut une conjugaison entre la détermination des forces endogènes et la compréhension-action des forces exogènes. Ce sont ces deux forces qui obligent les réformes. Les forces endogènes ce sont les populations camerounaises dans ce qu’elles sont capables de mener comme actions, batailles et engagement : populations-société civile-partis politiques. De l’autre côté si les acteurs de la communauté internationale, du moins ceux qui sont sensibles ou intéressés par la situation au Cameroun, portent ce plaidoyer et agissent. Quand les deux forces se rencontrent, le pouvoir de Yaoundé réagit » .