Kalhé Koudadi, 20 ans, Hadidja Abatchoua, 18 ans, et Malloum Seidou, 15 ans, habitants des localités d’Assighassia et Kérawa dans l’Extrême-Nord, ont été tués par des combattants de Boko Haram le 1er octobre dernier. Ces hors-la-loi les ont surpris dans leurs champs et les ont criblés de balles. Le drame s’est produit entre 9h40 et 11h. Ils ont quitté leurs villages au petit matin, accompagnés de plusieurs autres paysans, pour leurs champs situés au-delà de la frontière entre le Cameroun et le Nigéria.
«Hadidja Abatchoua et Malloum Seidou ont rallié la localité de Hadiya-Kouvika, une localité nigériane située à la frontière entre le Cameroun et le Nigéria. Les travaux allaient bon train jusqu’à ce que surviennent ces criminels. Ils ont tenté de neutraliser tous les paysans qui se trouvaient dans la contrée, mais ils ont été trahis par le jeune Hadidja Abatchoua qui les a aperçus et qui a crié de toutes ses forces pour alerter tous ceux qui se trouvaient dans la contrée. Ils n’ont pas pardonné à cette dernière. Ils lui ont tiré dessus et l’ont tuée. À l’écoute des crépitements des armes, les gens se sont mis à courir. Chacun cherchait à se sauver. Ce fut une débandade totale.
C’est dans cette foulée que Malloum Seidou a également été tué. Il y était en compagnie de son père. Ce dernier réussit à s’échapper entre leurs mains, ce que son fils n’a pas pu faire. Ils lui ont logé une balle dans le dos alors qu’il tentait de s’enfuir», rapporte Sa Majesté Abba Boukar, chef du village Kérawa. Après leur forfait à HadiyaKouvika, ils ont poursuivi leur chemin en rasant la frontière. Aux environs de 11h, ils ont surpris Kalhé Koudadi dans son champ à Kérawa-Nigéria et l’ont tué. «Kalhé Koudadi était complètement absorbé par ses travaux, à tel point qu'il ne les a pas vus arriver vers lui. Mais quand il s’en est aperçu, il a essayé de s’enfuir, mais ses poursuivants ne lui ont pas laissé la chance de leur échapper. Ils l’ont abattu dans sa course folle. Tous ceux qui étaient dans les parages ont fui devant eux», poursuit Sa Majesté Abba Boukar, chef du village Kérawa.
Trois personnes ont également été enlevées par ces derniers. «Brahim Boukar, 38 ans, Abba Dougdjé, 50 ans, et une femme ont été enlevés. Ces personnes ont eu la vie sauve juste parce qu’elles n’ont pas cherché à fuir. Ils étaient concentrés sur leurs travaux au point où ils ne se sont pas aperçus de l’arrivée de ces individus. Ils les ont encerclés, pointant leurs armes sur eux et leur intimant l’ordre de ne pas bouger. Ils ne pouvaient donc pas regimber contre eux : cela aurait été leur arrêt de mort. Ils ont donc obtempéré à leurs ordres et les ont suivis. Jusqu’ici, la population est sans nouvelles d’eux», indique le chef du village Kérawa. Il convient de noter que les trois tués sont tous des réfugiés nigérians. Ils ont élu domicile au Cameroun et y habitent depuis plusieurs années.