Actualités of Monday, 9 September 2024

Source: L'Indépendant

Cameroun :ces salaires qui font jaser

20,8 milliards de Fcfa ont été mobilisés pour régler les salaires des dirigeants de six entités 20,8 milliards de Fcfa ont été mobilisés pour régler les salaires des dirigeants de six entités

Sur une période 2020 - courant 2024, les directeurs généraux, directeurs généraux adjoints et présidents de conseil d'administration des sociétés d’Etat ont perçu près de 50 milliards Fcfa. C'est du moins la quintessence d'une étude menée par le Pr Viviane Biwole, et compilée dans un document intitulé, « Combien l’État mobilise-t-il pour la rémunération des dirigeants des entités publiques ? ».

La spécialiste des questions de gouvernance et de management, a décidé de dresser l’état des lieux de la masse salariale versée aux dirigeants des sociétés d’Etat. Le Pr Viviane Biwole a en effet rendu un document faisant état de ce que, sur la période 2020 courant 2024, l’Etat camerounais a déboursé la somme totale de 48,4 milliards de Fcfa pour payer les salaires des directeurs généraux (Dg) des directeurs généraux adjoints (Dga) et des présidents de conseils d’administration (Pca) des entreprises et établissements publics du pays. Si l'universitaire camerounaise trouve ces rémunérations excessives, elle note qu'elles restent régies par le décret du 19 juin 2019 fixant les catégories, la rémunération, les indemnités et avantages des dirigeants des entreprises et établissements publics au Cameroun. Selon l’analyse des données statistiques présentées par l'ancienne directrice générale adjointe de l'Institut supérieur de management (Ismp), il ressort qu’environ 37 milliards de Fcfa sont sortis des caisses du Trésor public pour payer des salaires à certains dirigeants dont les entités présentent des performances peu impactantes ou carrément négatives.

Dans la même veine, la spécialiste des questions de gouvernance et de management fait savoir que, « L’État dépense inutilement en payant les salaires des dirigeants sociaux contre-performants, car, ayant dégradé la valeur des entreprises (caractérisées par la baisse de la catégorie), et ceux qui sont peu performants, avec les entreprises qui ont stagné ». À côté de ce constat amer, le Pr Viviane Biwole convoque l’arrêté du ministre des Finances, Louis Paul Motaze signé le 1er janvier 2023, et portant catégorisation des entreprises et établissements publics du Cameroun. Sur la foi de cet arrêté ministériel, l'universitaire souligne que, «… Le classement de 2023 récompense la performance ou la sanctionne, à travers le reclassement des entités publiques tenant compte de la moyenne du chiffre d’affaires produit pendant 3 ans, de 2020 à 2022.

Cette sanction se répercute dans la rémunération des dirigeants (Dg, Dga et Pca). Au total, 37 entreprises et 75 établissements publics sont concernés ». En épluchant davantage le document de la promotrice du cabinet Obiv Solutions, l'on apprend que des 112 entreprises dont les performances ont été étudiées, seulement trois entités ont amélioré leurs performances, quatre ont consolidé leur place en catégorie 1, alors que près de 21 entreprises sont restées stagnantes et 6 sont entrées en régression. «… Les dirigeants d’entreprises en stagnation et en régression coûtent plus cher à l’État, sans véritablement produire la valeur attendue de manière importante, soit un montant global de 16,1 milliards de Fcfa, contre 2,2 milliards de Fcfa pour les dirigeants dont l’action permet de créer de la valeur », rassure- t- elle néanmoins. La question de gouvernance En outre, bien que des réformes soient mises en œuvre par le gouvernement, l'étude du Pr Viviane Ondoua Biwole remet au goût du jour, la question de la gouvernance, mais aussi celle de l’applicabilité des réformes très souvent engagées. Pour preuve, en scrutant les performances de 75 établissements publics de son échantillon, l’auteur de l'étude note que sur la période 2020 - 2024, 20,8 milliards de Fcfa ont été mobilisés pour régler les salaires des dirigeants de six entités en régression et de 63 autres en stagnation.

Contrairement aux dirigeants des trois entités ayant permis de créer de la valeur, qui ont perçu un peu plus d’un milliard de Fcfa, la spécialiste des questions de management et de gouvernance dénonce le fait qu'à date, 43 présidents de Conseils d’Administration sont encore en fonction bien que leur bail soit terminé depuis longtemps, si l’on se réfère à la loi camerounaise. Et de conclure: «… Ces Pca ont perçu de manière indue une somme conséquente s’élevant à un total de 634 millions de Fcfa ».