L’Association des Femmes et Filles de l’Adamaoua (Affada) a organisé les 27 et 28 août 2024, un atelier de plaidoyer à Yaoundé. Les principaux participants étaient les chefs traditionnels et notables venus des 10 régions du pays. Il était question lors de cette rencontre de renforcer la présence et le rôle de la femme dans la gouvernance publique dès l’échelle communautaire à partir des chefferies traditionnelles pour une meilleure prise en compte du genre dans le processus de développement.
«Dans la chefferie, aucun chef n’a moins de cinq femmes, il y en a une dizaine. Vous allez dire que, c’est l’esclavage alors que c’est une force pour la chefferie. Le nombre d’enfants qu’on fait à la chefferie, c’est ça qui fait sa force. Donc, il y a le nombre des femmes du chef qui sont plus de cinq. Il y a des gens qui ont quarante, cinquante… c’est ça la force de la chefferie. Ces femmes-là, ont la reine mère. C’est elle qui gouverne les autres femmes. Dans l’environnement élitiste du village, il y a des femmes qu’on a élues, celles qu’on appelle des «Mafon» et ce sont elles qui entourent le chef en matière de prise de décision au village. Cela veut dire que les femmes dans le Nord-Ouest sont très prisées contrairement à ce qu’on croit», a rassuré le colonel Godfred Weriwoh Tembeng, chef du village Ewoh dans l’arrondissement de Batibo, région du Nord-Ouest.
Le travail abattu par Affada jusqu’à ce jour dans la partie septentrionale porte déjà ses fruits. Sur les 239 chefferies établies dans la partie septentrionale, les plaidoyers menés par Affada dans cette partie du pays ont abouti à l’intronisation de 256 femmes comme notables. Ainsi, en invitant les chefs traditionnels des dix régions du Cameroun, l’association des Femmes et Filles de l’Adamaoua ambitionne désormais étendre son plaidoyer sur le plan national. Le ministre de l’Administration territoriale qui a présidé la cérémonie le 27 août dernier, a salué et encouragé cet engagement de l’Affada.
«Je félicite Affada pour son engagement et sa détermination. L’introduction des femmes notables vient apporter un équilibre sur la prise en compte des genres dans les instances de prise de décision auprès des chefs traditionnels dans les cours de notabilité», témoigne Paul Atanga Nji.
On a appris lors de cette rencontre que les femmes représentent 59,62% de la population de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord. Un chiffre largement au-dessus de la moyenne nationale qui est 50,54%.
«Le plaidoyer que nous avons fait en son temps dans les régions septentrionales qui consistait à faire accepter aux chefs traditionnels l’admission des femmes comme collaboratrices au titre de notable au même titre que les hommes notables dans les chefferies nous fait comprendre que le reste du pays a besoin de savoir ce que nous avons fait ailleurs. Il était important pour nous aujourd'hui de rassembler les chefs traditionnels des régions septentrionales et méridionales pour qu’ils croisent les regards et voient ce que les femmes peuvent faire dans les notabilités des chefferies», rassure Françoise Aïe Baba, présidente de l’Affada.