On dénonce un détournement des salaires des enseignants du Grand Nord dans le cadre d’un projet financé par la Banque mondiale à hauteur de 45 milliards de francs CFA. Le récit du lanceur d’alerte Boris Bertolt.
Le projet Sahelian's Women's Empowerment and Demographic Dividend (SWEDD), dont la version française est Autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel, est un projet financé par la coopération Cameroun-Banque Mondiale et dont l'objectif est d'autonomiser les femmes et filles vulnérables des zones sahéliennes.
Dans le cadre de ce projet piloté par le ministère de l’Économie et la Planification) en collaboration avec le ministère des Enseignements secondaires, la Banque Mondiale a alloué une enveloppe de 75 millions de dollars (45 milliards de francs CFA) au Cameroun pour financer les activités portées par les filles et les femmes dans les Régions sahéliennes de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua.
Pour l'exécution de ce projet, des cours de répétitions, visant à améliorer les performances scolaires des filles vulnérables, ont été organisés dans certains Lycées et collèges des trois régions du Nord-Cameroun, sous la supervision des responsables de cinq ONG. Plusieurs enseignants des disciplines diverses dans les établissements choisis ont été enrôlés pour assurer les cours de répétitions ou superviser les activités d'enseignement pendant les périodes poste-scolaires (après-midi des mercredis et matinées des samedis).
La contrepartie des activités des répétitions est le paiement des répétiteurs à hauteur de 2 000 francs CFA par heure de travail et 30 000 francs ou 50 000 francs pour les superviseurs, en fonction de la taille des effectifs des bénéficiaires des cours des répétitions. C'est ainsi que les enseignants choisis ont encadré, sur le plan pédagogique, les filles vulnérables ayant des mauvaises performances scolaires, pendant la période allant du 11 mai au 06 juin 2024 ; soit un quota horaire allant de 24 heures à 28 heures d'enseignement exigées par le projet.
Malgré les sacrifices intellectuels supplémentaires poste-scolaires consentis par les enseignants choisis pour le besoin de la cause, les gestionnaires du projet SWEDD 2024 n'ont pas honoré leurs engagements. Alors que le projet tend vers la clôture de ses activités (31 mars 2025) au Cameroun, aucun enseignant-répétiteur, ni superviseur n'a reçu le paiement de ses frais de déplacement ou d'indemnité de supervision tel que prévu dans le protocole d'exécution des cours de répétitions initié par le projet SWEDD.
Quand bien même tous les documents justificatifs de paiement ont été transmis à la coordination nationale par les superviseurs des différents établissements concernés, le projet SWEDD n'a pas daigné désintéresser les enseignants et les superviseurs de leurs droits.