Actualités of Wednesday, 27 November 2024

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : des bandits et forces de sécurité à la tête de réseaux criminels

Les conducteurs de taxi son pris pour cible Les conducteurs de taxi son pris pour cible

Les conducteurs de taxi longtemps considérés comme des complices des bourreaux de leurs passagers sont de plus en plus victimes d’agressions mortelles dans les rues de Yaoundé. Comme si cela ne suffisait pas, un nouveau phénomène voit le jour. Des bandits en complicité avec des forces de sécurité tendent des pièges aux conducteurs de taxi. Shanda Tonme révèle la fraude.

Depuis le mois de janvier 2024, j’ai reçu 22 plaintes des familles, toutes relatant exactement le même scénario, conduisant aux mêmes conséquences et drames pour la liberté d’innocents citoyens détenus arbitrairement et pressés de payer pour un crime qu’ils n’ont pas commis.

Ce qui est connu et répandu, ce sont les agressions dans les taxis, instrumentés par des bandits avec la complicité active du taximan. De nombreux taxis sont ainsi des repères de criminels qui écument les rues de la ville. On ne compte plus le nombre de clients, pauvres citoyennes et citoyens, qui ont perdu la vie ou ont été mutilés et gravement traumatisés, après avoir emprunté un taxi au retour d’un voyage tard le soir, au départ pour un voyage tôt le matin, ou encore de braves commerçantes et commerçants, bayamsellams, qui dès le champ du coq, foncent pour acheter la marchandise. Nos forces de sécurité, jusqu’ici, ont donné le meilleur d’elles-mêmes pour maîtriser cette pandémie. Des bandes entières ont été mises hors d’état de nuire, mais le phénomène demeure.
MAINTENANT,

Nous alertons sur autre chose, un autre genre de crime, une arnaque violente et savamment montée, souvent avec des complicités dans les forces de sécurité et même des magistrats.

De quoi s’agit-il ? Ce sont les clients qui déclarent avoir perdu des objets de valeur dans un taxi, après des manèges impliquant plusieurs comparses, deux voire trois. Un premier emprunte un taxi, puis un deuxième et un troisième sur un itinéraire arrangé comme des check points. Ils sortiront ensuite un à un, jusqu’au dernier qui parvenu à destination, va déclarer qu’il a perdu quelque chose, son téléphone de grande marque, son sac, son portefeuille contenant une somme importante.

La suite, c’est que le malheureux taximan, est traîné dans une unité de police ou de gendarmerie où il existe un complice du bandit parmi les éléments. La torture va commencer, avec des fortes pressions. Le chauffeur est accusé d’être complice. C’est la garde à vue, sans audition ni procès-verbal. Dans la plupart des cas, le chef d’unité n’est pas au courant, et on découvre que quelqu’un est gardé à vue depuis une semaine voire un mois, sans mention dans la main courante.

Il arrive que le chef d’unité, informé, ordonne la libération immédiate du taximan, mais il arrive aussi, qu’il exige un passe-droit, pour clore le dossier. Ce qui est encore plus choquant et surprenant, c’est que des cas sont soumis au parquet, et des magistrats entrent dans la danse. Le pauvre se voit exigé ici aussi, quelque chose pour recouvrer la liberté, même reconnu innocent. Dans un récent cas, j’ai rencontré personnellement la juge d’instruction, laquelle a fait preuve d’une méchanceté insoutenable, en dépit d’un dossier limpide. Elle a envoyé le taximan en prison.

Je lance ici un vibrant appel à nos compatriotes qui ont ce pouvoir de retenir ou de libérer, chefs d’unité de sécurité et magistrat, d’avoir un peu plus de regard, de compassion et d’humanisme, et par ailleurs, de contrôler leurs cellules tous les matins et tous les soirs. Cette nouvelle forme de crime est trop embêtant, gênante et potentiellement destructrice pour les victimes. J’ai connu des cas où le chauffeur de taxi était au bord du suicide. Même si vous ne craignez plus de manger l’argent du sang et des souffrances des gens, pensez à vos familles./.

Yaoundé, le 27 novembre 2024