Actualités of Thursday, 7 April 2022

Source: Essigan N°592

Cameroun / électricité : plus de 3500 milliards de Fcfa dans l'eau

Barrage de Memvele Barrage de Memvele

Ces financements mobilisés par l’Etat entre 2010 à 2021, ont été investis dans la production à hauteur de 2000 milliards de Fcfa, 1000 milliards dans le secteur du transport et 500 milliards dans la distribution. Pour autant, le Cameroun broie toujours du noir.

Le 31 mars dernier, le ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee), Gaston Eloundou Essomba était face à la presse à Yaoundé. Dans cet échange avec les médias qui consistait à apporter des explications à la problématique de l’accès à l’électricité, le Minee a présenté la situation qui prévaut dans les trois principaux réseaux du pays. Il s’agit du Réseau interconnecté Sud (Ris), le Réseau interconnecté Nord (Rin) et le Réseau interconnecté Est (Rie). Selon le Minee, le Réseau interconnecté Sud (Ris) qui est constitué de six régions méridionales (le Centre, le Littoral, l’Ouest, le Nord-ouest, le Sud-ouest et le Sud), a l’avantage de disposer d’un énorme potentiel en matière d’hydroélectricité, de loin la principale source de production d’électricité au Cameroun.
«L’essentiel de ce potentiel se trouve dans le bassin versant de la Sanaga où de grands projets hydroélectriques ont été réalisés ou sont en cours de réalisation.» Les infrastructures de production dans ce réseau sont le barrage de Lom Pangar, la centrale hydroélectrique de Memve’ele et la centrale à gaz de Kribi. En dépit de ce fort potentiel hydraulique, le Minee avoue le déséquilibre entre l’offre et la demande et les contraintes dans le secteur du transport et de la distribution. «Pour l’heure, plus que le problème de l’offre de production de l’énergie électrique, ce sont davantage les difficultés liées à la surcharge des équipements de transport et de distribution qui sont à l’origine des interruptions de l’électricité», a fait savoir le Minee promettant le retour à la normale.

Sous capacité de la centrale thermique
D’après le ministre Eloundou Essomba, « certains équipements de transport et de distribution sont aujourd’hui surchargés, notamment les transformateurs qui sont sollicités au-delà de leur capacité. Cette situation engendre des déclenchements des lignes, suivis des rationnements (délestages). Des interruptions de courant interviennent également lorsqu’il y a des travaux de maintenance sur les lignes de transport ». Le Réseau interconnecté Est (Rie) couvre uniquement la région de l’Est. A ce jour, «il ne dispose pas encore d’ouvrage hydroélectrique et est confronté à un problème de sous capacité de la centrale thermique de Bertoua qui alimente principalement la région», reconnaît Gaston Eloundou Essomba.
Après l’atteinte de l’initiative de Pays pauvres et très endettés (Ppte) en 2006, le gouvernement va reprendre la dynamique des investissements publics dans le secteur de l’électricité. Il mettra en place un nouveau cadre des investissements à travers le Document de stratégies pour la croissance et l’emploi (Dsce) de 2010 à 2020. Depuis les années 2010, l’Etat a réalisé divers investissements aussi bien dans la production, que dans le transport et la distribution de l’électricité. A la faveur des nouvelles marges budgétaires. Les chiffres du Minee entre 2010 et 2021 tablent sur un peu plus de 3500 milliards de Fcfa comme financements mobilisés pour les investissements. Soit 2000 milliards en production, 1000 milliards en transport d’électricité et 500 milliards dans la distribution de l’électricité.
«Malgré ce volume très important d’investissements, le chef de l’Etat a instruit le gouvernement de ne pas répercuter aux ménages et aux entreprises l’impact desdits investissements qui devraient se traduire par une hausse exponentielle du tarif de l’électricité.» L’on apprend du Minée que les tarifs de l’électricité sont gelés depuis 2012. Et que les subventions payées entre 2012 et 2022 par l’Etat aux opérateurs du secteur pour éviter cette hausse tarifaire s’élèvent à environ 300 milliards de Fcfa. A titre d’illustration, «le coût de production du Kwh, d’une centrale thermique à gasoil s’élève à 200Fcfa/kwh à l’exemple des centrales thermiques de Bertoua, Maroua, Banyo, Yoko etc. Alors que les ménages dont la consommation mensuelle est inférieure à 110Kwh, ne paient que 50Fcfa le Kwh, soit une subvention par l’Etat de 150Fcfa/Kwh», explique le ministre.
Sur la même lancée, les industriels raccordés au réseau de moyenne tension dont la consommation a été subventionnée à hauteur de 20 milliards Fcfa pour l’exercice 2021. En guise de compensation tarifaire.