Un mouvement de contestation sans précédent secoue le Cameroun, où plusieurs hauts dignitaires de l'Église catholique s'élèvent publiquement contre une possible nouvelle candidature du président Paul Biya à l'élection présidentielle d'octobre 2025.

Dans une série de déclarations particulièrement virulentes depuis le début de l'année, des évêques camerounais remettent en cause la légitimité d'un nouveau mandat du président Biya, au pouvoir depuis 1982. "Même le diable, qu'il prenne d'abord le pouvoir, et on verra après !" a notamment lancé Mgr Yaouda Hourgo, évêque du diocèse de Yagoua, lors de son homélie du Nouvel An.

L'âge avancé du président, 92 ans, cristallise particulièrement les critiques. "Vous pourriez donner la houe ou la machette à votre grand-père de 92 ans pour qu'il aille à pied travailler au champ ?" a interrogé l'évêque Hourgo sur la chaîne Équinoxe TV, tandis que Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala, a qualifié une nouvelle candidature de Biya de "pas réaliste".
Cette fronde épiscopale, qui s'exprime lors de la 48e Conférence épiscopale nationale du Cameroun à Buea, s'inscrit dans une tradition d'engagement politique de l'Église catholique camerounaise, marquée par le sacrifice de plusieurs prêtres, dont Joseph Mbassi et Engelbert Mveng, assassinés respectivement en 1988 et 1995.

Face à cette contestation, le gouvernement apparaît divisé. Si certains, comme le ministre de l'Administration territoriale Paul Atanga Nji, prônent la fermeté et n'excluent pas des poursuites judiciaires, d'autres, à l'image du ministre du Travail Grégoire Owona, appellent à l'apaisement.

À moins d'un an de l'élection présidentielle, cette mobilisation du clergé catholique pourrait marquer un tournant dans la vie politique camerounaise, à l'image du rôle joué par l'Église en République démocratique du Congo voisine, devenue un acteur incontournable du jeu politique.