Les ouvriers du chantier de construction des logements sociaux et du centre hospitalier régional réclament jusqu’à trois mois d’arriérés de salaire à l’entreprise prestataire d’Alliances Constructions Cameroun.
L’ambiance n’était pas au travail ce matin ensoleillé du 13 Novembre 2017 au site de construction des logements sociaux et du centre hospitalier régional de Ngaoundéré.
Les ouvriers, furieux des impayés de leur main d’œuvre ont durcis le ton envers l’entreprise Alliances Constructions. Une situation qui a surchauffé le climat social. Les ouvriers employés sur le chantier sont entrés en grève pour exiger le payement de trois mois d’arriérés de leurs indemnités.
« NOUS VOULONS NOTRE ARGENT. PAYEZ NOS SALAIRES. NOUS AVONS DES FAMILLES ET DES BESOINS À GÉRER », lance un manifestant furieux.
Pour manifester leurs colères, les travailleurs grévistes ont bloqué l’entrée du chantier, dressé des barricades et assiégés les locaux de la direction de l’entreprise. Le sous préfet de Ngaoundéré premier et le délégué régional de travail et de la sécurité social en compagnie d’un nombre impressionnant de gendarme sont descendus sur le site à Beka Hosséré pour débloquer la situation et trouver un terrain d’entente.
Tout est parti d’une suspension des contrats de travail des certains ouvriers gréviste par l’entreprise chargée des travaux et leurs remplacements par des nouveaux employés. Pour les travailleurs, c’est la goutte d’eau qui aura débordée le vase. Hassana Dalaylou, délégué du personnel, visage tendu, ne mâche pas ses mots et déclare :
« Il y a ceux qui réclament 1 mois de salaire, d’autre 2 mois et la majorité ont 3 mois de salaires non payés. Les premiers ouvriers qui ont creusé les fondations n’ont pas encore été payés. A chaque fois ils nous disent d’attendre et de patienter. Trop c’est trop. »
Tractations administratives
Après plus d’une heure de tractation secrète et de réunion à huit clos à laquelle n’a pas été convié le représentant du personnel, le sous-préfet, David Dagor Dibango annonce les décisions prisent
« Nous nous sommes convenus de commun accord que 50% de vos salaires vous seront payer d’ici le soir et le reste la fin du mois, je vous demande de lever les barricades et de reprendre le travail ».
Le directeur Hussain lui emboite le pas « c’est une mesure provisoire pour stopper l’hémorragie » chuchote-t-il. Durcissement d’attitude et de ton du côté des grévistes « c’est un retour à la case départ, on ne se fie plus aux belles paroles » scande un employé insatisfait.
Tensions et frustrations
L’ambiance morose ajoutée à la frustration qui règne entre les travailleurs et les employés sur le chantier est plus profonde qu’il ne parait. Les conditions de travail ne brillent pas davantage par leur confort. Yadji employé du chantier
« il n’y a ni syndicat des travailleurs parce qu’il est interdit par les dirigeants, ni d’équipe médicale pour donner des soins, même le matériel de travail (casque, gilet, bottes) sont en nombre insuffisant ».
Pourtant, la construction des logements sociaux et du centre hospitalier régional de Ngaoundéré sont inscrit dans le plan d’urgence triennal. Le groupe marocain Alliances ne semble pas avoir du cœur dans le traitement des employés.
Amalgame et manipulation
Sur une pancarte fièrement érigé on peut lire « même les libanais et les tchadiens viennent nous coloniser au Cameroun ». Cette enseigne prête à confusion puisque l’entreprise chargée de diriger les deux travaux est marocaine et les patrons sont camerounais et marocains. Pourquoi donc pointer du doigt les libanais et les tchadiens qui n’ont rien à voir avec la situation décriée. Cela traduit le malaise général qui règne dans le secteur de l’emploi au Cameroun. L’un des employés décrie sa misère dans laquelle baignent ces employés qui se sentent exploités ? Après tout les grévistes espères rentrer en possession des 50% de leurs salaires pour se consoler en attendant un suite heureuse.