Actualités of Tuesday, 19 March 2024

Source: Le Zenith

Cameroun : l’esprit de Martinez Zogo a encore frappé

Des têtes tombent Des têtes tombent

Le sort subi, lors de derniers mouvements dans les Forces armées, par l’ancien juge militaire, Florent Aimé Sikati Il Kamwo, le deuxième à être chargé du dossier incandescent du journaliste sur lequel le chef de l’Etat veille particulièrement, sonne comme un message fort envoyé à son remplaçant, le magistrat-colonel Pierrot Narcisse Nzie.

Une main lourde vient de s’abattre sur l’ancien juge d’instruction du Tribunal militaire de Yaoundé, Florent Aimé Sikati II Kamwo. En effet, aux termes du décret du 13 mars dernier, signé du président de la République, et portant nomination des responsables au ministère de la Défense, le lieutenant-colonel a été simplement muté comme chef du deuxième bureau de la troisième Région militaire interarmées à Garoua.

Grande déchéance comme essaye de l’expliquer le journaliste et lanceur d’alerte Paul Chouta dans l’une de ses récentes sorties, sur les réseaux sociaux. Selon ce Camerounais en exile en Allemagne, « le juge Sikati II Kamwo qui avait tenté de faire évader Amougou Belinga et Eko Eko de la prison a sévèrement été sanctionné (…) Non seulement ce juge d’instruction militaire a été viré de la magistrature militaire, mais aussi, le Lieutenant-colonel Sikati II Kamwo qui devait pourtant porter le grade de Colonel en janvier dernier sert désormais comme un simple officier d’état-major ». Et poursuit-il, « il a été reversé à son corps d’origine. En des termes simples, il passe de juge d’instruction à un simple chef de bureau. Pis encore, il a été envoyé en deuxième bureau à la troisième Région militaire interarmées au Nord, hors de Yaoundé. Peu importe le rang qu’il va occuper à Garoua, 3e Région militaire, il est non pas seulement sous les ordres de plusieurs personnes, il laisse carrément la magistrature pour le service général dont il est originaire.

C’est une sanction sévère qui frise l’humiliation. Cette punition intervient quelques semaines après qu’il a été cuisiné au conseil de discipline ». Pour les Camerounais, toutes proportions gardées, la sanction infligée à cet officier de l’armée vient rappeler à son successeur et troisième magistrat-militaire chargé de l’affaire Martinez Zogo, qu’il n’a pas droit à l’erreur.

Le juge d’instruction Pierrot Narcisse Nzie, a de ce fait du grain à moudre sur les décisions de la justice, dont les inculpations de 17 personnes concernées par l’assassinat du journaliste Martinez Zogo sont restées en travers de la gorge. « Après avoir réussi à obtenir l’émasculation des inculpations de ces deux maîtres à penser et architectes de la trame qui a débouché sur l’assassinat horrible du journaliste; agissant sous le manteau, ses protecteurs s’affairent désormais comme de beaux diables dans l’optique de pousser à une aberration judiciaire grave le juge d’instruction au tribunal militaire de Yaoundé, Pierrot Narcisse Nzie, qui à en croire certaines sources, serait lui-même dos au mur », indique une source sur les réseaux sociaux. Manœuvres maffieuses Toutefois, on est droit de se demander ce qui est fondamentalement reproché au lieutenant-colonel Florent Aimé Sikati II Kamwo.

En effet, en fin d’année 2023, l’on a vécu une effervescente particulière dans l’opinion suite à l’annonce de la libération, par la justice, de ceux qui étaient alors considérés comme les principaux suspects dans l’assassinat de Martinez Zogo, à savoir le commissaire divisionnaire Maxime Eko Eko et le Pdg du groupe l’Anecdote, Jean Pierre Amougou Belinga. Martinez Zogo, le journaliste sauvagement assassiné dont la dépouille avait été retrouvée en piteux état dans une banlieue de Yaoundé, au mois de janvier 2023. Une information sur la libération de ces présumés bourreaux distillée sur les réseaux sociaux qui avait fait l’effet d’une bombe dans l’opinion nationale le 1er décembre.

En fait, dans l’ordonnance de mise en liberté, qui eût été signée, selon certaines sources, par le juge d’instruction militaire Sikati Kamwo, l’on apprenait que la raison de leur libération est le témoignage de Justin Danwe, le patron du commando qui reconnaîtrait avoir séquestré et torturé à un extrême degré le journaliste.

« Entendu des lors de son interrogatoire au fond, Justin Danwe a disculpé Amougou Belinga Jean Pierre et déclaré que cet inculpé n’était en rien impliqué dans l’arrestation, la séquestration et la torture de Martinez Zogo, que même la bande visuelle versée au dossier au cours de l’enquête préliminaire et supposé l’incriminer comporte des incongruités qui en altèrent la véracité et partant la recevabilité, attendu que de tout ce que précède et rendu à ce stade de l’information judiciaire la détention de Léopold Maxime Eko Eko et de Jean Pierre Amougou Belinga n’est plus nécessaire pour la manifestation de la vérité », informe l’ordonnance de libération. Coup de théâtre, alors que ces deux figures respectives du monde des affaires et celui des renseignements commençaient à respirer à grands poumons l’air de la liberté, par le canal des (réseaux sociaux) que la plupart des Camerounais ont appris leur libération, un autre document, en circulation et signé du même juge d’instruction militaire Sikati Kamwo, avait battu en brèche tout ce qui était contenu dans l’ordonnance de leur libération.

A l’attention du commissaire du gouvernement près du Tribunal militaire de Yaoundé, le lieutenant-colonel écrit, avec en objet : circulation d’une ordonnance sur les réseaux sociaux, que « l’ordonnance de mise en liberté en circulation sur les réseaux sociaux depuis cet après-midi, concernant les nommés Eko Eko Léopard Maxime et Amougou Belinga Jean Pierre n’est pas authentique ». Toutes choses laissant table ouverte à toutes sortes d’interprétations et de discussions. Surtout que cette ordonnance était très claire dans sa suite : « Donnons d’office main levée des mandats de détention provisoire décernés à l’encontre des sieurs Eko Eko Léopold Maxime et Amougou Belinga Jean Pierre : Ordonnons en conséquence leur mise en liberté s’ils ne sont détenus pour autre cause ». Affaire à suivre.