Le tribunal a déclaré une jeune fille âgée de 19 ans coupable des faits d’assassinat par empoisonnement perpétrés contre sa copine. Elle avait nié les faits en reconnaissant avoir usé d’un somnifère pour endormir la victime avant de lui subtiliser son téléphone. Les juges n’ont pas cru en sa version des faits mais lui ont reconnu des circonstances atténuantes.
Jenny Ndebi Yousseu devra encore passer 24 ans à la prison centrale de Yaoundé où elle est incarcérée depuis janvier 2022. Le 6 octobre 2023, la jeune fille âgée de 19 ans a été reconnue coupable des faits d’assassinat pour lesquels elle était poursuivie devant le Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi. Le tribunal a rejeté la demande de requalification desdits faits en ceux d’homicide involontaire comme souhaité par son avocat. Mais les juges chargés d’examiner le dossier ont accordé à l’accusée des circonstances atténuantes en sa qualité de délinquante primaire avant de la condamner à 25 ans de prison ferme et au paiement de 37 mille de frais de procédure.
En fait, après la déclaration de la culpabilité de Jenny Ndebi Yousseu, le ministère public a indiqué que la jeune fille n’avait fait l’objet d’aucune procédure judiciaire par le passé. Donc, d’aucune condamnation. Il s’est remis à la sagesse du tribunal. Pour sa part, l’avocat de la défense a plaidé pour les circonstances atténuantes. Il a rappelé que sa cliente est restée constante dans ses déclarations dans toutes les phases du procès. Il a demandé aux juges de tenir compte du fait que l’accusée est un enfant. Qu’elle n’était pas consciente des conséquences de l’acte qu’elle avait posé. L’avocat a demandé au tribunal d’accorder à sa cliente une peine qui permette à cette dernière de se resocialiser.
Larmes aux yeux, Jenny Ndebi Yousseu a dit en guise de derniers mots, qu’elle regrette tout ce qui est arrivé, car elle ne pouvait pas imaginer que ses agissements allaient ôter la vie à sa copine. Malgré les complaintes de la défense, le tribunal a sévi en infligeant 25 ans de prison ferme à la jeune fille. Elle risquait une peine de prison ferme au regard de l’infraction d’assassinat retenue par les juges.
Dette de 20.000 francs
Comme déjà relaté dans une précédente édition de Kalara consacrée à cette affaire, la mise en cause était la voisine de la victime, Thérèse Ngo Mbock, au quartier Nkolbisson à Yaoundé. Se sentant majeure, cette dernière s’était installée au quartier Mvog Beti quelques mois plus tard. «C’était une fille qui ne se livrait pas aux excès, surtout pas à la consommation de la drogue. On se rendait régulièrement visite et notre dernière conservation remontait au 25 janvier 2022. A cette date, elle ne présentait aucun indice de maladie, mais à ma grande surprise, le 26 janvier 2022, les voisins de ma fille étaient venu m’informer que la santé de cette dernière était critique et qu’elle avait été interné à l’Hôpital central de Yaoundé», avait déclaré Anne Marie Ngo Djob, la mère de la victime, aux juges.
Elle avait ajouté avoir découvert en fouillant les effets de sa fille, le récépissé de la carte nationale d’identité (CNI) de Jenny Ndebi Yousseu et, plus tard, lorsque le téléphone de la défunte avait été retrouvé, la photo de profil était celle de la mise en cause. Elle avait également noté que c’est le nom de cette dernière qui avait été cité par Thérèse Ngo Mbock avant sa mort. Jenny Ndebi Yousseu avait en effet rendu visite à Thérèse Ngo Mbock le jour de sa mort. Elle avait déposé une substance dans la nourriture de la défunte et avait subtilisé son téléphone avant de s’en aller. Cette substance s’était révélée être un poison.
Pour sa défense, Jenny Ndebi Yousseu n’avait pas nié avoir introduit la substance en question dans la nourriture de sa copine mais elle avait rejeté les accusations selon lesquelles elle avait prémédité la mort de sa copine. Elle avait expliqué que son intention était d’endormir son « amie » avec un somnifère et de voler son téléphone. Elle disait avoir reçu la substance d’un certain Atangana Israël, son copain, qui n’a jamais été rattrapé par l’enquête.
«Israël m’avait remis une poudre blanche dans un emballage plastique en me donnant l’assurance que c’était un somnifère. Il m’avait demandé de mettre tout le contenu dans la nourriture que cette dernière devait consommer dans le but de l’endormir», avait-t-elle confié Mme Ndebi Yousseu aux juges. Cette dernière souligne également que la raison cachée de cette affaire était la dette de 20 mille francs qu’elle réclamait en vain à la défunte. Face au refus de son amie de rembourser son argent, la jeune fille s’était alors confiée à Israël qui lui avait proposé l’astuce du somnifère permettant de voler le téléphone et de le vendre. C’est une version des faits qui n’a pas convaincu les juges.