Au Cameroun, une onde de choc traverse la société suite à la libération inattendue d'Hervé Parfait Mbapou, un homme d'affaires au cœur d'un scandale qui menaçait d'ébranler les plus hautes sphères du pouvoir. Arrêté le 30 août 2024 et incarcéré à la prison de Kondengui à Yaoundé, Mbapou a recouvré la liberté le 20 septembre, après seulement trois semaines de détention, suscitant une vague d'indignation et de questionnements, souligne Jeune Afrique dans un article posté sur son site internet.
L'affaire Mbapou avait captivé l'attention nationale dès son éclatement. Cet homme d'affaires, bien connu des cercles du pouvoir camerounais, était soupçonné d'être le cerveau d'un vaste réseau d'escroquerie dont les ramifications s'étendaient jusqu'à l'entourage immédiat du président Paul Biya. Son arrestation à son domicile du quartier huppé de Bastos à Yaoundé laissait présager une enquête approfondie sur les coulisses du pouvoir camerounais.
L'enquête, confiée au tribunal militaire de Yaoundé, semblait prometteuse. Sept autres personnes, présentées comme les complices de Mbapou, avaient également été appréhendées. Les charges étaient lourdes : usurpation de titres, atteinte à la sûreté de l'État, et escroquerie en bande organisée. Tous avaient été placés sous mandat de dépôt à Kondengui, laissant penser que la justice suivait son cours.
Cependant, la libération soudaine de Mbapou et de ses présumés complices le 20 septembre a jeté un froid sur l'affaire. Aucune explication officielle n'a été fournie quant à ces libérations, laissant place à de nombreuses spéculations. Le mystère s'épaissit davantage concernant la suite de l'enquête du tribunal militaire. La question cruciale demeure : l'instruction se poursuit-elle malgré la liberté retrouvée des principaux suspects ?
L'origine de l'affaire remonte à une plainte déposée par le contre-amiral Joseph Fouda, conseiller spécial du président Biya. Fouda accusait Mbapou d'avoir usurpé son identité pour extorquer près de 170 millions de francs CFA à Jean Gakam, un haut responsable du groupe Afriland First Bank. Mbapou aurait promis à Gakam de faire disparaître une fausse note compromettante des renseignements, en prétendant user de son influence auprès de Fouda.
L'affaire a pris une tournure encore plus sensationnelle avec l'implication présumée de Judith Marionne Nyandjock, une proche de la première dame Chantal Biya. Interpellée mi-septembre pour suspicion de participation à ce trafic d'influence à la présidence, Nyandjock a été relâchée une semaine plus tard, ajoutant une couche supplémentaire de mystère à l'affaire.
La libération de Mbapou soulève de nombreuses questions sur l'indépendance de la justice camerounaise et sur l'influence des réseaux de pouvoir dans le pays. De nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer ce qui apparaît comme l'enterrement d'une affaire potentiellement explosive pour le régime en place.
Cette tournure des événements alimente les soupçons d'une possible intervention des plus hautes autorités pour étouffer l'affaire. Les critiques pointent du doigt un système judiciaire qui semble plier sous la pression politique, compromettant ainsi la lutte contre la corruption et l'impunité au Cameroun.
Alors que l'affaire Mbapou semblait promettre une plongée sans précédent dans les arcanes du pouvoir camerounais, sa conclusion abrupte laisse un goût amer. Pour de nombreux observateurs, cette libération précipitée représente une occasion manquée de faire la lumière sur les pratiques opaques au sommet de l'État.
L'indignation générale qui suit cette libération témoigne d'une frustration croissante de la population face à ce qui est perçu comme une justice à deux vitesses. Elle soulève également des interrogations sur la volonté réelle du pouvoir de lutter contre la corruption systémique qui gangrène les institutions camerounaises.