Jeune Afrique revient sur une controverse qui agite le Cameroun : la déclaration polémique d’Abel Elimbi Lobè, un homme politique et chroniqueur, qualifiant Ernest Ouandié de « bandit ». Figure emblématique de la lutte pour l’indépendance au sein de l’Union des populations du Cameroun (UPC), Ouandié, fusillé en 1971, avait été réhabilité en 1991 et élevé au rang de héros national. Cette attaque verbale a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, où de nombreux Camerounais défendent la mémoire du nationaliste.
Abel Elimbi Lobè a justifié ses propos en rappelant qu’Ernest Ouandié avait été condamné pour atteinte à la sûreté de l’État et accusé d’avoir versé le sang de ses compatriotes lors de la guerre civile des années 1960. Cependant, comme le souligne Jeune Afrique, ses détracteurs lui reprochent d’ignorer la loi de 1991 qui a réhabilité Ouandié et d’autres figures historiques, reconnaissant leur rôle dans la lutte pour l’indépendance et la construction nationale.
Cette polémique intervient dans un contexte où les Camerounais revisitent leur histoire, notamment après la publication du rapport de la Commission mixte franco-camerounaise sur le rôle de la France pendant la décolonisation. Pour beaucoup, les propos d’Elimbi Lobè constituent une « désacralisation » inacceptable d’un héros national, voire une « profanation » de la mémoire collective.
Face à cette controverse, d’autres figures politiques ont préféré adopter un ton plus mesuré. Le ministre délégué auprès du ministre de la Justice, qui avait lui-même qualifié Ouandié de « chef bandit » en 2020, a récemment présenté ses excuses, s’alignant sur les déclarations du président Paul Biya. Ce dernier a réaffirmé l’importance d’honorer ceux qui ont lutté pour l’indépendance et la réunification du Cameroun, rappelant que leur héritage doit être préservé sans parti pris. Comme le conclut Jeune Afrique, cette polémique illustre les tensions persistantes autour de l’interprétation de l’histoire camerounaise et la sensibilité des débats sur les figures nationales.