Politique of Tuesday, 4 February 2025

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : la machine électorale du RDPC en panne à l'approche de la présidentielle

Paul Biya en train de voter Paul Biya en train de voter

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir, traverse une crise institutionnelle majeure à l'approche de l'échéance présidentielle d'octobre 2025. Une enquête de Jeune Afrique révèle l'ampleur de la désorganisation qui frappe l'appareil partisan de Paul Biya.

"Le vertige de l'incertitude est d'autant plus violent que le parti ne sait rien des intentions réelles du président", écrit le magazine panafricain, détaillant une situation statutaire pour le moins problématique. Le dernier congrès du parti remonte à 2011, alors que les statuts prévoient un renouvellement du mandat présidentiel tous les cinq ans. "Depuis 2016, l'assise ne s'étant pas tenue, le mandat du président du parti n'a donc pas été renouvelé", souligne Jeune Afrique.

Le bureau politique, organe crucial du RDPC, se trouve particulièrement affaibli. "Le 3 janvier, Emmanuel Bonde a été le huitième membre de ce Saint des saints à passer de vie à trépas", rapporte le magazine, citant également les décès de "Mohamadou Abbo Ousmanou, John Ebong Ngolle, Rose Zang Nguele, le sultan Ibrahim Mbombo Njoya, Jean Bernard Ndongo Essomba, Janvier Mongui Sossomba et Delphine Medjo".

Dans ce contexte trouble, les cadres du parti adoptent une prudence inhabituelle. Si les ministres Henri Eyebe Ayissi et Malachie Manaouda se sont "imprudemment empressés d'appeler à la candidature de Paul Biya", la majorité des apparatchiks préfère attendre. Même Grégoire Owona, secrétaire général adjoint du comité central, cité par Jeune Afrique, laisse planer le doute : "Nous attendons la fin du mandat. À la fin de son mandat, le président Paul Biya l'a dit, il se prononcera sur sa candidature ou sa non-candidature."

Cette paralysie institutionnelle interroge d'autant plus que le bureau politique, selon les statuts du parti, détient "la compétence de convoquer le congrès, notamment en cas d'incapacité de son président, après une délibération des deux tiers de ses vingt-trois membres". Or, comme le note ironiquement Jeune Afrique, "si cela advenait, l'organe serait bien en peine de se réunir" compte tenu du nombre de décès dans ses rangs.

"Seuls les lanceuses de cauris de Maroua et le sorcier aux crabes de Rhumsiki pourraient satisfaire la quête d'information d'un Cameroun en proie au doute", conclut le magazine, illustrant l'opacité qui entoure l'avenir politique du pays à quelques mois d'une échéance cruciale.