La rentrée parlementaire de mercredi 5 mars 2024 a donné l’opportunité à la doyenne d’âge, Laurentine Koa Mfegue, veuve Mbede, de laminer l’équipe dirigée par le premier ministre Joseph Dion Ngute dans son discours d’ouverture.
Sale temps pour le Premier ministre et tout son gouvernement sur les bancs de l’hémicycle au Palais des congrès de Yaoundé. Un cauchemar sans fin, un vibrant réquisitoire contre les errements des protégés du régime de Paul Biya. Celle qui est au perchoir avec le bureau d’âge n’a pas sa langue dans la poche et son estocade a fait mouche dans le rang ministériel. « Pendant ce temps, nos villes se mouraient et se meurent encore, étouffées par des montagnes d’immondices ; les routes des mêmes villes et de l’arrière-pays, se sont transformées en de véritables tombeaux ; la corruption a continué de gangrener le service public. Les coupures intempestives d’électricité, une catastrophe énergétique. Les maladies hydriques ont gagné du terrain faute d’une eau potable en quantité suffisante. La majorité de nos Centres de Santé continuent d’être malades, malades de l’insuffisance du personnel, des médicaments et de la médiocre qualité des plateaux techniques » a assené celle qui a la lourde responsabilité de présider au vote de la nouvelle équipe qui va diriger la Chambre.
Au regard des problèmes soulevés, il s’agit d’une kyrielle de ministères indexés. L’Habitat et le développement urbain, les Travaux publics, la Fonction publique et de la réforme administrative, l’Eau et énergie, la Santé publique sont au cœur des préoccupations de Laurentine Koa Mfegue.
L’Éducation nationale dans l’ensemble n’était pas en reste, bien en ligne de mire. Ainsi, les enseignants du secondaire sont la toile de fond de ses dénonciations face à Joseph Dion Ngute et ses ministres. « Que dire de l’enseignement ? Le secondaire par exemple ressemble à un bateau à la dérive. Les seigneurs de la craie, loin des salles de classe, battent plus le pavé, proclamant une kyrielle de revendications qui, malheureusement, restent sans solutions pour la plupart, malgré les fermes instructions de la Très Haute hiérarchie. La violence et la drogue ont élu domicile dans les campus scolaires », a-t-elle déclaré, touchant du doigt le malaise social majeur ces deux dernières années.
La métaphore est forte et trahit tout l’inquiétude de la femme politique qui milite au sein du parti au pouvoir, le RDPC. « Le secondaire par exemple ressemble à un bateau à la dérive », une figure qui en dit long sur la perception des plus catastrophiques des enseignements secondaires par l’Assemblée nationale. Personne n’oublie le meurtre des enseignants par les élèves, une image du Far-West qui terrorise la représentation nationale. L’école se meurt donc dans nos lycées et collèges, cette école qui a connu ses heures de gloire sous le magistère du Dr Adamou Ndam Njoya.
Conditions de vie difficiles. Elle ne s’est pas arrêtée d’ailleurs en si bon chemin. Elle poursuit son œuvre chirurgicale et salvatrice à l’Enseignement supérieur. « Quant aux campus universitaires, la rigueur au travail et la discipline laissent à désirer. Le laxisme dans bien des cas, y a définitivement fait son lit », note la parlementaire en étalant au grand jour les causes de la médiocrité de notre université. Pas surprenant que le Cameroun soit absent depuis des lustres des pays hébergeant les meilleures universités du continent avec 11 universités d’État et une multiplicité des universités relevant du privé. À partir de là, elle a soulevé subséquemment la fuite la fuite des cerveaux et principalement les jeunes.
« À leurs risques et périls, beaucoup de nos jeunes quittent le pays afin d’aller chercher fortune ailleurs, notamment en occident et dans d’autres destinations très prisées en ce moment », évoque-t-elle pour indiquer les conditions de vie difficiles au Cameroun. Elle va plus loin en soulignant que les gouvernants sont impuissants face à ce phénomène qui oblitère à tout point de vue l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035. Pour finir, elle a tout de même reconnu les efforts du gouvernement, particulièrement les opérations coups de poing du Ministère chargé du Commerce dans le but de contenir l’inflation, de lutter contre la vie chère et les pénuries. Pour autant, elle tempère en précisant que le panier de la ménagère a continué de « subir des délestages ».
Elle a terminé son réquisitoire en s’excusant de ne pas faire l’étalage de manière exhaustive.