Une nouvelle liste d’enseignants introuvables a été publiée, en prévision de sanctions administratives, alors que les plaintes de certains qui sont en poste se multiplient.
Dans un communiqué signé le 29 février 2024, le ministre des Enseignements secondaires, Pauline Nalova Lyonga, invite 2128 fonctionnaires à se présenter à la direction des ressources humaines de son département ministériel dans les deux semaines qui suivent, pour clarifier leur situation administrative. Ils devront, pour ce faire, se munir de leur « fiche de cartographie des postes de travail » signée de leurs supérieurs hiérarchiques, d’un certificat de présence effective récent et de toute autre pièce justificative de leur position actuelle.
En lisant entre les lignes, l’on peut constater que la crise qui sévit dans les régions anglophones depuis huit ans a sérieusement impacté la présence des enseignants à leurs postes. Les lycées techniques semblent plus touchés que ceux de l’enseignement général. Ainsi, le seul lycée technique de Mbengwi compte 17 enseignants introuvables (déserteurs ?) dans la liste, celui de Kumbo 25, 24 au lycée technique de JikejemOku. Dans l’enseignement général, le lycée de Tolon et celui d’Elak-Oku, dans le Bui cherchent 15 et 12 enseignants.
Dans le Nord-Ouest et le SudOuest, la plupart des agents financiers nommés à titre intérimaire le même jour remplacent pour la plupart des déserteurs car les postes sont déclarés vacants. Chez les francophones, la distance peut apparaître comme un facteur explicatif du phénomène. Dans la petite ville frontalière de Touboro, dans le Mayo-Rey, le Minesec est sans nouvelle de 77 enseignants, soit 23 au lycée d’enseignement général, 17 au lycée bilingue et 37 au lycée technique. Dans le même département, le lycée bilingue de Tchollire affiche 13, le lycée technique 39, le lycée de MbaïMboum 13, le lycée de ReyBouba 13. Plus loin, à Kousseri, le lycée bilingue cherche 14 de ses enseignants, celui de Tchatibali 13, le lycée technique de Maroua 14.
L’on est cependant surpris par le record détenu par le lycée Bilingue de Bobongo Petit Paris, un établissement de la ville de Douala. 45 enseignants sont concernés, tout comme 24 au Lycée Bilingue de Deido, des établissements plutôt très côtés aux yeux des enseignants. Dans la capitale, Yaoundé, le lycée technique de Nsam ne trouve pas 14 enseignants, le lycée Leclerc 16, le lycée d’Elig Essono 20, le lycée Bilingue de Yaoundé (Essos) 20. Dans la périphérie, le lycée Technique de Mbankomo est sans nouvelle de 17 enseignants. Surprises Si les enseignants s’accordent sur le fait que la plupart d’entre eux ont émigré et qu’il faut les suspendre de solde, à défaut de les radier de la Fonction publique, il y a de nombreuses réserves dans le même temps. Une autre liste du 9 novembre 2023 avait suscité les mêmes réactions. Entretemps, un collectif d’associations a saisi le chef de l’Etat pour se plaindre. En effet, déplorent les syndicalistes, de nombreux enseignants en poste ont perdu leur rémunération dans ce processus, jugé très perfectible.
D’une voix unanime, les dirigeants du Snaef, du Snaes, du Seca, du Synipac, du Snuipen, du Cattu, du Tac, du Synaepcam, du Peattu, du Synetraf, du Snieb, du Syntespric, de l’Oneeps… ont condamné « les sanctions multiples infligées à de nombreux enseignants, le manque d’engagement en faveur d’un dialogue constructif avec les syndicats pour résoudre leurs revendications légitimes ». Le Corec « constate une multiplication d’abus administratifs de toutes sortes sur le terrain, notamment la suspension de nombreux enseignants en marge de toute règlementation ». Ils regrettent surtout l’absence d’empressement du ministère des Finances pour corriger la situation, lorsque ces derniers présentent des « récépissés de justification de présence ».